«Il ressort de ce tableau que la direction générale sortante a pris des engagements financiers qui n’ont pas profité à la société. Certaines sommes d’argent disponibilisées par le gouvernement et celles empruntées auprès des tiers n’ont pas servi aux besoins exprimés et, de plus, ne se retrouvent pas dans la caisse de la société…», a fait savoir la PCA Vicky Katumwa
Les nouvelles ne sont pas bonnes à la Société congolaise des transports et des ports -SCTP. Depuis un bon moment, cette entreprise publique traverse une période de vache maigre. Selon la Présidente du Conseil d’administration de cette entreprise publique, Vicky Katumwa, les causes sont aussi bien endogènes qu’exogènes. Mais, elle a pointé du doigt l’ancien comité de gestion dirigé par Kimbembe Mazunga d’avoir ruiné en gros l’entreprise. «La situation de crise actuelle que traverse la SCTP est consécutive notamment à la mauvaise gestion du comité Kimbembe, à la conjoncture économique que traverse le pays actuellement ainsi qu’à la concurrence dont fait face l’entreprise dans ses différents ports», a-t-elle fait savoir lors de la conférence de presse tenue lundi 26 juin.
La PCA Vicky Katumwa tire à boulet rouge sur l’ancien DG de la SCTP Kimbembe Mazunga. Au cours d’une conférence de presse organisée lundi 26 juin, elle a souligné que la Société congolaise des transports et des ports -SCTP- fait les frais de la mauvaise gestion de l’ancien comité dirigé par Kimbembe Mazunga. «Il n’est pas question de chercher un bouc émissaire. La situation est réelle, l’ancien comité a mal géré… Le comité de gestion de Kimbembe Mazunga a contracté plusieurs contrats avant son départ auxquels le comité actuel doit faire face», a-t-elle expliqué. Dans un tableau dressé devant la presse, la PCA Vicky Katumwa renseigné que la direction générale sortante a pris des engagements financiers qui n’ont pas profité à la société.
«Certaines sommes d’argent disponibilisées par le gouvernement et celles empruntées auprès des tiers n’ont pas servi aux besoins exprimés et, de plus, ne se retrouvent pas dans la caisse de la société. A l’heure actuelle, la société s’emploie non seulement à faire face aux charges de fonctionnement actuelles, mais aussi à rembourser les dettes contractées sans contrepartie», a renchéri la PCA Katumwa. A l’en croire, les gestionnaires actuels sont, en effet, obligés de payer chaque mois USD 3.000.000 pour le service de la dette, USD 4.000.000 pour la paie mensuelle du personnel, USD 1.800.000 pour le remboursement par compensation auprès des clients. Ils doivent également payer USD 2.000.000 pour les intrants et autres charges récurrentes de la société, soit un total d’USD10.800.000 des charges.
La PCA Vicky Katumwa a renseigné que la SCTP SA ne dispose que de plus ou moins USD 3.900.000 chaque mois. Des faibles recettes causées, selon elle, par le fait que la SCTP a perdu le trafic des produits miniers et agricoles sur la voie nationale ainsi que le monopole sur le secteur de transport suite à l’octroi des permis d’exploitation du secteur à des privés dans le cadre de la libéralisation économique. «Depuis l’effondrement de la GECAMINES et de la privatisation du secteur minier, sans oublier la fermeture des entreprises exportatrices des produits agricoles, la SCTP SA, avec ses unités de transport mastodontes, éprouve de difficultés énormes pour trouver la charge», a-t-elle déclaré.
Pour elle, les ports maritimes de la SCTP ont contribué de manière considérable aux chiffres d’affaires de la société, soit environ 95%. Depuis quelques années, ce secteur a commencé à enregistrer l’arrivée des ports concurrents. «La mise en service, en juin 2016, d’un nouveau port privé à Matadi, dénommé Matadi Gateway Terminal, a eu une incidence sur l’exploitation du Port de Matadi étant donné que les deux ports se partagent le trafic en conteneurs. Les dernières statistiques à notre possession indiquent que ce nouveau port traite environ 65% du trafic conteneurisé. A cela s’ajoute la conjoncture défavorable observée au niveau tant national qu’international due à la récession de l’économie mondiale», a démontré la PCA Vicky Katumwa.
A l’en croire, le Port de Matadi, thermomètre de l’économie au niveau de l’Ouest de la République, enregistre une baisse drastique du nombre des navires, soit en moyenne 4 navires par mois, alors que le même port recevait 8 bateaux par semaine avec un minimum de 24 navires par mois. Ce n’est pas tout. Selon la PCA, la réhabilitation du bateau ITB Kokolo, son exploitation pose problème à cause des coûts d’exploitation exorbitants y relatifs. Au cours de ses deux premières rotations Kinshasa-Kisangani-Kinshasa, il fallait mobiliser par rotation autour d’USD 270.000 par voyage au titre de frais d’exploitation. En retour, a-t-elle poursuivi, la Société avait une perte sèche de plus d’USD 150.000. C’est ainsi que la SCTP SA a les yeux tournés vers le gouvernement pour la subvention de l’exploitation de cette unité qui fait la fierté de la RD-Congo.
Une autre réalité qui scelle, selon elle, le malheur que connaît la SCTP SA aujourd’hui, suite à la mauvaise gestion du comité sortant. «Habituée à évoluer dans un environnement économique de monopole et confrontée à la concurrence au niveau de toutes ses exploitations, la SCTP SA est appelée aujourd’hui à repenser ses méthodes de gestion pour résister», a-t-elle conclu. Quant au mouvement de grève des agents qui secoue la SCTP, la PCA Vicky a dénoncé une main noire derrière ce mouvement. Elle a appelé les grévistes à cesser les manifestations et à se remettre au travail, tout en s’engageant à trouver des réponses à leurs revendications.
Christian BUTSILA
Olitho KAHUNGU
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