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Dieudonné Sidia: «la RD-Congo manque des stratégies claires»

Dans le cadre de la Journée internationale pour la prévention de l’exploitation de l’environnement en période de conflit armé et guerre, Dieudonné Sidia, journaliste sur des questions environnementales, a estimé que la RD-Congo ne dispose pas encore de stratégies pour préserver les espèces animalières en période de conflit armé. Par ailleurs, il invite la population à rejoindre la lutte pour la préservation et conservation de la nature.
Quelles stratégies l’Etat RD-congolais emploie pour la prévention de l’environnement en période de guerre et de conflit armé?
La RD-Congo n’a pas encore, jusqu’à ce jour, de stratégies claires pour la prévention de l’exploitation de l’environnement en temps de guerre et de conflit armé. La période durant laquelle notre pays a vu sa faune et sa flore se détériorer est celle du bouleversant génocide au Rwanda. Ce conflit a causé le déplacement de milliers de Rwandais cherchant refuge en RD-Congo. Du coup, nous étions dans une situation telle que des parcs ont été envahis par les réfugiés, qui, par besoin de survie, ont exploité de manière excessive le bois pour se réchauffer. Cette exploitation de l’environnement continue actuellement avec une exploitation minière désordonnée dans la partie Est du pays par les firmes multinationales avec la complicité de certains de nos compatriotes. Conséquence, la faune et la flore en souffrent gravement. La présence des différents groupes armés -FDLR, Maï-Maï- sur le territoire RD-congolais ne rend pas la tâche facile, non plus. Ils disposent des bases dans les aires protégées et dans certains domaines protégés. Ces groupes armés constituent une menace pour l’environnement, se nourrissant des animaux vivant dans ces espaces et s’adonnant aux activités de braconnage des éléphants. Ils tuent les éléphants puis vendent leurs défenses en vue de financer la guerre. La stratégie qui a marché, malgré ce contexte compliqué est l’initiative prise par l’Institut congolais pour la conservation de la nature -ICCN- dans le but de préserver les animaux se trouvant entre deux feux. L’ICCN a entrepris une action diplomatique sécrète avec les différents pays en vue d’épargner les aires protégées des conflits armés et de sauvegarder spécifiquement les gorilles de montagnes souvent visés pour leur viande.
Cette initiative avait-elle porté des fruits?
La présence des troupes rebelles dans ces domaines a entrainé le braconnage, pourtant interdit dans notre pays. Lors du conflit qui opposait le M23 et la RD-Congo, l’on a suivi, dans une de chaine étrangère, Laurent Nkunda, en plein Parc de Virunga, prétendant être un grand défenseur de gorilles de montagnes. Derrière tout cela, ce chef de guerre avait été instruit à ne pas toucher à ses ressources en général car le Parc de Virunga est inscrit dans la liste des patrimoines mondiaux de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture -UNESCO. L’initiative prise par l’ICCN de par la diplomatie secrète a permis tant soit peu à la préservation des ressources encore disponibles dans ce parc emblématique. Sur le plan national, la stratégie à employer est celle de mettre fin à la guerre. Si la guerre prend fin, l’environnement sera moins perturber. Les autorités du pays s’efforcent déjà pour la neutralisation des groupes armés. Notre souhait est qu’elles poursuivent cette traque pour que la faune et la flore soient de nouveau viables. Sur le plan formel, la loi relative à celle de la loi cadre n°14/003 du 11/02/2014 sur la conservation de la nature doit être appliquée sur les prescrits fondamentaux de l’environnement en RD-Congo. Cependant, les applications sont toujours en attentes.
Pouvez-vous nous faire l’état de lieu actuel des animaux classés dans la catégorie des espèces «en voie de disparition» en RD-Congo?
Les guerres ainsi que les nombreux conflits que notre pays a connus étaient très néfastes pour l’environnement. De nombreuses familles des gorilles de montagnes, par instinct de survie se déplaçaient en direction du Rwanda et à ce jour, une famille de gorilles refuse catégoriquement d’être rapatriée en RD-Congo, son pays d’origine. Quatre rhinocéros blancs ont été perdus dans la nature. De par leur absence sur notre sol, l’on craint fortement leur disparition mais il faut des preuves scientifiques pour prouver à suffisance, à travers les études et les recherches pour affirmer cette thèse. Pour l’instant, nous sommes très inquiets. Les okapis en captivité ont été massacrés en grand nombre dans la partie orientale du pays. Pourtant, il reste l’animal emblématique de notre nation. Les éléphants, suite au braconnage, risque d’être inscrits sur la liste des espèces menacées. Brièvement, l’état de lieu est dramatique. Le tableau reste sombre.
En gros qu’est-ce que le gouvernement RD-congolais doit mettre en œuvre en vue de préserver l’exploitation de l’environnement en période de guerre et de conflit armé?
En temps de conflit ou de guerre, la situation est très compliquée, car les groupes rebelles sont opposés à la loi régissant par le pays. C’est un contexte difficile pour les autorités qui ne maîtrisent pas l’ensemble du pays. La paix reste la meilleure recette pour la prévention durable de l’environnement. C’est l’action efficace par-dessus tout.
Quels sont les parcs en proie aux menaces?
Actuellement, en grande partie, ce sont les parcs situés dans la partie Est de notre pays entre autres les Parcs Virunga, Garamba, Kahuzi-Biega, ainsi que la réserve de faune à okapi. Pourtant, ces parcs sont classés dans la liste des patrimoines mondiaux de l’UNESCO.
Propos recueillis par Harmony FINUNU
 

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