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Tenke Fungurume révèle un clash entre le Dircab Guylain Nyembo et le ministre des Finances Nicolas Kazadi

La joint-venture Tenke Fungurume -TFM- est, en principe, une affaire entre deux associés, Gécamines SA et China Molybdenum Co -CMOC-, régis par une convention de collaboration. Gécamines SA y a des représentants, notamment le poste du Directeur général adjoint. Ainsi, tout litige entre les deux partenaires comme toute démarche dédiée à l’évaluation de leur partenariat doit se régler à travers les organes statutaires que sont le Conseil d’administration et l’Assemblée générale, avec possibilité de faire intervenir le ministre des Mines. Mais, depuis le 2 août 2021, sur instruction du président de la République, une commission ad hoc a été instituée pour évaluer la joint-venture TFM, précisément les redevances dues à la partie Gécamines SA sur les réserves supplémentaires de cuivre. Et cette mission d’évaluation est, depuis quelques jours, à l’origine d’un clash entre le Directeur de Cabinet du Chef de l’Etat, Guylain Nyembo, et le ministre des Finances, Nicolas Kazadi.  

En effet, les derniers courriers en disent long sur cette confrontation directe. Le Dircab du président de la République a allumé la mèche en accusant, dans un courrier choc transmis au responsable de CMOC, le 31 décembre 2021, le ministre des Finances et CMOC de «court-circuiter le processus déjà engagé», de faire «un affront vis-à-vis des résolutions pourtant prises devant le président de la République démocratique du Congo, à Kinshasa, en date du 10 novembre 2021» et d’avoir l’intention manifeste d’encourager TFM de se dérober de ses obligations conventionnelles vis-à-vis de la Gécamines SA».

Au responsable de CMOC, le Dircab Guylain Nyembo a rappelé que la Commission ad hoc et le cadre d’évaluation y généré avaient, entre autres, été constitués pour faire la lumière sur les faits reprochés à CMOC d’avoir volontairement dissimulé et sous-évalué les réserves prouvées probables et récupérables de TFM, privant ainsi la Gécamines SA de ses droits, et l’Etat congolais d’importantes recettes fiscales. En sa qualité de président de la Commission ad hoc, le Dircab du président de la République a dit n’avoir jamais délivré, à ce stade, aucun mandat de représentation au ministre des Finances, épinglé et interdit de s’immiscer dans ce processus.

Guerre de palais

Voici que Nicolas Kazadi s’est retrouvé dans des sales draps et est obligé de donner sa version des faits. A travers un communiqué officiel signé de la main de son chef de Cabinet, l’argentier national a, lui aussi, évoqué une «instruction de la Haute Hiérarchie» -NDLR: le président de la République- pour justifier sa correspondance du 24 décembre 2021 qui lui a valu les attaques du Dircab Guylain Nyembo. «Sur instruction de la Haute Hiérarchie, le ministre des Finances a, dans une correspondance du 24 décembre 2021 adressée au CEO de China Molybdenum Co, fixé la position de la RDC en rapport avec des investissements en cours et à venir. Il s’agit d’une position constante du gouvernement, reflétant sa volonté de totale transparence dans la promotion des investissements profitables à la RDC et d’amélioration continue du climat des affaires, en garantissant la fiabilité des engagements pris par la République, dans le respect du droit et de bonnes pratiques», a voulu rassuré le communiqué du chef de Cabinet des Finances.

Puis: «S’agissant des différends pouvant lier l’Etat à certains investisseurs, le ministre des Finances reste fermement attaché à sa politique et à celle du gouvernement visant le maintien d’un dialogue ouvert, franc, lucide, transparent et juste, qui a toujours caractérisé son approche avec tous les opérateurs du secteur privé, et qui contribue à l’amélioration des performances économiques globales de la RDC, à la satisfaction générale de tous les esprits éclairés et avisés».

Pas besoin d’un dessin pour comprendre que les deux hommes du président, notamment le Dircab Nyembo et le ministre Kazadi sont loin de s’accorder autour d’une démarche commune dans la gestion du dossier TFM. Si d’aucuns ont le sentiment que Nicolas Kazadi, favorable à la désignation d’un cabinet international, n’a pas nié les faits lui reprochés par le Dircab Nyembo et a cherché à se réfugier derrière un ordre du président de la République tout en faisant un rétropédalage, d’autres observateurs estiment que les dissensions étalées sur la place publique viennent accréditer la thèse de l’existence d’un groupe des collaborateurs du Chef de l’Etat opposés au redressement économique souhaité par tous pour des intérêts égoïstes.

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