Politique

Georges Alula propose un schéma à Kabila et à la Communauté internationale

Georges Alula
Après avoir jeté l’éponge à la présidentielle de 2006, le docteur Georges Alula Makita, ingénieur de formation et président de l’Unité nationale et intégrité du Congo -UNIC-, pense pouvoir revenir en force pour affronter les échéances électorales de 2016. Avec en main un projet de société ambitieux et innovant, le président de l’UNIC croit en l’avenir du pays et entrevoit son émergence à l’horizon 2030. Dans une interview accordée à «AfricaNews», Alula refuse toute idée qu’on lui inflige de faire la politique de la chaise vide. A l’en croire, son silence est doublement justifiée. Premièrement, en tant que membre d’honneur de l’UDPS, il a reculé en 2011 pour soutenir l’élection d’Etienne Tshisekedi. D’autre part, il a passé son temps à faire des lobbyings pour son pays. En même temps, il a préparé, présenté et fait valider devant les institutions financières internationales un travail qui a porté sur comment la RD-Congo pourra activement participer au challenge des Nations unies sur la réduction de la pauvreté. Le candidat de l’UNIC s’oppose fermement à la tenue du dialogue qu’il considère comme une perte de temps et propose un schéma à Joseph Kabila et à la Communauté internationale. Interview.
 
Georges Alula Makita, vous étiez candidat président de la République aux élections de 2006. Qu’êtes-vous devenus aujourd’hui?
 
J’ai vécu depuis 2006 dans la région métropolitaine Washington DC Maryland Virginia où j’ai passé mon temps à faire beaucoup de lobbyings pour le pays. En même temps, j’ai publié un livre sur les génocides économique ignorés en RD- Congo. Un ouvrage qui a eu un impact important sur la politique américaine vis-à-vis de la RD-Congo et surtout du leadership dans la région des Grands lacs. En 2011, j’ai été un leader combattant et résistant ici aux USA pour soutenir la candidature d’Etienne Tshisekedi, président de l’UDPS.
 
Qu’ambitionnez-vous actuellement? Seriez-vous tenté de briguer le mandat présidentiel en 2016?
 
Depuis 2003-2004, je n’ai pas arrêté mon ambition de travailler dur pour diriger un jour la RD-Congo. En tant qu’ancien membre d’honneur de l’UDPS, j’ai reculé en 2011 pour soutenir la candidature d’Etienne Tshisekedi. Je pourrais me jeter à l’eau en 2016.
 
Le paysage politique en RD-Congo est tel qu’aucun candidat ne pourra gagner l’élection présidentielle sans contracter des alliances avec d’autres forces politiques du pays. Avec quel parti ou plateforme politique comptez-vous cimenter une telle alliance?
 
Avec 450 partis politiques qui existent actuellement dans le pays, l’UNIC n’a pas la prétention de pouvoir gagner seule les élections. Pendant que nous ne sommes pas encore totalement sur l’ensemble du pays avec la popularité nécessaire pour gagner les élections, nous pensons que la partie du travail que l’UNIC a réalisé, va être mise à la disposition de nos alliés sur le terrain avec qui nous allons vulgariser le programme économique ambitieux que nous ramenons de l’extérieur. Il faut savoir que nous avons fait valider ce programme économique dans les institutions financières internationales, en l’occurrence le Département du trésor américain. Aujourd’hui, l’Union européenne peut financer à l’ordre de USD 340 milliards pour la reconstruction de la RD-Congo en quatre ans. Avec un montant aussi important, c’est la crédibilité que la Diaspora a apportée et qui va servir de base pour pouvoir reconstruire le pays.
 
Sur quoi repose essentiellement votre projet de société?
 
Notre vision est surtout économique. Parce qu’avec l’économie, on peut reconstruire les infrastructures, créer des emplois, mettre en place un programme social en RD-Congo par la prise en charge de nos enfants en payant des allocations familiales aux parents, en donnant une assistance financière mensuelle aux personnes vivant avec handicap et en dotant des structures pouvant les permettre de participer activement dans la société. En termes d’innovation, nous apportons l’emprunt d’obligation d’Etat. Avec ça, nous comptons changer la méthode de faire les choses. Sous notre leadership, la RD-Congo ne sera pas un téléspectateur. A partir de ces emprunts, nous mettrons le cash que nous avons pour participer au capital des sociétés qui investiront chez nous dans tous les secteurs: électricité, mines… Aussi installer et accroitre la production dans notre pays. Quand on veut produire de l’électricité en RD-Congo, il faut USD 13 milliards pour la relancer. Avec cela le pays va mettre et non attendre que les investisseurs viennent avec la totalité de cette somme. Sous notre leadership, nous allons à partir des emprunts, mettre le cash que nous avons -3-4 milliards pour participer au capital de la société d’électricité. Quand on veut produire de l’électricité avec un barrage aussi puissant qu’Inga, il nous faut des câbles. Comme notre pays est également riche en cuivre, au lieu d’acheter du câble à l’étranger, nous pouvons installer sa production ici chez nous pour plus de facilité. En ce moment là, nous pourrons connecter toutes les maisons de la RD-Congo au courant électrique. Et ceci est valable pour d’autres pays. Je donne également l’exemple des poignets de portes des maisons. Avec 80.000.000 d’habitants, nous avons environ 12 millions de familles. La famille moyenne en RD-Congo est composée de 6 personnes. Nous sommes autour de 12 millions multipliés par le nombre de maisons, appartements, offices de bureaux… c’est là que nous montrons aux gens que voilà notre leadership va vous amener à avoir un marché pour fabriquer les poignets de portes, des clés.
 
