«Généralement, le journaliste œuvrant en RD-Congo, éprouve d’énormes difficultés de survie personnelle, et pour répondre aux besoins primaires de sa famille. Cette situation est due essentiellement au faible revenu des entreprises de presse qui l’emploient, à cause du faible investissement public-privé dans ce domaine», souligne-t-il
Le 3 mai de chaque année, le monde entier célèbre la Journée internationale de la presse. A cette date, les organisations professionnelles et les institutions publiques y relatives se penchent souvent sur la manière dont le journaliste évolue à travers le monde où souvent, dans plusieurs pays, il est victime de brutalité de la part des dirigeants notamment arrestations arbitraires, séquestrations, tortures, exécutions sommaires, etc. Les statistiques enregistrées dans les pays en guerre en font foi. Concernant la RD-Congo, la liberté de la presse est garantie par la Constitution. Depuis le vent de la pérestroïka et plus précisément l’annonce de l’ouverture démocratique annoncée par le maréchal Mobutu, le 24 avril 1990, la RD-Congo a connu un foisonnement tant de la presse écrite qu’audiovisuelle. Journaliste de son état à la Radiotélévision nationale congolaise -RTNC- où il a assumé de hautes fonctions, Pierre Célestin Kabala Muana Mbuyi, se confiant à «AfricaNews», estime que les conditions sociales du journaliste RD-congolais sont précaires. Il en dévoile ici les causes et précise que Paul-Donat Mikombe Wakashimpolo a tout révélé dans son ouvrage intitulé «Le journaliste, la main tendue».
Le journalisme est un métier noble. La presse dénonce les abus de pouvoir et les scandales des sociétés. Elle informe, éduque et divertit. Elle contribue à l’avènement d’un Etat de droit mais aussi au statu quo, à savoir au maintien de pouvoirs en place, dictatorial soit-il. La liberté de la presse est un combat de chaque jour, car les populations doivent être informées. L’accès à l’information est un droit garanti par les lois nationales et les instruments internationaux. Cependant, en RD-Congo, le métier du journaliste est infiltré par ce que l’on appelle les «moutons noirs». «Ces tembe tembe» qui foulent aux pieds les règles d’éthique et de déontologie professionnelle car étant préoccupé par leur ventre. Pierre Célestin Kabala Muana Mbuyi estime qu’il faut renforcer la loi en la matière et revoir les anciennes lois pour les adapter à la vie numérique et à la mondialisation-modernité. En marge de la célébration de la Journée internationale de la presse, Kabala dit ses inquiétudes sur les conditions de vie des journalistes RD-congolais. Sans aller par le dos de la cuillère, il peint un tableau sombre et appelle à une solution immédiate. «Généralement, le journaliste œuvrant en RD-Congo, éprouve d’énormes difficultés de survie personnelle et ne parvient pas à répondre favorablement aux besoins primaires de sa famille», dit-il. Ce journaliste chevronné qui a fait la pluie et le beau temps scrute les causes de cette précarité. «Cette situation est due essentiellement au faible revenu des entreprises de presse qui emploient le journaliste, à cause du faible investissement public-privé dans ce domaine; faible investissement du à la faiblesse des capitaux destinés à ce secteur de la vie, faibles capitaux justifiés par de faibles revenus générés par ces entreprises. Conséquence, le métier ne pouvant pas nourrir son homme, ce dernier tombe dans le cercle vicieux de la pauvreté», constate-t-il.
Aucune assistance sociale
Selon lui, comme un ventre affamé n’a point d’oreille, celui du journaliste qui travaille dans la misère ne peut non plus en avoir, surtout qu’il est appelé à combattre pour la conquête de la liberté de la presse et le respect de la sacro-sainte clause de conscience. «En RD-Congo comme dans beaucoup de pays d’Afrique, fait-il remarquer, le journaliste reste voué à la dévotion des pouvoirs d’argent souvent peu véreux, et uniquement soucieux de leur positionnement socio-politique». Son constat est amer: «Particulièrement, le journaliste des sports et de la politique est gravement exposé à cette réalité, tant il œuvre dans un milieu qui regorge des dirigeants sportifs et politiciens en mal de gloriole, qui voient des victoires partout, même là où ils n’ont fourni aucun effort pour ce faire. En effet, partisans de la politique de résultats immédiats, ces dirigeants qui se font passer pour des faiseurs de miracles et s’appuient souvent sur des charlatans et considèrent les journalistes comme leur porte-voix ou plume, de qu’ils exigent de dire qu’il fait jour pendant qu’il fait nuit». Il ne s’arrête pas là, il note qu’au plan social, le journaliste ne bénéficie d’aucune assistance sociale dans sa vie professionnelle. «Dépourvu d’assurance maladie et de couverture médicale, il est en majorité considéré, faute d’une politique nationale d’habitat social, comme un SDF, c’est-à-dire sans domicile fixe. S’il en a un, il est souvent balloté par le bailleur qui, au gré de l’inflation économique hausse intempestivement le loyer jusqu’à de niveaux hors portée de son maigre revenu», explique-t-il.
Kabala salue néanmoins le courage de journaliste attitré. «En dépit de la précarité de ses conditions de vie, le chevalier de la plume et du micro mène une vie professionnelle souvent héroïque. A quelques exceptions faites, son employeur le soumet à un régime sans frontière. Il est l’homme à tout faire dans sa maison de presse. Journaliste de son état, il est parfois obligé de faire du marketing, tantôt comme agent publicitaire réalisateur des publireportages et parfois comme chargé de recouvrement des recettes etc.», réjouit-il. Curieusement, note Kabala, à son décès, les obsèques du journaliste sont souvent l’objet des gestes ostentatoires. «C’est l’occasion offerte aux bienfaiteurs ultimes, aux officiels et aux dirigeants des entreprises de presse, ainsi qu’à ses confrères de rivaliser de compassion et de gestes de solidarité -sic-, à travers des messages de condoléances pompeux, faits d’éloges posthumes à nuls autres pareils», fustige-t-il. En sa qualité de secrétaire général trésorier de l’Union des journalistes sportifs africains -UJSA- et président national de l’Association des journalistes sportifs congolais -AJSC-, il souligne que les réalités vivantes évoquées ci-haut ont interpelé sa conscience au même titre que celle des âmes éprises de sens humanitaire.
Création d’un centre agricole pour la presse
L’AJSC et lui ont initié deux projets sociaux. Primo, l’AJSC a conçu et créé au profit de ses membres, un Centre agricole pilote de la presse sportive congolaise
-CAPSCO-, dans le cadre de son ambitieux Projet de développement intégré dénommé «Actions salutous» de l’AJSC. Le Centre agricole pilote de l’AJSC consiste à l’attribution des parcelles agricoles aux journalistes sportifs souscripteurs au présent projet, à l’effet d’y entreprendre individuellement ou en petit groupe d’associés, des activités agricoles encadrées.
Secundo, il a initié le projet Salutous Habitat, un toit pour tous. Ici, Kabala Muana Mbuyi a réalisé, au nom du principe de Solidarité et Partage, le morcellement sous le couvert de l’AJSC, d’une concession lui appartenant située à Kikimi I, dans la commune de N’Sele, pour l’aménagement de plus ou moins 100 parcelles résidentielles au profit des journalistes sportifs souscripteurs. Ce lotissement social est érigé sous l’appellation de: «Sporting medias city» de l’AJSC ou la «Cité de la presse sportive congolaise» -CPSCO/AJSC.
Octave MUKENDI

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