
Modeste Bahati Lukwebo n’avait jamais fait mystère de ses ambitions pour la présidence du Sénat à défaut du strapontin de Premier ministre, du perchoir de l’Assemblée nationale ou du fauteuil présidentiel. Battu en juillet 2019 sur le score de 43 voix contre 65 voix par Alexis Thambwe Mwamba, lui préféré jadis par le FCC, il a finalement pris sa revanche sur ses anciens camarades mardi 2 mars 2021.
Alors qu’il n’avait pas abandonné l’idée de diriger la chambre haute du Parlement, Bahati a reçu les faveurs de Félix Tshisekedi, patron de la nouvelle coalition parlementaire du nom de l’Union sacrée, et de ses collègues sénateurs. Désigné pour conduire le ticket Union sacrée, il a été élu avec 89 voix sur 98 votants.
En presque 20 mois, l’ancien ministre d’État et ex-questeur sous Kabila, jugé indiscipliné par son ancienne famille politique et exclu du groupe, a connu toutes les situations. De la disgrâce, il est devenu celui qui a été choisi par Félix Tshisekedi pour porter les couleurs de l’Union sacrée au Sénat après avoir assumé avec succès la mission d’information lui confiée. Une mue incroyable que Bahati a patiemment réalisée.
Dès 2018, il se voyait déjà dans la peau du dauphin de Joseph Kabila mais le choix de l’ex-mentor, porté sur Emmanuel Ramazani Shadary, l’en avait empêché. Alors, il a dû attendre une nouvelle opportunité, en allant sérieusement travailler sur le terrain législatif, où il s’est tiré avec une quarantaine de députés nationaux et une centaine d’élus provinciaux. Mais quand il a voulu revendiquer les performances de son AFDC-A pour prétendre à la présidence du Sénat, il a subi les attaques et la punition du FCC.
Heure de gloire !
Tenace, il a saisi les Cours et tribunaux pour récupérer la paternité de son regroupement politique avant de voir venir son heure de gloire, plus d’une année après, à la faveur du rapprochement avec Félix Tshisekedi. Nommé informateur par ce dernier dans la nuit du 31 décembre 2020 au 1er janvier 2021, certains lui ont prêté l’intention de vouloir succéder à Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Non, Tshisekedi le voit mieux à la direction de la Chambre haute, en remplacement d’Alexis Thambwe Mwamba.
Et a commencé sa mue. Finies les revendications publiques des postes, qui avaient fait un peu sa marque depuis les années Mobutu et Joseph Kabila. Il fallait changer pour passer de la sympathie envers l’informateur à la confiance totale à l’égard du dauphin constitutionnel du Président de la République. En se montrant utile et très appliqué dans l’identification de la nouvelle majorité parlementaire, et en se plaçant dans le rôle de l’un des sensibilisateurs à la vision de l’Union sacrée chère à Félix Tshisekedi.
Appel à travailler pour la bonne gouvernance et l’abandon des anti-valeurs
Bahati a réitéré mardi cet engagement à la sensibilisation en appelant tous et chacun, sous la bannière de l’Union sacrée, à travailler pour “la bonne gouvernance, l’abandon des antivaleurs et des mauvaises pratiques du passé en se mettant désormais au service du peuple congolais…”
Il a mis “en exergue l’impérieuse nécessité de non seulement travailler ensemble dans l’unité nonobstant toutes divergences pouvant surgir mais aussi et surtout de mettre le Sénat à l’écoute du peuple et des provinces”.
Bahati est convaincu que la chambre haute du Parlement devra œuvrer, par son bureau, à asseoir des véritables passerelles de collaboration, des cadres de concertation avec toutes les institutions de la République, notamment le Président de République, l’Assemblée nationale, le gouvernement, les cours et tribunaux ainsi que les institutions d’appui à la démocratie.
“Le Sénat s’appliquera pour que les recommandations qu’il formule à l’endroit de l’Exécutif ne se limitent pas dans les tiroirs”, a assuré cet ancien ténor de la Société, promettant de veiller scrupuleusement à cette question.
AKM