Votre projet est-il réaliste et faisable?
 
Bien entendu. Donc, dans une pièce, chaque composante représente une société, une production. Nous ne parlons que du concret et non des programmes qui ne sont pas chiffrés. A l’aide de ces programmes, aujourd’hui, les deux derniers mois, nous avons produit les plus grandes étapes de ces quinze années pour dire que dans les trois prochaines années, avant la fin de mon premier mandat, la RD-Congo va reproduire des voitures comme nous avons l’habitude de le faire dans le passé. Et dans les cinq prochaines années qui suivront, nous essayerons de faire en sorte que 30% des pièces, des composantes qui entreront dans ces voitures soient produites localement. A la fin de ce deuxième mandat, la RD-Congo doit commencer à être capable de vendre les véhicules made in Congo dans d’autres pays africains et pourquoi pas dans le monde. Le pays est aussi riche en métaux de toute sorte. Avec ces premières infrastructures installées, nous pourrons produire tous ces métaux localement. Ceci nous permettra de nous connecter avec l’ensemble du pays surtout avec la mission de relier l’Océan Indien à l’Atlantique, Mombasa et Moanda. Entre Kinshasa et Brazzaville, il n’est pas seulement question de construire un seul pont pour permettre l’afflux d’échanges entre les deux pays. Tout cela aura pour conséquence: l’augmentation de l’économie de notre pays. Aujourd’hui, la Diaspora RD-congolaise a amassé les gens qui ont des connaissances pouvant partager cet essai avec les partenaires congolais de Brazzaville. Je demande aux RD-Congolais qui sont au pays de nous faire confiance parce que l’absence de l’eau et de l’électricité a été faite à dessein pour nous pénaliser. Cela prendra deux ans pour pouvoir rééduquer notre population sur toutes ses couches. Nous allons surtout faire en sorte que nos enfants qui s’assoient par terre aujourd’hui puissent avoir les conditions d’études adéquates.
De quel coté vous situez-vous par rapport au dialogue convoqué par le Chef de l’Etat?
 
Pour l’UNIC, le dialogue est une perte de temps. En quelque sorte une certaine distraction. Pour preuve, près de 700 recommandations issues des Concertations nationales ont accouché d’une souris. Il a fallu une année pour mettre en place le gouvernement de cohésion nationale. Dans cette condition, si on reparlait du dialogue qui aurait dû se tenir entre l’UDPS et la Majorité présidentielle depuis 2011 et 2012, aujourd’hui, avec le régime décadent, parler du dialogue c’est comme leur apporter une béquille qui mènera tout droit au glissement. Dans ce cas d’espèce, c’est difficile pour l’UNIC de participer à ce dialogue.
 
Que propose l’UNIC en lieu et place du dialogue?
 
Notre parti a une solution beaucoup plus tranchante. Joseph Kabila doit dissoudre le Senat parce que c’est de là qu’est venue la politique du glissement qui met tout le monde dans le confort de ne pas organiser les élections. Aujourd’hui, la seule institution qui le mandate c’est le Parlement avec une majorité absolue qui pourra conduire la transition sans être président. Et nous, de la Diaspora, conduirons le gouvernement pendant cette période de transition afin d’organiser les élections en date prévue. Après cette dissolution, il devrait prendre les dispositions visant à remettre la Constitution telle qu’elle a été votée en 2006 par referendum. C’est à dire, revenir aux élections de deux tours avec le débat obligatoire entre les candidats. Nous avons également proposé que la Diaspora vienne jouer un rôle important dans l’organisation des élections parce qu’elle est en mesure d’emmener une technologie capable de compter rapidement les bulletins en vue d’éviter les contentieux postélectoraux. Ouvrir une place à la transition devant respecter les dates des élections 2016, en faisant jouer trois composantes -la Majorité, l’Opposition et la Diaspora. La Diaspora peut jouer un rôle important parce qu’elle habite par une culture de la démocratie. Avec cette capacité de vouloir jouer la neutralité, elle permettra de prendre en charge les élections et de diriger le gouvernement de transition qui doit nous emmener aux élections pour septembre et le 2ème tour en décembre 2016. C’est une voie qui permettra de ne pas faire le choix entre le glissement et la guerre.
 
