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Udjani abattu, Sassou embarrassé

Sassou Nguesso
Le président voisin est dans la tourmente. Il doit justifier comment le chef rebelle Enyele qui s’était rendu à son armée en 2010, transféré et détenu à Brazzaville, a pu se retrouver dans une belle villa avec armes et moyens de déplacement et devenir la principale cause des événements tragiques d’Owando, une zone militaire située à la frontière avec la RD-Congo qui a réclamé son extradition sans succès
Sa duplicité lui a coûté cher. Samedi 10 mai, la Police de Dénis SassouNguesso  a perdu 3 de ses vaillants éléments, tués par le chef rebelle des Enyele de la RD-Congo, UdjaniMangama, et ses hommes refugiés à Brazzaville depuis 2010. Réclamé par Kinshasa mais jamais extradé par Brazzaville pour des raisons injustifiées, Udjani et ses hommes ont attaqué et tué samedi 10 mai 4 policiers à Owando, une zone militaire située à quelques kilomètres du village natal de Sassou et à la frontière avec la RD-Congo. Udjani a été à son tour abattu par la police brazza-congolaise qui a fait état de 11 morts et 10 blessés dans ces événements troublants.
Décès à Kigali, fusillade mortelle à Owando. En l’espace de 24 heures, la RD-Congo a appris la nouvelle de la mort de deux de ses ennemis publics, notamment le colonel Jules Mutebusi, ancien chef de guerre munyamulenge qui avait dirigé l’éphémère prise de Bukavu en 2004, et Ibrahim MangamaUdjani, le chef des Enyele qui avaient attaqué Mbandaka, à l’Equateur, pendant quelques heures en 2009. Malade depuis un certain temps, Mutebusi est décédé vendredi -9 mai- soir dans un hôpital de Kigali à l’âge de 54 ans des suites d’un coma consécutif à un malaise intervenu pendant une séance de sport, a déclaré son oncle paternel cité par la presse.
Udjani, lui, a été abattu avec six de ses fidèles par la Police du Congo-Brazzaville, samedi 10 mai, a-t-on appris, lors d’une scène jamais vécue par les habitants d’Owando, cité stratégique, siège  de la quatrième zone militaire de défense du Congo-Brazzaville, escale aéroportuaire obligée de Sassou chaque fois qu’il se rend chez lui à Ohio par avion, positionnée sur le fleuve Congo, donc à la frontière avec la RD-Congo. Ce jour-là, Udjani et ses compagnons d’infortune ont fauché deux capitaines de la Police alors qu’un brigadier-chef qu’ils ont blessé a succombé des suites de ses blessures à l’hôpital.
Entrés en cavale, les assaillants ont été rattrapés à plus d’une cinquantaine de kilomètres, notamment à Obouya où une fusillade a éclaté faisant 7 morts dans leurs rangs. Parmi les tués, UdjaniMangama, le chef rebelle Enyele qui a semé la terreur à l’Equateur, au Nord de la RD-Congo, fin 2009. Dénis SassouNguesso est bel et bien dans la tourmente. Sa duplicité lui a coûté cher. Réclamé par Kinshasa mais jamais extradé par lui pour des raisons injustifiées, Udjani et ses hommes ont commis des crimes dans une zone militaire située à quelques kilomètres de son propre village natal, à la frontière avec la RD-Congo.
 
Préoccupations légitimes de Kinshasa
Sassou ne sait pas expliquer comment le chef Enyele qui s’était rendu à son armée en 2010 et transféré à Brazzaville, s’est retrouvé dans cette zone et dans ces événements tragiques qui se sont soldés par 11 morts et 10 blessés.
En 2009, Udjani s’attire les phares de l’actualité à la faveur des affrontements entre les communautés Enyele et Munzaya. Les deux voisins se battent pour des étangs piscicoles. Une intervention des FARDC destinée à les départager vire au drame quand les Enyele font de la résistance avec Udjani à leur tête. Bilan: 157 parmi les insurgés. Recherché par les autorités de Kinshasa, Udjani va trouver refuge au Congo-Brazzaville dont le gouvernement rejette toutes les démarches menées par Kinshasa pour son extradition. Des délégués des services de renseignement de Kinshasa en mission à Brazzaville voient Udjani en prison.
Diversion, semble-t-il. Alors que Brazzaville affirme officiellement que MangbamaUdjani croupit en prison, un grand nombre d’informations accumulées par les renseignements RD-congolais indiquent que le prisonnier était en liberté, qu’il avait quitté son lieu de détention pour aller loger dans une belle villa, d’où il a pu s’organiser pour acquérir armes et moyens de déplacement. Vraisemblablement, Brazzaville n’a donc pas dit la vérité à Kinshasa. La présence d’Udjani, censé être en prison, à Owando est entourée d’un grand mystère que les médias doivent dénoncer.
Incontestablement, les circonstances de la mort d’Udjani sont devenues une source de préoccupations pour la RD-Congo. Une réaction, on ne peut plus, légitime. Joint par AfricaNews, un expert du ministère de la Défense questionne pour sa part en ces termes: «Quelle intention avait Brazzaville en laissant des ennemis publics de Kinshasa en liberté dans une zone réputée stratégique et près de la frontière avec la RD-Congo? Comment des rebelles présumés en détention ont se regrouper et entrer en possession des armes qui ont servi à leur forfait?»
Pour sa part, le ministre des Médias et porte-parole du gouvernement Lambert Mende, intervenant sur RFI, s’inquiète. «Le fait que Udjani ait été trouvé en liberté, contrairement aux assurances que nous avions reçues de nos homologues du Congo-Brazzaville, est une surprise pour nous et une source de préoccupations parce que nous sommes deux pays voisins et nous nous sommes jurés d’éviter de favoriser l’impunité chez l’un ou l’autre, d’éviter de favoriser la liberté pour les personnes auteurs de crimes dans l’un et l’autre pays».
Et d’interroger: «Qu’est-ce qu’il faisait à Brazzaville avec ses armes? Dieu seul sait, peut-être les autorités du Congo-Brazzaville aussi. Nous sommes intéressés à avoir plus d’informations là-dessus». Comme des indications claires doivent être fournies sur la situation réelle du général Faustin Munene, également sous protection de Sassou. Udjani parti, Munene reste comme un caillou dans une chaussure.
KISUNGU KAS

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