
Empêchés de rencontrer leur client, les conseils de SK Della, bras droit du candidat président Moïse Katumbi, ont rappelé les dispositions de l’article 18 alinéa 3 de la Constitution: «La garde à vue ne peut excéder quarante-huit heures. A l’expiration de ce délai, la personne gardée à vue doit être relâchée ou mise à la disposition de l’autorité judiciaire compétente»…
Plus de 48 heures après l’arrestation de Salomon Kalonda, personne ne sait dire exactement pourquoi le spécial de Katumbi est privé de liberté, même pas le porte-parole du gouvernement. De passage sur le plateau de France 24 mercredi, Patrick Muyaya s’est montré très réservé sur les motifs de la détention de Kalonda. «Il a été arrêté par les services des renseignements. Au moment approprié, les services vont communiquer les raisons de cette arrestation», a-t-il commenté.
Encore moins ses avocats, empêchés, jeudi 1er juin, de rencontrer leur client détenu à l’ex-Demiap, les renseignements militaires en RD-Congo. «Nous avons sollicité une audience -avec Salomon Kalonda, NDLR- parce que la Constitution de notre pays en son article 19 précise que même devant les services de sécurité, tout justiciable a le droit d’être assisté. Malheureusement et contre toute attente, nous avons été heurtés et bloqués. Nous n’avons pas eu l’opportunité de rencontrer notre client», a dénoncé Me Christian Nkoy, membre du collectif d’avocats de Salomon Kalonda, avant d’asséner: «On nous a dit que nous ne pouvons pas assister notre client devant ce service. La Demiap viole la Constitution et les instruments internationaux des droits de l’homme».
Compère de Kalonda dans Ensemble et porte-parole de Moïse Katumbi, Olivier Kamitatu s’est fendu d’un message pour dénoncer «l’illégalité» et «l’inhumanité» de la détention de son camarade de parti. «Tenu au secret, empêché d’accéder à ses avocats et à son médecin, privé de visite, au soir du 3ème jour de son arrestation, les informations qui filtrent sur l’état de santé de Salomon Kalonda sont très préoccupantes. A l’illégalité s’ajoute le caractère inhumain de la détention», a-t-il fustigé sur Twitter.
Brutalement arrêté mardi 30 mai au tarmac de l’Aéroport de N’Djili alors qu’il s’apprêtait à embarquer pour Lubumbashi, SK Della n’a toujours pas été entendu, ont confié ses proches.
Selon un chroniqueur judiciaire approché par AfricaNews, la détention de Kalonda est devenue arbitraire et illégale depuis jeudi peu avant midi, aux termes de l’article 18 de la Constitution qui dispose: «La garde à vue ne peut excéder quarante-huit heures. A l’expiration de ce délai, la personne gardée à vue doit être relâchée ou mise à la disposition de l’autorité judiciaire compétente». Mercredi, Moïse Moni Della, frère de Salomon Kalonda, a fait savoir que ce dernier était une sorte «d’otage» du Président Tshisekedi. «Les officiers militaires qui le détiennent à la Demiap disent attendre les instructions de la Présidence pour se déterminer. Il n’a pas été entendu jusque-là. C’est un otage du Régime Tshisekedi», a-t-il bramé.
Mardi, quelques heures après cette arrestation, le même Moïse Moni Della avait dénoncé le refus des militaires de laisser son frère accéder à ses médicaments et à sa nourriture. Dans une interview accordée à Jeune Afrique, Moïse Katumbi, «mentor» de Kalonda, s’est montré très catégorique: ce qui est arrivé à son poulain est un «enlèvement crapuleux». «Il n’a pas été arrêté mais enlevé par des éléments de la Garde républicaine sans présenter aucun document. C’est bien la preuve qu’une dictature est en train de s’installer en RD-Congo», a fustigé le leader d’Ensemble, non sans évoquer la «peur» qui anime actuellement le pouvoir de Félix Tshisekedi, en manque de «bilan à défendre» et obligé de verser dans «l’autoritarisme».
Jeudi soir, les médias ont donné de nouveaux éléments. «Faute de réunir les preuves pour justifier l’interpellation violente de Salomon Kalonda, ses bourreaux hésitent entre son expulsion vers la Belgique et l’option de glisser les armes à 7 Maisons ou ses résidences comme on le fit avec Kutino et Huit Mulongo», ont-ils révélé, évoquant les indiscrétions à la Présidence. Une semaine plus tôt, les mêmes médias avaient alerté sur le plan d’arrestation entre autres de Salomon Kalonda. Les faits ont fini par leur donner raison.
Le même jeudi, depuis sa cellule à Makala, le député provincial Ensemble Mike Mukebayi a confié à un de ses visiteurs tout son soutien à Moïse Katumbi et Salomon Kalonda. «Il demande à Katumbi d’oublier les dossiers politiques de Mukebayi et Kalonda, passagers, et intensifier la lutte pour vaincre la dictature installée au pays», a témoigné l’hôte de l’élu de Lingwala.