A l’approche de la date butoir du vendredi 30 décembre 2016 retenue pour la fin des travaux des concertations politiques directes entre les signataires et les non signataires de l’Accord politique du 18 octobre 2016 de la cité de l’Union africaine, l’opinion tant nationale qu’internationale retient son souffle. Les RD-Congolaises et RD-Congolais attendent de pied ferme les résolutions qui sortiront de cette conférence placée sous l’égide de la Conférence épiscopale nationale du Congo -CENCO. Des milieux proches des débatteurs du centre interdiocésain de la Gombe, l’on apprend que les opérateurs politiques du Rassemblement entendent rafler la grosse part du gâteau en marchant même sur les platebandes de la Société civile. Ceci n’est un secret pour personne, la classe politique RD-congolaise ne se réunit jamais lorsqu’elle n’a pas la certitude d’engranger d’importants dividendes à la fin des travaux. La crise qui frappe le pays étant éminemment politique, les acteurs politiques, toutes tendances confondues, aimeraient occuper tout le terrain en se partageant la conduite de tous les postes de responsabilité. Un nouveau schéma de gestion consensuelle de la nation pendant la période qui s’ouvre serait sur le point d’être adopté. Les indiscrétions font état de la montée en première ligne du sphinx de Limete, président du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement à qui reviendrait la présidence du Comité national de suivi des recommandations des discussions du centre interdiocésain de la Gombe.
D’autres postes seraient également dans le collimateur des acteurs politiques qui n’entendent rien laisser au hasard. Des déclarations assez explicites sont entendues ici et là qui ne cachent pas les ambitions des uns et des autres dans la direction prise par les événements aux concertations directes. En plus du gouvernement dont la composition subirait certainement quelques retouches avec l’entrée en lice de certaines grosses pointures du Rassemblement et du Front pour le respect de la Constitution -FRC-, les appétits gloutons vont dans tous les sens. Même la Primature, déjà occupée par une figure de l’Opposition, de l’UDPS, serait dans le collimateur. Dans la foulée des indiscrétions, l’on croit savoir que le poste de président de la Commission électorale nationale indépendante -CENI-, ferait aussi l’objet de marchandage politique. Dès que cette nouvelle a fuité, les confessions religieuses, mandatrices de Corneille Nangaa, sont montées sur leurs grands chevaux.
Personnalité neutre issue de la Société civile
A en croire des sources proches de la Société civile, le poste de numéro 1 de la Centrale électorale n’est pas dans les attributions des acteurs ou regroupements politiques. Pour des raisons évidentes, il avait été décidé que cette fonction soit assumée par une personnalité neutre issue de la Société civile. Or, les démarches de certains acteurs politiques tendent à faire croire que ce fauteuil serait une propriété exclusive soit de la Majorité présidentielle, soit de l’Opposition. En effectuant un back cross dans un passé aux cendres encore chaudes, il apparait nettement que la présidence de la CENI n’entre nullement dans les cordes des politiques, mais est plutôt l’apanage de la Société civile. C’est la chasse gardée des confessions religieuses qui y veillent comme à la prunelle de leurs yeux. L’histoire renseigne que les confessions religieuses ont élu Corneille Nangaa Yobeluo le 21 octobre 2015 à ce poste. Elles demeurent constantes dans leurs démarches et viennent de réitérer leur confiance à Corneille Nangaa il y a à peine une semaine. Ce choix ne serait pas le fait du hasard, ni des états d’âme encore moins des considérations fantaisistes.
Bagage technique fourni qui inspire à la fois confiance et respect
Corneille Nangaa dispose d’un bagage technique fourni qui inspire à la fois confiance et respect. L’actuel président de la CENI fait preuve de compétences avérées dans ce domaine où l’aventure n’est nullement admise aussi bien à l’intérieur qu’en dehors des frontières nationales. Né en 1970 à Bagboya dans l’ex-Province Orientale, Corneille Nangaa Yobeluo, compte 13 ans d’expérience professionnelle en matière d’organisation des élections, dont 8 années en démocratie et les élections aussi bien au niveau national qu’international. Son parcours est suffisamment éloquent. Il a d’abord occupé le poste de Secrétaire exécutif national adjoint -SENA- de la Commission électorale nationale indépendante -CENI- sous la présidence de feu l’abbé Apollinaire Malumalu. Facilitateur, expert BRIDGE depuis 2010, fonctionnaire international et consultant par moment, Corneille Nangaa a beaucoup œuvré dans l’assistance technique électorale en tant que consultant avec la Fondation internationale pour les systèmes électoraux -IFES-, l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale -IDEA-, le Programme des Nations unies pour le développement -PNUD- en Côte d’Ivoire, au Niger, au Gabon, en République de Guinée, au Ghana, au Kenya, au Burundi, au Cameroun et à Madagascar.
Confiance renouvelée des confessions religieuses
Depuis 2005, il évolue dans le domaine des élections. Ayant occupé le poste de Superviseur technique national à l’ancienne CEI, Corneille Nangaa a eu à coordonner les opérations électorales sur le terrain dans toutes les provinces de la République démocratique du Congo. Nommé coordonnateur du Réseau du savoir électoral en Afrique centrale en 2007, il a conduit sous l’autorité du Président de la Commission électorale indépendante -CEI-, l’installation de ce réseau au sein de tous les Organes de gestion des élections -OGE- des 9 pays de la région d’Afrique centrale. Ce cursus, loin d’être exhaustif, donne des indications claires de son expertise avérée que les Confessions religieuses ont capitalisée pour jeter leur dévolu sur Corneille Nangaa Yobeluo, alors Secrétaire exécutif national adjoint -SENA- de la Commission électorale nationale indépendante depuis 2013. Les confessions religieuses continuent de manifester leur confiance en Corneille Nangaa. Elles viennent de le manifester, à l’exception de l’Eglise catholique, dans une correspondance officielle adressée récemment au Président de la République, Joseph Kabila.
Ambition légitime, mais prétention fort dangereuse
L’ambition est légitime, mais la prétention est fort dangereuse. Que reproche-t-on à Corneille Nangaa dans l’exercice de ses fonctions? A-t-il failli à sa mission? Sa présence gênerait-elle quelques intérêts égoïstes? A la Société civile, on ne comprend pas ce qui s’apparente à un acharnement contre le président de la CENI. Pour des raisons évidentes de positionnement, certains acteurs politiques ont sorti la grosse artillerie pour tirer à boulets rouges sur Nangaa. L’opinion serait mieux édifiée si ceux-là qui réclament à cor et à cri la refonte du bureau de la CENI, présentaient des arguments massues à la table des discussions démontrant objectivement les insuffisances du président de la CENI. Ce qui n’est nullement le cas à ce jour où les prétentions mal contenues des uns et des autres rivalisent avec les réactions épidermiques en lieu et place des griefs clairement établis. Refaire le bureau de la CENI ne serait-il pas une manœuvre dilatoire dont le ressort serait le retardement même des élections réclamées à cor et à cri? S’il se pose réellement un problème au niveau du bureau de la CENI, il appartiendrait alors à chaque composante ayant son délégué au sein du staff dirigeant de la CENI, d’en tirer les conséquences. Pour le cas de figure, seule la Société civile, singulièrement les Confessions religieuses, pourraient décider du sort de Corneille Nangaa. Soit qu’elles retirent, soit qu’elles lui réitèrent leur confiance. Voici qu’elles préfèrent encore la dernière option.
Tino MABADA
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