Avec l’avènement du G7, la Diaspora est aujourd’hui divisée. En tant qu’acteur politique membre de cette Diaspora, que préconisez-vous pour y remédier?
 
Notre combat c’est de pouvoir mettre fin au régime actuel. Dans la Diaspora, devant une multitude d’appartenances politiques, il existe des leaders politiques sur lesquels l’on peut compter. Ceux qui cherchent à manipuler la Diaspora à distance lorsqu’ils sont détectés, ils sont automatiquement rejetés. Il faut que le G7 qui fait désormais partie de l’Opposition, soit franc et cohabite harmonieusement avec d’autres partis de l’Opposition afin de mener en bien notre combat qui a été long. Que ceux qui sont aujourd’hui prêts à suivre la voie du changement puissent baser leurs décisions sur les approches stratégiques que nous sommes prêts à implémenter. Je demanderai à la Diaspora RD-congolaise de ne pas se tromper parce que le prochain Président de la République de la RD-Congo viendra de cette composante. Je vous invite à ouvrir les yeux et à nous faire confiance. Aux côtés de ceux de la Diaspora qui se sont levés pour dire qu’ils sont candidats à la présidentielle, j’ose espérer que l’on me fasse confiance parce j’espère fermement qu’avec l’aide de Dieu, nous pourrons y arriver. Nous devons nous mettre ensemble, nous donner la main pour arriver à gagner ce combat de longue haleine que nous avons commencé.
 
Qu’est-ce que les RD-Congolais en général et en particulier de la Diaspora peuvent attendre de vous?
 
J’ai le sentiment que la Diaspora est en train de peiner et de se chercher un leader qui va porter le flambeau du combat en leur nom. Je leur donne espoir parce que le changement viendra de nous de la Diaspora.
 
Pourquoi vous pensez que ce changement viendra-t-elle de la Diaspora?
 
Parce que la Diaspora est le poumon économique de la RD-Congo. A titre illustratif, je cite le cas de Santos Muntubile avec qui nous avions joué à Bilima. Il faut dire que Muntubile a mis au service de l’équipe de Mazembe l’expertise de sa carrière à l’étranger pour poser la base de cette équipe. Sur le plan politique, ceux qui ont dirigé le pays avant n’ont pas une expérience sur la démocratie d’autant plus qu’ils n’ont pas vécu plus de 10 ans à l’étranger. L’avantage que la Diaspora a aujourd’hui réside du fait que notre génération a pu s’imprégner de la démocratie, la liberté d’expression, la liberté de mouvement et celui d’entreprendre. Aujourd’hui, notre peuple est tourné vers la Diaspora pour démontrer que le combat mené par ce dernier a porté ses résultats. Nous ne devons pas reculer parce que c’est un travail qui n’est pas encore achevé. Nous, RD-Congolais de la Diaspora, devons prendre nos responsabilités afin d’être sûrs que nous serons prêts à pouvoir suivre ce que la voix du peuple va choisir comme moyen de faire une alternance pacifique. Il faut dire que la Diaspora peut également prendre en charge les élections et diriger le gouvernement de transition qui doit nous amener aux élections.
 
Vous êtes tout le temps à l’extérieur du pays. Ne pensez-vous pas que cette absence prolongée n’est qu’une façon de faire la politique de la chaise vide?
 
C’est loin d’être la politique de la chaise vide. J’étais en RD-Congo à plusieurs reprises jusqu’en 2006 avant de revenir aux Etats-Unis et tomber sur les situations administratives qu’il fallait finaliser. Nous nous préparons à rejoindre nos frères pour mener cette lutte politique sur le terrain. C’est une obligation. On ne peut pas faire les choses dans la précipitation. Au stade actuel, nous sommes en train de mettre tous les éléments en place. Surtout avec les différents contacts que nous prenons au profit de la RD-Congo. C’est à dire, nous allons vers nos futurs partenaires leur dire de commencer à monter leur chaine de production. Nous avons évité l’apprentissage en prenant beaucoup de temps pour regarder et examiner les chiffres.
 
Comment vous entrevoyez l’avenir de la RD-Congo à l’horizon 2030?
 
Avec notre programme économique, on peut voir très vite ce que la RD-Congo sera devenue d’ici à 2030. Avec USD 340 milliards, le pays peut rejoindre en deux ans le niveau de l’Ethiopie, en cinq ans le niveau du pouvoir d’achat et le produit intérieur brut de la Suisse, en dix ans l’Argentine en terme de chiffre et 15 ans plus tard atteindre un pouvoir d’achat d’USD 1,8 trillions qui nous permettrait d’atteindre le niveau de la France et de la Corée du Sud à l’horizon 2030.
 
Propos recueillis par Sandrine N’TSHIRI
Depuis les Etats Unis d’Amérique, Etat Maryland
 

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