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Crise de carburants: Budimbu à bout de souffle

Le cabinet des hydrocarbures rattrapé, des stations-services en rupture de stock à Kinshasa

Jeudi 1er septembre, le ministre des Hydrocarbures, Didier Budimbu, a répondu présent à la Conférence internationale sur le pétrole, le gaz et l’énergie au Centre international de conférences Abdou Diouf -CIDAD- de Dakar, à laquelle ont participé les leaders régionaux du domaine. Le 5 septembre à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, une sévère pénurie de carburants a coïncidé avec la rentrée des classes, affectant durement la vie quotidienne de la population.

La même situation a été observée mardi 6 septembre avec les scènes des centaines de véhicules attendant un hypothétique approvisionnement devant les stations-services fermées pour la plupart et des milliers de personnes contraintes de patienter pendant des heures aux arrêts où bus, taxis-bus et taxis se comptaient désormais sur les doigts de la main. Alors que les stations en rupture de stock ont commencé à demeurer le plus souvent à sec, les transporteurs ont levé l’option de se tourner vers le marché noir, où le litre se négocie désormais autour de 4500 francs congolais, près de deux fois le prix à la pompe.

La pénurie décriée a entraîné une hausse subite des prix du transport, qui risque de provoquer, à son tour, une augmentation vertigineuse des prix des biens de consommation courante du fait de la spéculation. Depuis lundi soir, il fallait débourser 2500 francs congolais pour joindre Rond-point Huileries et Super Lemba. Pourtant, les transporteurs ont investi les médias depuis deux semaines pour sonner en vain le tocsin, après qu’un régulier de Brussels Airlines a annulé son vol Kinshasa-Bruxelles. Même si cette annulation en disait long, le ministre des Hydrocarbures avait préféré assurer avoir le contrôle de la situation.

Du côté de SEP Congo, le Directeur du Département Exploitation avait choisi, lui aussi, de confirmer qu’il n’y a nullement manque de produits pétroliers, garantissant qu’en début de septembre, le pays sera approvisionné avec de nouveaux navires.

À la période annoncée, tous n’ont eu que leurs yeux pour pleurer. Entre l’ardoise des pétroliers et le retard dans les ravitaillements, quelqu’un n’a pas bien fait son travail. À bout de souffle, le ministre Budimbu s’est servi de son Cabinet pour passer aux aveux et reconnaître finalement que la pénurie de carburants est effective et que le pays frôle la rupture. «Dans le souci d’éviter la rupture totale de l’essence, en concertation avec les entreprises opérant dans le secteur pétrolier, le ministère s’est résolu à appliquer le plan de contingentement, en vue de faire baisser de 1100 m³ à 660 m³/jour la consommation en essence dans la ville Kinshasa», a-t-on lu sur le compte Twitter officiel des Hydrocarbures.

Puis un autre message avec quasiment les mêmes mots trahissant la panique: «Dans le souci d’éviter la rupture totale, le gouvernement, en concertation avec les entreprises opérant dans le domaine, s’est résolu à appliquer le plan de contingentement, en vue de faire baisser de 1100 m³ à 660 m³/jour la consommation en essence dans la ville rien que pour l’essence ainsi que le jet».

C’est bien de se réveiller mais c’est en retard parce que la baisse, évaluée à 40%, est énorme. Inutile de rappeler à Budimbu que gouverner c’est prévoir. Important aussi de lui faire remarquer qu’il devait s’y mettre un peu plus tôt pour éviter au pays pareil spectacle, que de telles erreurs se paient cash. Prenant cependant la défense du ministre, certains proches du dossier ont expliqué qu’en ce qui concerne le jet, le navire assurant le ravitaillement est au quai de Banana réceptionné par SOCIR depuis samedi 3 septembre.

À les en croire, la cargaison devra remonter à Ango-Ango, aux environs de Matadi pour son acheminement vers Kinshasa: ce qui devrait prendre une semaine. Les mêmes sources ont expliqué qu’en revanche, pour l’essence, le bateau est attendu le 14 septembre courant, et pendant ce temps, le gouvernement s’apprête à payer le manque à gagner des sociétés pétrolières pour leur permettre de s’approvisionner.

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