Politique

Lutte contre la maffia: les députés et le chiffre noir

Au sein de l’Administration publique comme dans les couloirs du Parlement, un intense lobby se met en place et entend amener l’Assemblée nationale à revoir à la hausse le budget des recettes de l’Etat et lancer une vaste opération de mobilisation et maximisation des recettes publiques, en s’attaquant, à travers une lutte sans précédent, à la fraude fiscale et douanière, au détournement des deniers publics et à la corruption.
Un jour, Galilée avait osé dire, selon sa propre théorie, que la terre tournait autour du soleil. En guise de réaction, l’humanité toute entière l’avait traité de fou et il s’en était suivi sa mise à mort par lapidation. Quelques décennies plus tard, la terre entière avait fini par épouser la thèse du savant martyr.
Mutatis mutandis, il vous souviendra également que le soir du 8 décembre 2015, journée internationale de lutte contre la corruption, en direct du journal télévisé de B-One TV, Emmanuel Luzolo Bambi Lessa, Conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de Bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, avait déclaré qu’en RD-Congo, l’Etat ou le gouvernement perd chaque année entre 10 et 15 milliards de dollars américains, ce chiffre noir jamais versé dans les caisses de l’Etat, à cause des détournements des deniers publics, de la fraude et de l’évasion fiscale, du trafic d’influence et de la corruption devenue endémique dans le pays.
Cependant, le Premier ministre, le technocrate Matata Ponyo, a qualifié le constat du Conseiller Spécial Luzolo Bambi d’affabulation, des affirmations dénuées de tout fondement, selon lui.
Révision à la hausse du budget des recettes de l’Etat
Au lieu de prendre en compte ces révélations faites par un haut responsable de l’Etat, de les examiner, d’en chercher les causes tant endogènes qu’exogènes et de prendre des mesures draconiennes en terme de solutions, le surdoué en chef a déclaré ce qui suit: «J’ai suivi les déclarations du Conseiller Spécial du Chef de l’Etat au sujet du chiffre noir.
Les 10 à 15 milliards des dollars américains dont il parle est un chiffre mirobolant. Ca n’a aucun fondement. Seuls les économistes que nous sommes pouvons parler de cette question que tout le monde ne maîtrise pas».
Voici que quelques mois plus tard, le modique budget de l’Etat a été revu à la baisse après avoir subi des coupes drastiques. Motif avancé: la baisse des prix de minerais.
Voilà pourquoi au lieu de se contenter du projet de budget non ambitieux que le gouvernement a déposé sur sa table, un lobby a vu le jour au sein de l’Administration publique et au Parlement. Objectif: amener l’Assemblée nationale à revoir à la hausse le budget des recettes de l’Etat et lancer une vaste opération de mobilisation et maximisation des recettes publiques, en s’attaquant, à travers une lutte sans précédent, à la fraude fiscale et douanière ou au détournement des deniers publics et à la corruption.
 
Politique pénale rigoureuse axée sur la lutte contre la corruption
«Si l’argent qui échappe au Trésor public est ramené dans la caisse, les 15 milliards ajoutés aux 8 milliards des dollars américains, la RD-Congo aura un budget de près de 23 milliards de dollars américains, on atteindra ainsi le niveau de l’Angola voisin, en terme de budget», plaide un membre de la Fédération des entreprises du Congo -FEC- convaincu qu’une politique pénale rigoureuse axée sur la lutte contre la corruption aiderait l’Etat à «récupérer à coup sûr des milliards de dollars régulièrement et délibérément perdus et, ainsi, commencer à renforcer son budget».
Un cadre de l’Administration assure qu’au moment où la classe politique se bat pour des postes, la propension à détourner l’argent de l’Etat est très élevée étant donné que le personnel politique cherche l’argent pour financer la campagne électorale.
«Le risque de vol est très élevé pendant cette période. D’où le Parlement, l’autorité budgétaire, doit tout faire pour aider le pays à récupérer l’argent qui coule et s’investir dans le contrôle sévère et régulier du gouvernement», plaide, pour sa part, un député souhaitant que le budget prochainement en discussion soit le plus surveillé de l’histoire de la RD-Congo pour nous permettre d’avoir les moyens d’organiser les élections libres et apaisées».
Tino MABADA

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