Le premier acte administratif posé par le nouveau président national de l’UDPS, Félix Antoine Tshilombo, est d’emblée entaché d’irrégularité! Il s’agit de la décision de nomination des cadres supérieurs du parti que sont les Secrétaires généraux adjoints -SGA- et des Secrétaires nationaux -SN. Déjà, en octobre 2016, avec sa nomination en qualité de Secrétaire général adjoint aux côtés du Dr Eteni, de Rose Boyate et de Rubens Mikindo, Félix Antoine Tshilombo avait cautionné la violation des statuts par son père. Petite parenthèse: jusque-là secrétaire national aux Relations extérieures -SNRE-, il avait laissé son poste à un certain Tharcisse Loseke devenu soudain belge! A l’époque, les nominations avaient été opérées sur base de la Décision n°006/UDPS/PP/16 du 14 octobre portant nomination des membres de la Présidence-Exécutif national du parti. Avaient été évoqués les statuts, spécialement en ses articles 22-23 alinéas 3-4 et aux articles 25 et 28. Grosse parenthèse: dans la nouvelle Décision prise par Fatshi, sont éliminés les articles 23 et 28 ainsi que l’alinéa 4 de l’article 23…
Voici ce que disent exactement les articles 22, 23 alinéas 3-4, 25 et 28 de la Décision du 14 octobre 2016:
– article 22: «La Présidence du parti, Exécutif national du parti, est l’organe de représentation, de décision, d’orientation de l’action du parti, de supervision, et de coordination générale de toutes les activités du parti».
– article 23: «Le -la- Président -e- du parti est le symbole de l’unité du parti. A ce titre», selon l’alinéa 3, «Il -elle- supervise et coordonne le fonctionnement des activités du parti. A ce titre, il est tenu pleinement et régulièrement informé sur les activités de chaque organe et structure du parti» et selon l’alinéa 4 «Il -elle- nomme, et le cas échéant, relève de leurs fonctions les membres de la Présidence».
– article 25: «Le Secrétaire général centralise toutes les activités de gestion courante du parti» et
– article 28: «La nomination des cadres du parti doit prendre en compte les critères d’expertise, d’engagement politique, de crédibilité, de disponibilité, de probité morale et ce, dans le respect de l’équilibre national. Elle est décidée en réunion de la Présidence du parti».
En éliminant les articles 25 et 28, il reste évidemment l’article 22 et l’article 23 extirpé de l’alinéa 3, l’alinéa 4 étant maintenu.
Or, à l’article 22, est indiquée la «Composition» de l’organe dénommé «Présidence». Cet organe comprend le «Président», le «Secrétaire général», les «Secrétaires nationaux-Chefs de département» et le «Trésorier général». Mieux, l’alinéa 5 de l’article 23 dit du Président ou de la Présidente du parti qu’il ou qu’elle «représente le Secrétaire général du parti ainsi que les Secrétaires nationaux, Chefs de département, à la Convention démocratie dès l’ouverture de la session suivante».
L’article 25 précise que «les Secrétaires nationaux, Chefs de département, sont respectivement chargés des domaines ci-après: Organisation; Relations extérieures et partis amis; Relations avec les forces politiques et sociales et Trésorerie, Finances et Budget», avant d’ajouter que «le Règlement intérieur du parti détermine la nature, l’étendue et les conditions d’exercice des attributions des fonctions dévolues à chacun des Secrétaires du parti». En consultant les 67 articles des statuts de l’UDPS, aucun ne fait allusion aux Secrétaires généraux adjoints. Par contre, la fonction de Secrétaire national-Chef de département y est reconnue.
Partant, les Secrétaires généraux adjoints n’ont aucune couverture statutaire. Il s’agit de Rubens Mukindo, Eteni Longondo, Augustin Kabuya, Marie Tumba, Guy Bao, Rose Boyata et Jean Tezo.
Le fils donne les premiers signaux d’héritage de l’ADN!
