Politique

Dialogue: l’Opposition extra-parlementaire pose ses préalables, Dindo les évoque

En perspective du dialogue qui se pointe à l’horizon, l’Opposition extra-parlementaire a organisé du 11 au 12 septembre 2015 en la salle de conférence de l’église catholique Notre Dame de Fatima, des journées de réflexion sur le thème: Dialogue, élections et nouvelles provinces.
A travers ces assises, cette frange de l’Opposition a mené une réflexion intellectuelle et objective, au-delà des appartenances partisanes et idéologiques sur les problèmes auxquels la RD-Congo est actuellement confrontée afin de proposer des pistes des solutions susceptibles de préserver la paix et l’unité nationale.
 
Le professeur Gaston Dyndo Zabondo a noté, dans son intervention portant sur le dialogue et consensus vrai, que la voie du dialogue requiert le respect de certaines règles et qu’un consensus vrai est différent d’un consensus tronqué, biaisé ou faux ne garantissant pas la cohésion entre les sujets engagés au dialogue. Selon lui, ce consensus vrai ne peut être obtenu qu’à travers un dialogue franc et sincère qui échappe aux manipulations des partenaires engagés dans le processus de dialogue ou des influences extérieures. Par rapport aux règles du dialogue, l’aboutissement au consensus vrai dépend, a-t-il paraphrasé le philosophe Habermas, du respect des normes de la vérité, de la justesse et de la sincérité.
Quant à la vérité, dans le contexte actuel, Gaston Dyndo a précisé que les participants au dialogue doivent se doter de l’aptitude de dépasser ou mieux surpasser leurs opinions subjectives, les clivages politiques ou les obédiences idéologiques pour se laisser guider par l’objectivité des faits et collaborer avec les autres protagonistes à la recherche objective de la vérité. Car, a-t-il poursuivi, personne ne détient le monopole de la vérité, de la recherche consensuelle des solutions, lesquelles privilégient l’intérêt communautaire.
S’agissant de la règle de justesse, il a fait savoir qu’elle requiert le respect des normes et valeurs communautaires reconnues par tous et qui ne doivent être transgressées au risque de briser la cohésion nationale. Enfin, pour lui, la règle de la sincérité recommande aux protagonistes d’exprimer chacun ses pensées profondes ou ses véritables intentions, car l’hypocrisie, la manipulation et la duplicité ne permettent d’aboutir aux solutions  appropriées.
«Nous avons une réflexion approfondie pour aboutir au dialogue. La particularité d’un être humain, comme l’a dit Aristote, c’est de pouvoir utiliser sa raison pour réfléchir devant un obstacle et de trouver des voies et moyens pour contourner ce dernier», a laissé entendre Gaston Dyndo. Puis: «raison pour laquelle, il était impérieux pour nous de réfléchir en tant qu’intellectuels au-delà de nos clivages politiques et idéologiques, de nos intérêts partisans, subjectifs et égoïstes et voir qu’est ce l’on peut faire pour le bien-être de la RD-Congo». Est-ce le moment de réfléchir quand on sait que le décor du dialogue est déjà planté? En réponse, il a souligné que cela ne peut aller jusqu’au bout s’il n’y a pas de réflexion.
S’il y en a pas, toutes les tractations vont se retourner au pied du mûr. Raison pour laquelle, a-t-il soutenu, il est important d’accompagner ces tractations qui ne constituent pas le dialogue d’une réflexion profonde. «Les réflexions et recommandations à l’issue de ces travaux doivent être tenues en compte par la Majorité au pouvoir et l’UDPS qui sont à l’écoute de ce que nous faisons. Il est de leur intérêt de tenir compte de ce que nous allons dire parce que nous voulons un dialogue inclusif», s’est-il exprimé. Le professeur Biyoya a, quant à lui, donné un éclairage sur l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et les engagements de la RD-Congo.
Pour ce faire, il a fait quelques remarques et observations. Il a estimé dans cette perspective que les relations internationales et la coopération internationale ne sont pas possibles si les parties ne sont pas autonomes. L’Accord-cadre d’Addis-Abeba est subdivisé en trois parties. C’est qui veut dire que les engagements sont triangulaires. C’est un accord de paix et de sécurité pour la RD-Congo et pour la région des Grands lacs. Donc, la RD-Congo exécute cet accord régional.
Comme une des observations faite par le professeur Biyoya, c’est le fait que les acteurs RD-congolais ne voient que la dimension nationale et ignorent l’internationale. Evoquant le dialogue, il a tout de même affirmé que c’est une démarche citoyenne qu’il faut soutenir. Cependant, a appuyé le professeur Biyoya, chercher à faire la différence avec les autres expériences de dialogue que le pays a eu dans le passé par rapport  au plus récent -celui de Sun City- est d’un préalable. A l’en croire, Sun City a démontré noir sur blanc que les acteurs ont obtenu le pouvoir et l’a partagé tout en ayant pas de maitrise sur le destin de l’histoire de la RD-Congo qui continue à nous échapper.
«Il faut reconnaitre que certains précédents accords ne se sont pas concrétisés dans l’histoire comme instance d’apaisement de l’histoire du pays. Pourtant, ils devraient mettre fin à des guerres qui ont empêché aux institutions de bien fonctionner normalement. Nous sommes revenus dans les troubles, confusions et l’étranger a continué à disposer aussi bien de nos ressources que de notre volonté», a-t-il martelé.
 
Quid du dialogue?
Pour lui, avant d’aller au dialogue, nous devons travailler pour créer les conditions de confiance. Ceux qui préparent le dialogue doivent d’abord construire la confiance. «Moi, je serai heureux, même si je n’en bénéficierai pas et n’en profiterai pas, que l’UDPS et la MP se tiennent main dans la main pour nous vendre un projet de la RD-Congo. Ce n’est pas un Congo de l’UDPS ou de la MP mais plutôt de tous les RD-Congolais et des Africains parce que c’est une espérance non seulement RD-congolaise mais africaine aussi. Les Africains pensent que le développement du continent dépend de la RD-Congo», a souhaité Biyoya tout en soutenant que ça serait  historique si Tshisekedi et Kabila offraient à l’Afrique et au monde cette perspective de restauration, de confiance des RD-Congolais en eux-mêmes, de la confiance des Africains aux RD-Congolais et celle du monde aux RD-Congolais.

 

Sandrine N’TSHIRI

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