L’intersyndicale de la Société commerciale des ports et des transports -SCPT- a suspendu la grève initiée depuis le vendredi 6 novembre, suite à l’absence des syndicalistes dans le processus de la reforme de cette société étatique. Mercredi 11 novembre à la Primature, les membres intersyndicaux de la SCPT et les responsables du Comité de pilotage pour la reforme des entreprises publiques -COPIREP- ont signé un protocole d’accord. Les deux parties se sont accordées pour la poursuite du dialogue social au sein de l’entreprise, l’implication de toutes les parties prenantes à la reforme de l’entreprise et pour un chronogramme des discussions sur le contenu de la réforme.
Les agents de la SCPT sont en voie d’obtenir gain de cause dans les revendications formulées en rapport avec le processus de réforme de leur entreprise. Les différentes tractations entreprises entre l’intersyndicale de l’ex-ONATRA et le COPIREP avaient jusque-là accouché d’une souris. Mercredi 11 novembre à la Primature, un protocole d’accord a été enfin signé entre les deux parties. Cet accord est une réponse aux craintes des travailleurs, qui ont toujours pensé que les droits des travailleurs seront bafoués si le syndicat n’est pas impliqué dans le processus de réforme. Les grévistes ont vidé le lieu de revendication lorsque l’intersyndicale a apporté ce message de soulagement.
Ce protocole stipule que les syndicats seront désormais impliqués dans tout le processus de la reforme qui devra également tenir compte des préalables soulevés par le banc syndical pour que la procédure ne soit pas biaisée. Il exige également la poursuite des négociations avec le banc syndical et la reprise normale du travail. Lambert Osango, président intersyndical, a communiqué par téléphone le message à tous les affiliés des provinces pour une reprise effective du travail. Mais, ce document ne détermine pas clairement si l’appel d’offre lancé par le gouvernement, le 7 octobre, pour la privatisation des ports de Boma, de Matadi, de Kinshasa et du chemin de fer Matadi-Kinshasa, était reconsidéré.
Une erreur évitable
Il est également prévu l’établissement d’un chronogramme en vue d’évaluer ce processus de reforme initié par le gouvernement. «L’objet de notre revendication a été clairement attendue. Nous avons pratiquement recadré les choses et nous nous sommes convenus de l’intégration de toutes les parties prenantes dans la reforme, la mise sur pied d’un chronogramme pour cette reforme, la poursuite du dialogue et aussi la reprise normale du travail», a-t-il fait savoir et d’ajouter :
«nous attendons maintenant l’étape suivante dont l’invitation pour que nous puissions autour d’une table parler du contenu de cette reforme et de sa poursuite, tel qu’il est dicté dans la loi avec tous les préalables énoncés par le législateur. Il s’agit du redressement de la société, les inventaires exhaustifs, la prise en compte du droit en compte de travailleurs et d’autres problèmes tels que l’autorité portuaires pour bien réglementer les trafics maritimes. Lancé des reformes sans impliquer les parties prenantes est une bourde grave. Voilà que cette erreur est à la base des mouvements de contestation que les réformateurs pouvaient bien éviter», explique un expert en Responsabilité de l’entreprise qui se plaint que les agents, un des premiers acteurs de la reforme, ne soient pas informés des contenus de cette reforme majeure.
De son côté, Kimbembe Mazunga, DG de la SCTP a souligné que les agents revendicateurs ont peur de cette reforme. Du changement ! «Nous avons un passif important et la moyenne d’âge est de 58 ans. Les agents avaient peur parce que la plupart d’entre eux ont l’âge de la retraite», a-t-il expliqué. Les cadres et agents de la SCTP ont remercié le gouvernement et les autorités de la SCTP pour leur implication dans la recherche d’une issue heureuse. Lors de leur Assemblée générale au mois d’octobre 2015 à Kinshasa, les agents de cette société avaient dit Oui à la reforme et Non au démembrement de la SCPT, tel que l’envisage le gouvernement qui avait dans la foulée lancé un appel d’offre, le 7 octobre 2015, pour la privatisation des ports de Boma, de Matadi, de Kinshasa et du chemin de fer Matadi-Kinshasa.
Mymye MANDA et Audrey BOZENE
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