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Un sermon au pouvoir en hommage au combat du Cardinal Monsengwo : Ambongo cogne sur les affameurs du peuple !

«On ne peut rendre hommage à la mémoire du Cardinal Laurent Monsengwo si on laisse la population croupir dans la misère alors que les gouvernants vivent dans l’opulence et l’impunité», a asséné l’archevêque de Kinshasa… La foule a, elle, approuvé. Elle a compris qui sont visés: les politiques, les mêmes et, plus particulièrement le pouvoir…

Dix jours après son harangue contre la Congolité à Lubumbashi, à la faveur de la prise de possession canonique de Mgr Fulgence Muteba, le Cardinal a encore fait feu. Mardi 20 juillet, à Kinshasa cette fois-ci, devant une nuée de caméras, en présence des Présidents Félix Tshisekedi et Dénis Sassou Nguesso, en hommage à son prédécesseur, Laurent Monsengwo Pasinya décédé le 11 juillet à Paris et dont le corps rapatrié sans vie était exposé à l’esplanade du Palais du peuple, où il fut ordonné 41 ans plus tôt évêque des mains de sa Sainteté le Pape Jean-Paul II et où il a été décoré à titre posthume de la médaille de grand cordon de l’ordre national Kabila-Lumumba, Fridolin Ambongo a râlé.

La foule a pris du plaisir quand l’évêque, tel un boxeur, s’est mis à cogner, en honneur au combat du Prince décédé, sur l’injustice, la souffrance des peuples. «La meilleure façon d’honorer la mémoire de ce personnage qu’est Laurent, c’est de s’engager résolument pour que les richesses immenses dont Dieu a doté notre pays servent réellement au bien de nos populations et non à un petit groupe de privilégiés. On ne peut rendre hommage à la mémoire du Cardinal Laurent Monsengwo si on laisse la population croupir dans la misère alors que les gouvernants vivent dans l’opulence et l’impunité», a-t-il asséné.

Puis de soutenir: «Honorer la mémoire du Cardinal Monsengwo, c’est aussi devenir artisans de la paix, de justice, de l’instauration de l’état de droit pour que le vivre ensemble dans la paix et la réconciliation nationale soit possible en Afrique et au Congo». La foule a approuvé. Elle a compris qui sont visés: les affameurs du peuple, les politiques, les mêmes. Une telle description est lue comme un sermon à l’égard de la classe dirigeante, surtout celle aux affaires.

Très critique, l’intervention rappelle le discours offensif du pasteur protestant François-David Ekofo un certain 16 janvier 2018 devant les dirigeants kabilistes, lors d’une cérémonie organisée à la Cathédrale du Centenaire de l’Eglise du Christ au Congo dans le cadre de l’anniversaire de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, vitupérant à l’époque contre l’état des infrastructures routières, le trop faible niveau de sécurité alimentaire et l’incapacité du pays à faire profiter ses populations de ses richesses. Personne ne lui en voudra au Calotin d’avoir indexé les dirigeants: il est dans ses fonctions.

Les propos, prononcés lors de cette messe concélébrée avec les Cardinaux Philippe Ouédraogo de Ouagadougou, Dieudonné Nzapalainga de Bangui, Antoine Kambanda de Kigali et John Onaiyekan de Lagos, sont immédiatement repris en boucle dans les médias et abondamment commentés dans les réseaux sociaux.

Le Roi est mort, vive le roi! C’était la phrase traditionnelle proclamée lors de l’avènement d’un monarque en France, apparue pour la première fois aux funérailles de Charles VIII en 1498. Le Cardinal Monsengwo est mort, vive le Cardinal Ambongo! Le premier parait s’être réincarné tant le second, tout aussi passionnément dévoué au pays commun, au bien commun, la République Démocratique du Congo, est prêt à poursuivre sa lutte.

Un symbole pour la Nation

De Laurent Monsengwo, Fridolin Ambongo a hérité les rênes d’une Eglise décomplexée et le franc-parler d’un homme émancipé. «Tout un symbole pour la Nation», c’est ce que l’on pouvait lire sur les deux grandes affiches déployées devant l’imposant bâtiment du Palais du peuple. Le pays entier et la communauté catholique reconnaissent en la personne de cet érudit qui avait présidé, sous le Maréchal Mobutu, la Conférence nationale souveraine et le Haut Conseil de la République-Parlement de transition, «un symbole de la Nation», «le ciment de l’unité de la société».

La présence d’une foule nombreuse et de toute la classe politique à cette cérémonie nationale en disent long. Au Palais du peuple, les hommages à Monsengwo se sont poursuivis jusqu’à 17 heures. L’inhumation de sa dépouille a lieu ce mercredi après une messe et des absoutes à la Cathédrale Notre-Dame du Congo, où il reposera aux côtés de deux autres Cardinaux guerriers, ses prédécesseurs Joseph Malula et Frédéric Etsou, qui avaient, chacun à son époque, mis mal à l’aise le Pouvoir.

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