Cette disposition prévoit le mécanisme de succession du président du parti en cas de décès, de démission, d’empêchement définitif…
De son vivant, dit-on, Etienne Tshisekedi ne facilitait pas les choses aux siens. Mort, il semble ne pas les faciliter non plus. Au moins, il n’est pas là pour qu’on lui reproche ce qui relève désormais de la responsabilité des dirigeants actuels de l’UDPS, à savoir la non application de l’article 27 des «Statuts tels qu’amendés en 1994 lors du Conclave de Bondeko et tels que modifiés et complétés lors du Premier Congrès de l’UDPS du 10 au 14 Décembre 2010»…
Longtemps cachée de l’opinion, cette disposition est ainsi libellée: «En cas de décès, de démission, d’empêchement définitif du président du parti, le président de la Convention démocratique du parti assume son intérim pour un délai ne dépassant pas 30 jours au cours desquels il est tenu de convoquer une session extraordinaire du Congrès en vue d’élire un nouveau président du parti; élection à laquelle il ne peut faire acte de candidature».
A l’UDPS, la priorité est pourtant aux funérailles. Normal. Le patron est mort. C’est ainsi que le secrétaire général et son staff, composé pour l’instant de Jean-Marc Kabund -secrétaire général-, Félix Tshilombo Tshisekedi -adjoint en charge des Questions politiques, juridiques, diplomatiques et communication-, Eteni Longongo -adjoint en charge des Questions socioculturelles et Genre- et Rubens Mukindo Muhima -adjoint en charge des Questions de stratégies, actions concrètes et manifestations politiques- semblent se substituer à la Convention -CDP.
Mais, ce qui peut paraître normal au commun des mortels ne l’est pas pour l’opinion avisée.
Aussitôt le décès d’Etienne Tshisekedi confirmé, c’est la CDP qui aurait dû convoquer le Congrès extraordinaire pour élire le nouveau président et faire rentrer les choses dans les normes.
Dans toutes les organisations communautaires, les choses se passent ainsi, sauf contraintes coutumières. A ce que l’on sache, l’UDPS n’est pas une structure soumise à ces contraintes. C’est un parti politique se voulant d’ailleurs moderne.
Aussi, aux partis occidentaux de l’Internationaliste socialiste comme le PS en Belgique, le PS en France, le PSD au Danemark, le PSI en Italie et le PS au Portugal, on ne peut pas comprendre que la succession du président d’un parti membre, et encore à la suite d’un décès survenu après plusieurs années de maladie, soit bloquée faute de fonctionnement de l’organe statutaire compétent.
Félix Tshisekedi Tshilombo n’a pas l’étoffe de relever
Pourquoi cet organe l’est-il depuis 2010? Manifestement, quelqu’un a décidé d’en empêcher la mise en place et le fonctionnement. Et c’est ici que le bât blesse!
En effet, sept ans durant, la CDP a été quasiment et volontairement été empêchée de faire son travail. Or, l’article 26 des statuts amendés lui reconnaît de grandes attributions, entre autres l’examen du «rapport de la situation générale du parti et de son fonctionnement présenté par la présidence du parti», «l’application des résolutions du Congrès», le «bon fonctionnement des organes du parti», la latitude se «prononcer sur les matières non réglementées par les Statuts», l’élaboration du «Règlement intérieur», l’élaboration du «Budget»… Comme on peut s’en rendre compte, la CDP, c’est le cœur, le moteur même de fonctionnement du parti.
Alors qu’il a eu tout le temps pour le rendre opérationnel -quitte à opérer des réglages nécessaires au fil de son évolution- Etienne Tshisekedi ne l’a pas fait. Il a certainement cherché à ne rendre compte à personne. C’est à croire que le Sphinx -à la tête de l’organe dénommé «Présidence du parti»- ne voulait pas assumer la responsabilité de faire rapport de la situation générale et du fonctionnement de l’UDPS à la Convention! Pendant sept ans donc, il a fait faire par d’autres organes les attributions statutaires de la CDP.
Conséquence: les lendemains incertains qui s’annoncent pour le parti et dont la parade, temporaire, trouvée est la marchandisation des funérailles.
Ce sera à la Darwin
Connu certainement du secrétaire général et de tous les membres du secrétariat national, l’article 27 apparaît comme un explosif! Assurément, personne ne veut prendre la responsabilité de le désamorcer, de peur d’y laisser sa peau. Pourtant, il va bien falloir qu’un tshisekediste se fasse hara-kiri.
Il se fait malheureusement que Félix Tshisekedi Tshilombo n’a pas l’étoffe de relever le défi. Son obsession pour le poste de Premier ministre s’explique. Et l’explication est dans l’article 97 de la Constitution qui dispose, en effet, que «Les fonctions de membre du gouvernement sont incompatibles avec l’exercice de tout mandat électif, de tout emploi public, civil ou militaire et de toute activité professionnelle à l’exception des activités agricoles, artisanales, culturelles, d’enseignement et de recherche. Elles sont également incompatibles avec toute responsabilité au sein d’un parti politique».
Félix se convainc probablement qu’une fois au gouvernement, et n’ayant plus officiellement des fonctions à exercer au sein de l’UDPS, il laissera les autres s’étriper. Quitte à ce que mort, pardon disparition s’en suive. Car si ce parti doit survivre, ce sera à la Darwin! Pourquoi alors mettre ses mains dans le cambouis?
Atout à mettre à profit
Les esprits avertis considèrent toutefois que c’est une fuite avant sans lendemains. Le père «protecteur» n’étant plus-là, on ne voit pas les grands acteurs politiques de la trempe des membres du G7, de Dynamique et d’AR se liguer autour du soldat Fatshi -contraction de Félix-Antoine Tshisekedi-, affaibli par l’ethnotribalisation du parti.
On ne voit pas non plus les 33 députés UDPS lui rester, maintenant que le spectre du «Vieux» n’est plus menaçant.
La suite se devine: Fatshi 1er ministre serait sans base politique à l’Assemblée nationale et au Sénat, encore moins dans les Assemblées provinciales. Sans politique non plus au sein du parti, il pèserait «léger» sur l’échiquier.
S’il prend conscience de ces réalités, il saura que c’est à lui, à lui seul qu’incombe la responsabilité d’actionner l’article 27, donc d’initier la convocation de la Convention pour l’élection du président du parti, peu importe qu’il soit candidat ou non.
C’est par cette voie, et seulement par cette voie qu’il réussira la formidable chose que son père n’a jamais réussie à faire jusqu’à sa 84ème année: la réconciliation au sein de l’UDPS. La liste est longue. Très longue. Trop longue même. L’élan de solidarité suscité par le décès d’Etienne Tshisekedi au sein des ex-Udépésiens est l’atout à mettre à profit.
Ainsi, entre la conquête d’une primature sur laquelle pèsent énormément d’hypothèques et la reprise en mains d’un parti ayant besoin d’un souffle nouveau, l’alternance politique plaide pour celle-ci. Honni soit mal qui y pense!
Serge NOLE
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