Henry Thomas Lokondo, le député élu de Mbandaka, a demandé mercredi 2 novembre à l’Assemblée nationale d’exercer sa tutelle et d’auditer la Commission électorale nationale indépendante -CENI-, citée dans une affaire des décaissements louches à BGFI Bank des fonds destinés à l’organisation des élections. Alors que l’affaire révélée par la presse belge défraie la chronique, Lokondo a estimé, via une motion, que le président de la CENI, Corneille Nangaa, doit être entendu sur cette question par la plénière de la chambre basse du Parlement.
Lokondo intervenait suite aux révélations sur la RD-Congo et un présumé détournement des fonds destinés à l’organisation des élections qui ont fait la Une du quotidien belge «Le Soir» samedi 29 octobre 2016. Un article qui accable pour la Centrale électorale et la banque BGFI dont l’un des cadres, notamment Jean-Jacques Lumumba, membre de la famille de l’illustre ancien Premier ministre Patrice Emery Lumumba, a claqué la porte et livré une abondante et compromettante documentation à la presse belge.
La production fait part de l’existence de deux comptes de la Commission électorale nationale indépendante -CENI- et d’autres divulgations encore bien graves. «Il apparait que le gouvernement congolais a déjà versé des fonds destinés à financer l’achat du matériel électoral. Depuis janvier 2016, la CENI a reçu six versements du Trésor pour un total de 55 millions de dollars» dans un compte logé à la BGFI, y affirme-t-on.
«Si ce n’est un chèque d’un peu plus de 900.000 dollars rien n’a été dépensé sur ce compte. Fin septembre, au moment où s’arrêtent nos informations, il reste à la CENI plus de 54 millions sur ce livret», ajoutent les auteurs, accusant cependant la Centrale électorale de jouer un double jeu avec un 2ème compte, un crédit de 25 millions de dollars, également logé à la BGFI, où des opérations douteuses sont signalées.
Selon l’article incriminé par Nangaa, outre des virements effectués au bénéfice de la société française Gemalto, fournisseur des kits électoraux commandés par la CENI, et des intérêts ponctionnés par la banque, des individus ont procédé, entre mai et septembre 2016, à des retraits par chèque pour un montant total de 7,5 millions de dollars.
Comme preuve, il y a un extrait d’un rapport d’audit de la BGFI réalisé par Pwc, «qui illustre parfaitement l’opacité de certains paiements réalisés par la banque», sur lequel «on observe d’étranges retraits par chèque» et où, «bizarrement toujours, les montants retirés sont particulièrement arrondis, avec au minimum cinq zéros à la suite».
Sur ces extraits, trois noms, trois personnes, trois femmes apparaissent. Il s’agit de Madame Kibango Mujinga Doris, qui a retiré 350.000 dollars; Madame Lenge Upungu Christelle 700.000 dollars et 1.500.000 dollars et Madame Claire Kisula 1.065.000 dollars.
Selon les informations obtenues du président de la CENI, Corneille Nangaa, remonté contre «le mensonge» de la presse belge, ces personnes sont des figures bien connues, elles sont affectées à la Questure: Kibango Doris, Lenge Christelle et Claire Kisula sont des comptables.
Natine K.
2 minutes de lecture