Chaque année, sur une période de 10 ans, SICOMINES financera la construction des routes pour USD 700 millions l’an
Alingete a joué, la RD-Congo a gagné et le contrat chinois va porter plus de fruits que prévus à son entame. En effet, Kinshasa et Pékin sont parvenus à un accord après revisitation des clauses du contrat chinois, jugé léonin dans sa forme initiale. Au nom de cet accord, Kinshasa va bénéficier de 7 milliards de dollars en dix ans, soit USD 700 millions l’an, affectés à la reconstruction des routes nationales.
Un premier décaissement, évalué à USD 300 millions, sera effectué en ce mois de janvier 2024; alors que le second, à hauteur de 400 millions, interviendra trois mois plus tard. Chaque année, la RD-Congo bénéficiera de ces décaissements financés par le projet SICOMINES.
Fruit de la vigilance de l’Inspection générale des finances -IGF-, la renégociation du contrat a été décidée par Kinshasa en mars 2023 après que, un mois plus tôt, Jules Alingete et ses hommes ont révélé un important « déséquilibre » dans cette convention conclue en 2008 entre les gouvernements congolais et chinois, sous Joseph Kabila.
Les enquêteurs de l’IGF ont notamment relevé des cas de «non-respect des dispositions des contrats, de l’inexécution des engagements contractuels et de subjectivité de certains actes posés par les parties».
Dans leur rapport dédié à l’audit du contrat chinois, ces enquêteurs ont déploré des disproportions contenues dans ledit contrat, décrit tel une «colonisation économique». Ce, au regard notamment du taux de réalisation des équipements prévus pour un coût total évalué à 6,5 milliards de dollars avant d’être réduit de moitié. En 14 ans, seuls 4,47 milliards d’USD ont été mobilisés dont seulement 822 millions pour les infrastructures dont l’existence réelle est difficile à prouver.
«Les entreprises chinoises ont déjà encaissé un gain évalué à près d’USD 10 milliards, tandis que la République n’a bénéficié que d’USD 822 millions de dollars en termes d’infrastructures. Faudra-t-il encore, dans les USD 822 millions, qu’on entre en profondeur pour réaliser qu’il y a aucune visibilité de cette somme», peut-on lire dans ce rapport, commandé par le Président Félix Tshisekedi.
Tout compte fait, le manque à gagner, selon l’IGF, s’élève à 7,37 milliards d’USD. Les Chinois, selon ce service présidentiel dirigé par Alingete, ne sont pas les seuls coupables dans ce manque à gagner.
«Le déséquilibre criant qui a été constaté, le bradage, la dilapidation de nos minerais constatés dans ce contrat a été également l’œuvre des fils égarés de notre pays, qui ont accompagné les entreprises chinoises dans cette œuvre macabre contre notre pays», a en plus regretté l’IGF dans ce rapport qui reprend 26 points d’irrégularités.
De quoi pousser l’IGF à recommander fortement au gouvernement RD-congolais, la renégociation de cette convention, axée sur un programme «ressources naturelles contre infrastructures».
Environ une année, c’est chose faite, Kinshasa ayant obtenu, grâce à la perspicacité d’Alingete, un pactole pour la construction des routes d’intérêt national.