Comment la ministre du Portefeuille et son collègue des Hydrocarbures sont restés debout jeudi, pendant près de 5 heures, pour négocier leur entrée dans les installations de SEP Congo afin d’entamer les pourparlers et d’arriver à des résultats concertés pour le bien de l’entreprise, des travailleurs et du pays tout en entier
Les agents de la société SEP Congo ont entamé depuis jeudi 4 février 2016 une grève mettant en arrêt toutes les activités de production et livraison du carburant sur toute l’étendue du territoire national. Alors que les manifestants réclamaient le départ de leur Directeur général, le gouvernement a réussi à calmer la tension, jugeant cette revendication non sociale.
Origine du problème
Tout est parti des trois principales revendications du banc syndical faites à la direction générale de SEP Congo, affirment des sources proches du dossier. Il s’agissait notamment de la gratification spéciale pour l’exercice 2015; de l’indexation des salaires issue du réajustement récent de la rémunération de SEP Congo dans la structure des prix des produits pétroliers et de la question en rapport avec la tension salariale et la classification des emplois. N’ayant pas trouvé d’issue après les pourparlers avec la Direction générale, le banc syndical de SEP Congo avait lancé un ultimatum pour un arrêt de travail à partir du 21 décembre 2015.
Informés de la situation, les ministres du Portefeuille Louise Munga Mesozi et des Hydrocarbures Aimé Ngoy Mukena avaient convoqué les 19 et 20 décembre 2015, des concertations entre le banc syndical et la Direction générale de manière à les inviter, non seulement, à sursoir la décision d’arrêt de travail compte tenu de la sensibilité et la mission de SEP Congo, mais aussi à encourager la poursuite d’un dialogue constructif entre les deux parties afin de trouver des solutions équitables et efficientes visant la poursuite de l’exploitation normale.
Depuis lors, SEP Congo a continué à approvisionner des stations-services et à desservir les avions en carburant. Pendant ce temps, la délégation syndicale a poursuivi les échanges avec la Direction générale en vue de trouver des solutions durables aux revendications citées ci-haut. Des réunions ont eu lieu à l’interne les 7 et 8 janvier 2016 à l’issue des quelles certaines revendications ont été résolues, à savoir l’indexation des salaires, ainsi que les avantages liés aux festivités de fin d’année.
Cependant, deux préoccupations majeures n’ont pas trouvé satisfaction: la gratification spéciale et la tension salariale. La Direction générale a estimé que la décision du paiement de la première devrait être prise à l’issue de l’approbation des comptes annuels censés aider à en déterminer la hauteur. Au cours de la réunion tenue le 8 janvier 2016 avec le banc syndical, la Direction générale, sur base des données financières de la société, avait présenté des propositions pour résoudre la question liée à la tension salariale. Insatisfait de ces propositions, le banc syndical a demandé, à l’issue de cette rencontre, le départ du Directeur général Francois Cremadeills et a annoncé l’arrêt de travail à partir du 4 février.
Informés le 3 février peu avant minuit, les ministres du Portefeuille et des Hydrocarbures ont dû envoyer une équipe d’experts, tôt le matin du 4 février, pour se rendre compte de la situation et exiger la mise en place d’un service minimum afin de ne pas interrompre la fourniture du carburant aux usagers.
Duel entre gouvernement et banc syndical
La tentative n’a pas abouti mais en hommes d’Etat et de terrain, les deux ministres se sont décidés de se rendre sur place à l’effet d’une solution équitable mais surtout restaurer la paix sociale.
Arrivés devant les installations de SEP Congo, Munga et Ngoy trouvent une grille hermétiquement fermée à plusieurs tours. Les grévistes leur refusent l’accès dans l’enceinte. La Police se présente mais la ministre Louise Munga, déterminée de privilégier le dialogue, refuse de recourir à la force. «Il faut négocier», déclare-t-elle. Bonjour le martyre! Sous un soleil accablant de midi, les deux représentants du gouvernement sont contraints de rester debout pendant près de 5 heures. Et c’est seulement vers 17 heures et demi que les négociations vont aboutir permettant ainsi aux ministres accompagnés d’une délégation d’administrateurs de SEP Congo et des experts des deux ministères d’entrer dans les locaux de la société. Une fois à l’intérieur, Munga et Ngoy se dirigent droit vers la salle de réunion où s’ouvrent les pourparlers avec le banc syndical et les experts mais sans la présence du directeur général.
Au bout de 3 heures des discussions, il a été décidé la reprise normale du travail spécifiquement à l’HRS de N’Djili, à la station de pompage de Ango Ango et à la base de Kinshasa et Masina, lesquels constituent les points névralgique du système d’approvisionnement et distribution des carburants ainsi que l’examen de la question de départ du directeur général au niveau d’autres instances.
Le travail a donc repris normalement dans tous les sites concernés. Le reste des revendications à caractère social seront également examinées dans d’autres instances sous l’accompagnement du gouvernement.
YA KAKESA
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