EtrangerPolitique

Ancien Président tanzanien, Benjamin Mkapa désigné médiateur au Burundi

Cet éminent patriarche du continent aura la lourde mission de mettre autour d’une table le camp du Président Nkurunziza et de l’Opposition burundaise dans un dialogue inclusif comme l’avait annoncé Ban Ki-moon lors de son passage au Burundi en février dernier
Les choses vont très vite au Burundi en vue de préserver la paix et la stabilité. Il y a exactement dix jours passés, le Président burundais Pierre Nkurunziza s’est engagé à ouvrir un «dialogue inclusif» avec l’Opposition. L’annonce de cet engament avait été faite, mardi 23 février à Bujumbura, par le Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon à l’issue de leur rencontre. Cela rentre dans une série de mesures prises ces derniers jours par le gouvernement burundais notamment la levée de mandats d’arrêts internationaux contre les auteurs du putsch manqué, l’autorisation de réémettre pour deux radios. Pour le Secrétaire général de l’ONU, les mesures annoncées par Nkurunziza sont considérées comme des gestes de «bonne volonté». Le mardi 2 mars à Arusha, le Sommet des Chefs d’Etat d’Afrique de l’Est a reconduit la présidence tournante de la Tanzanie pour un an. Et le nouveau Président tanzanien John Magufuli a recouru à l’un de ses prédécesseurs, l’ancien Président Benjamin Mkapa pour conduire une nouvelle médiation dans la crise politique sévissant au Burundi.
Lors du passage de Ban Ki-moon au Burundi il y a dix jours, l’Opposition et le parti au pouvoir avaient promis de s’engager dans un dialogue inclusif. Le Président Nkurunziza avait également confirmé qu’il allait s’engager dans un dialogue politique tout en annonçant que «les responsables politiques burundais doivent être prêts à rassembler le courage et la confiance qui aboutiront à un processus politique crédible». Pour rendre cet engagement opérationnel, le Sommet des Chefs d’Etats d’Afrique de l’Est s’est penché sur la question le mardi 2 mars à Arusha. Reconduit à la présidence de cette structure pour un an, le nouveau Président tanzanien John Magufuli s’est résolu de faire appel à l’un de ses prédécesseurs, l’ancien Président Benjamin Mkapa, pour conduire une nouvelle médiation dans la crise politique qui déchire le Burundi. En sa qualité d’ancien Chef d’Etat, ce nouveau médiateur connait très bien les acteurs et leaders burundais. Avec sa casquette de démocrate, Mkapa incarne une autorité reconnue par tous, doublée du respect non seulement dans son pays mais également à travers le continent africain. 77 ans révolus aujourd’hui, Benjamin Mkapa est considéré comme l’homme de situation difficile pour avoir réussi la transition de son pays -la Tanzanie- vers l’économie de marché. En fin diplomate, il a été nommé deux fois ministres des Affaires étrangères, avant d’être élu Président de la République. Il est habitué à la crise burundaise pour avoir été associé comme médiateur aux côtés de feu Président sud-africain Nelson Mandela. Il a beaucoup contribué à l’élaboration de l’Accord d’Arusha signé en août 2000 par les acteurs de la crise au Burundi ainsi que les témoins.
La Tanzanie montre l’exemple de la démocratie sur le continent. En son temps, Benjamin Mkapa, qui ne pouvait pas se représenter après deux mandats à la tête du pays, avait été remplacé démocratiquement par Jakaya Kikwete, alors ministre des Affaires étrangères du parti au pouvoir. Ce dernier a fait son temps et a également passé le pouvoir démocratiquement à John Magufuli, qui, à son tour, fait appel à Mkapa pour aider le Burundi à sortir de la crise. Le Burundi connait une profonde crise politique depuis la candidature fin avril 2015 du Président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat et sa réélection en juillet. En février dernier, la RD-Congo et le Burundi avaient invité l’ONU à rappeler le Rwanda à l’ordre car, ces deux pays accusent leur voisin de recrutement des réfugiés burundais pour renverser le président Nkurunziza.
 
Octave MUKENDI

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page