A part quelques bonnes intentions, la RD-Congo n’a jamais songé avoir une structure officielle de médiation. Et voilà que depuis quelques semaines, le pays assiste à une longue série de reniements, d’exclusions, de retournements des vestes ou de démissions pendant que la crise guette la Commission électorale nationale indépendante -CENI- et le processus électoral est en panne. Président de la Commission d’intégration et médiation électorale -CIME-, le Révérend Elebe Kapalayi s’en inquiète. Il entreprend de tirer la sonnette d’alarme en lançant dès samedi la campagne Investissons dans la paix» L’activité coïncide avec la célébration de l’an 1 de la CIME.
Alors que tous les ingrédients susceptibles de menacer la paix chèrement acquise se réunissent peu à peu, le président de la CIME, Elebe Kapalayi, monte en première ligne. Samedi, à la faveur de la célébration de l’an d’existence de la structure qu’il dirige, il procède au lancement officiel de la campagne Investissons dans la paix. Elebe explique que la CIME entend réitérer son pari d’accompagner le processus électoral et faire en sorte qu’il soit exempt de violences. «A travers ces assises, nous avons l’ambition d’amener chaque compatriote à s’approprier du processus électoral et jauger son apport à la consolidation de la paix. S’il n’y a pas de paix, il n’y a pas élection. S’il n’y a pas élection, il n’y a pas légitimité», déclare le président de la CIME.
Tirant les leçons de la première saison de sa Commission et des turbulences observées sur la scène politique, Kapalayi se donne la mission d’investir dans la prévention des conflits et la paix. «C’est absolument nécessaire au moment où on assiste à des démissions, des reniements et des retournements des vestes», plaide-t-il, évoquant le rôle que tous les acteurs de la société RD-congolaise doivent jouer en cette période délicate.
«Nous sortons d’une longue période tumultueuse. Maintenant que nous avons réussi à racoler les morceaux, nous devons éviter que l’aspiration à l’alternance ne réveille de par nos émotions non maitrisées les convulsions de ce passé douloureux», insiste le pasteur kimbanguiste, faisant remarquer le bienfondé de la paix en ces termes: «Si on n’investit pas dans la paix, on laisse libre court à des pécheurs en eau trouble et à des opportunistes… Et l’instabilité est vite arrivée. En tant que confessions religieuses, nous sommes les mieux placés pour nous placer en première ligne de cette lutte… Nous sommes assis au confessionnal, nous sommes au courant de beaucoup de choses et en contact avec toutes les couches sociales. Lorsque nous disons que nous devons investir dans la paix, il faut nous écouter».
La CIME veut promouvoir une culture de dialogue à tous les niveaux, promouvoir les médiateurs à tous les niveaux, dans tous les domaines pour favoriser l’entente, prévenir les conflits et savoir se gérer. «Les grandes nations se sont construites grâce à la médiation. L’Afrique du Sud et le Kenya sont des exemples parmi tant d’autres. La force des Etats-Unis réside dans la médiation», fait comprendre le pasteur. Dans un pays où il y a plus de 400 tribus, presqu’autant de partis politiques, de groupes armés ou églises, les médiateurs s’imposent, plaide Elebe Kapalayi. «Nous devons avoir une institution de médiation.
Les chefs d’entreprises ont aussi une place de choix dans le canevas du président de la CIME. Elebe envisage sérieusement de les pousser à créer un environnement de paix dans leurs entreprises respectives en vue de faire accroitre leurs affaires et créer les conditions d’une paix générale. La campagne débute samedi à Béatrice Hôtel et durera tout le long du processus électoral, fait-il savoir.
AKM