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Tshisekedi taxe Kodjo de kabiliste

Le président du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement conditionne la participation de son camp au dialogue politique national et inclusif à la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion ainsi qu’au remplacement du facilitateur togolais par quelqu’un de neutre
Entre la Majorité et l’Opposition, la guerre de la facilitation a commencé.
Pendant que les sociétaires de la Majorité présidentielle -MP-, réunis en meeting vendredi 29 juillet au stade Tata Raphaël, ont réitéré leur soutien au facilitateur Edem Kodjo en soutenant le dialogue convoqué par le Chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange, Etienne Tshisekedi, président du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, a déclaré, dimanche 31 juillet dernier, que son camp n’a plus confiance au facilitateur de l’Union africaine.
Il a demandé que Kodjo soit carrément remplacé par quelqu’un d’autre. «Kodjo n’est pas traitre, mais il est kabiliste tout fait», a-t-il dit sans pour autant aller en détail. Comme dans son habitude, le président du Rassemblement a fait savoir qu’au cas où le dialogue ne sera pas organisé d’ici peu, la population devrait se prendre en charge le 19 septembre. La guerre du contrôle du dialogue est lancée.
Il a tenu parole. Etienne Tshiskedi wa Mulumba, président du Rassemblement et de l’Union pour la démocratie et le progrès social -UDPS-, 83ans, s’est adressé dimanche 31 juillet dernier aux Kinois à travers un meeting populaire animé en lingala. Sur le terrain du boulevard Triomphal inondé du monde, l’homme est resté égal à lui.
Il continue à mener une lutte sans merci pour l’avènement de la démocratie en RD-Congo. Plusieurs points touchant à la vie nationale ont été abordés, à savoir: le dialogue politique, la fin du mandat du Président Joseph Kabila, la guerre à l’Est du pays et le Conclave de Genval à Bruxelles. Comme il avait promis de faire la restitution de ce conclave une fois arrivé à Kinshasa, Tshisekedi a honoré sa parole.
«Le Congo dispose déjà de la fondation sur laquelle j’ai le devoir de consolider avec vous la construction de la République: c’est la Constitution», a-t-il rappelé. Puis: «pour mener cette lutte, depuis la Belgique à Genval, mes compatriotes des forces politiques et sociales acquises au changement ici présentes, ont constitué le rassemblement pour la défense des valeurs de la République qu’elles ont unanimement placées sous mon leadership. Je vous demande de les ovationner chaleureusement. C’est dans cette unité de combat que réside la victoire de notre peuple».
Selon lui, l’Opposition va participer au dialogue mais à condition que le Pouvoir de Kinshasa puisse avant tout libérer tous les prisonniers politiques et d’opinion et que le facilitateur actuel Edem Kodjo soit remplacé par quelqu’un d’autre de neutre. Avec son intransigeance, Tshisekedi a taxé le facilitateur togolais de kabiliste. «Kodjo n’est pas traitre, mais il est kabiliste tout fait», a-t-il signifié. Ceci revient à dire que le Rassemblement n’a plus confiance en lui.
La brouille avec la facilitation est née tout récemment avec le point de presse animé par Edem Kodjo à Kinshasa le 23 juillet annonçant la réunion de validation des mandats des délégués au comité préparatoire le 26 juillet et le début des travaux préparatoires du dialogue le 30 juillet.
Pour Kodjo, le comité préparatoire de ce forum a trois rôles, à savoir: réparer l’ordre du jour du dialogue; réparer un règlement intérieur et, enfin, résoudre toutes les questions logistiques et matérielles. Immédiatement, réagissant dimanche 24 juillet au programme arrêté à la conférence de presse, le Rassemblement par la main de son président Etienne Tshisekedi qui a publié un communiqué, a récusé Edem Kodjo et demandé à l’Union africaine de tirer toutes les conséquences pour sauver le processus de mise en œuvre de la Résolution 2277du Conseil de sécurité.
Il reproche au facilitateur la précipitation avec laquelle il a fixé les dates des travaux préparatoires du dialogue au lendemain de la publication des Ordonnances présidentielles qui ne satisfont pas aux exigences de la libération de tous les prisonniers politiques. Cette position de récusation a été renforcée au cours du meeting tant attendu de ce dimanche à Kinshasa. C’est la crise de confiance.
Aussi, Tshisekedi tient au respect de la Constitution. Selon lui, si le dialogue n’est pas tenu et que l’on arrive le 19 septembre, il appellera le peuple à prendre ses responsabilités. Le président du Rassemblement fait allusion ici à une disposition constitution qui stipule que l’élection présidentielle est convoquée 90 jours avant la fin du mandat du président en exercice par la Commission électorale nationale indépendante -CENI.
En cas d’espèce, c’est au mois de septembre 2016 que ce délai s’accomplit, mais la CENI Est confrontée à des problèmes d’ordre financier, logistique et matériels et qu’il est reconnu par tous qu’il est impossible que les élections se tiennent à cette date. D’où l’appel au dialogue pour trouver un compromis politique qui s’éloigne de plus en plus. Au cours de son meeting, Tshisekedi a aussi condamné les massacres perpétrés à l’Est de la RD-Congo notamment dans le territoire de Beni. A l’heure actuelle, le Rassemblement et la Majorité présidentielle se font la guerre à travers les meetings pour tester leur popularité. De retour de Bruxelles mercredi 26 juillet, Etienne Tshisekedi a été accueilli par des milliers de partisans des forces acquises au changement.
Le meeting de la MP au stade Tata Raphaël est une réplique à cet accueil du sphinx. Après le meeting de rassemblement dimanche 31 juillet, la MP projette également son meeting le 7 août prochain à Kinshasa. Pour sa part, l’Union africaine qui a désigné Edem Kodjo a diffusé un communiqué appelant le Rassemblement à se joindre aux autres composantes pour aller au dialogue, mais ce dernier ne veut plus de Kodjo.
Octave MUKENDI

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