Politique

Kabila-Katumbi: instants de vérité

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Fatidique rendez-vous ce lundi à Kalubwe Lodge, à Lubumbashi. En face du Rais, toutes les grandes personnalités originaires de la province cuprifère parties de Kinshasa, des délégués de la Société civile, le speaker Gabriel Kyungu et le gouverneur Moise Katumbi. Au menu: la loyauté ou la rupture, chuchote-t-on

Joseph Kabila a choisi Lubumbashi pour la fête du 1er janvier 2015. Depuis le chef-lieu du Katanga, le Président de la République a présenté ses vœux aux RD-Congolais, montrant que le pays avance. Il y a aussi organisé un repas de cœur avec 2000 enfants et promulgué la loi de finances 2015. Le Président s’est aussi rendu à Lubum’ pour baliser la nouvelle année, annoncée comme périlleuse pour son camp politique. En 2015, les locales, les municipales et les provinciales à hauts risques sont prévues.
2015, c’est aussi l’année du lancement du recensement général de la population, du découpage des provinces et d’un probable dialogue avec l’aile dure de l’Opposition. Si la première opération est perçue dans l’Opposition comme une manœuvre du pouvoir destinée à entrainer le glissement, la deuxième, une disposition constitutionnelle longtemps rangée dans les placards faute des lois organiques de sa mise en œuvre mais désormais priorisée par nécessité ou stratégie politique -thèse des opposants-, déchaine et fait déchainer les passions, et n’est pas vue d’un bon œil dans certaines provinces dont le Katanga. Kabila accorde une attention particulière à tous ces rendez-vous.
Leur succès éventuel rejaillirait certainement sur lui. L’échec aussi. En séjour au Katanga au moment où la case brûle, où la litote du gouverneur Moise Katumbi sur les trois faux penalties affole le débat politique, les sources dignes de foi confient que Kabila a convoqué ce lundi 5 janvier à Lubum’, sauf changement de dernière minute, une grande rencontre avec les grands notables katangais. Objectif: s’assurer de leur soutien ou tirer les conséquences.
 
Kabila reçoit le Katanga qui compte ce lundi à Kalubwe Lodge à Lubumbashi, apprend-on. En face du Rais, toutes les grandes personnalités originaires de la province cuprifère parties de Kinshasa dimanche 4 janvier pour la plupart, des délégués de la Société civile, le président de l’Assemblée provinciale Gabriel Kyungu wa Kumwanza et le gouverneur Moise Katumbi, sans nul doute, l’homme au cœur du débat.
L’ordre du jour a déjà été fixé, assure-t-on. Mais seul le format pose problème. «Certains suggèrent une communication du Président de la République quand d’autres souhaitent le voir accorder la parole à l’assistance pour des échanges francs», laisse entendre une source katangaise. Une autre, plus sûre d’elle, précise qu’un seul point figure à l’ordre du jour: «Dire clairement à Kyungu et Katumbi de choisir entre rester dans les rangs…et partir».
Et d’ajouter: «s’ils acceptent de partir, tant mieux». Sinon, plusieurs scenarios seraient mis en branle. Entre autres, «contraindre le gouverneur à la démission et organiser une nouvelle élection dans un mois, le poursuivre pour fraude fiscale à défaut d’incitation à la révolte pour avoir évoqué la révolution burkinabé…». Des options fortes et fort risquées, de l’avis de sérieux analystes, auxquelles Kabila est opposé, insiste un proche garantissant qu’elles doivent certainement, légitimement et objectivement, plonger la Majorité dans le doute, au moins une réflexion approfondie. Et qui ne doivent pas moins faire douter Katumbi aussi.
D’autres voudraient bien voir le menu élargi au dossier Bakata Katanga, au découpage des provinces, aux 40% de rétrocession, à l’arrestation et la détention du député honoraire Vano Kiboko, au cas John Numbi et au problème des quotas dans le gouvernement de cohésion nationale, où le Katanga, le principal swing state de la présidentielle de 2006 et 2011, ne compte ni vice-premier ministre ni ministre d’Etat.   Sans conteste, cette rencontre passe pour des véritables instants de vérité, à l’issue desquels le Rais et les Katangais et, particulièrement, Katumbi devraient soit accepter de vider leurs sacs et laver les linges sales en famille, devant les parents et frères réunis, soit constater et assumer le désamour.

AKM

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