En politique, le respect des textes s’apprend et se pratique de prime abord au sein du parti. Depuis sa création en 1982, l’UDPS se singularise certes par le discours prônant l’État de droit via le respect justement des textes mais, paradoxalement, c’est le parti qui ne s’applique jamais ou presque ce principe. La paille, il la trouve continuellement chez d’autres, surtout du côté du Pouvoir, pendant que sa grosse poutre, il la cache d’ailleurs maladroitement. En ne prenant que ces quinze derniers mois, les preuves abondent.
La première est liée au décès d’Etienne Tshisekedi survenu le 1er février 2017 à Bruxelles. Alors que l’article 26 des statuts dispose clairement qu’«en cas de décès, de démission, d’empêchement définitif, d’expiration de mandat ou d’interdiction d’exercer du Président du parti, un directoire composé du Président en exercice de la Convention démocratique du parti, du Secrétaire général du parti et du Président de la Commission électorale permanente du parti assume son intérim pour un délai ne dépassant pas 30 jours au cours duquel il est tenu de convoquer une session extraordinaire du Congrès en vue de l’élection du nouveau Président élu» et précise que «les décisions pendant l’intérim doivent être prises par consensus», les dirigeants de l’UDPS ont joué sur l’émotionnel pour retarder la convocation du congrès extraordinaire. Ont été évoqués comme prétextes la stature de chef coutumier kasaïen d’Etienne Tshisekedi, l’emplacement du lieu d’enterrement et la compétence de l’autorité gouvernementale chargée des funérailles. Ces critères ne figurent ni dans les statuts, ni dans le Règlement intérieur!
Pourtant, les statuts sont éloquents: la session extraordinaire du congrès a lieu dans les 30 jours après le décès, la démission, l’empêchement définitif, l’expiration du mandat ou l’interdiction d’exercice du président national. L’UDPS a attendu 13 mois pour passer à l’acte. Il s’est même passé quelque chose digne de Politburo à la soviétique: faute de président de la Convention démocratique du parti -CDP- et de président de la Commission électorale permanente du parti -CEPP-, le secrétaire général s’est arrogé les prérogatives de l’organe compétent pour convoquer le congrès.
La deuxième preuve est le non-fonctionnement de la CDP et de la CEPP du vivant même d’Etienne Tshisekedi. C’est la conséquence du non-respect des statuts. Quels que soient son statut et sa stature, le lider maximo n’avait pas compétence de décider unilatéralement de l’exclusion des premiers députés élus de l’UDPS en 21 ans d’existence du parti. Or, il l’avait fait, et on l’avait applaudi. Six ans après, l’UDPS est rattrapée par ses turpitudes puisque le remplacement de Jean-Pierre Kalamba au poste de rapporteur de la CENI passe impérativement par la reconnaissance de l’existence du Groupe parlementaire UDPS et Alliés. Fatshi est bien obligé de prendre officielle acte de cette existence.
La troisième preuve est que depuis sa sortie de la clandestinité en avril 1990, l’UDPS d’abord coprésidée avec Tshisekedi, ensuite présidée par Tshisekedi, s’est fait une spécialité de violer ses propres textes: exclusion ici, auto-exclusion là, politique de la chaise vide ici et là. Au final, ce parti va tellement rater ses rendez-vous avec la gouvernance institutionnelle qu’il n’est partie prenante ni à la Constitution actuelle, ni aux lois démocratiques en cours -lois sur les partis politiques et sur les manifestations publiques. Lire «Amusons-nous un peu».
La quatrième preuve est que l’UDPS n’est même pas à proprement parler un parti d’Opposition pour la bonne et simple raison qu’aux termes du statut de l’Opposition, il faut faire une déclaration d’appartenance à la Majorité ou à l’Opposition. Lire «Editorial». «Chassez le naturel, le naturel revient au galop», dit-on. Une quinzaine de mois après la mort du père, le fils donne les premiers signaux d’héritage de l’ADN! C’est le moment de l’interpeller avant qu’il ne soit tard…
Omer NSONGO DIE LEMA