Toute tendance confondue, le gotha politique RD-congolais a exprimé son indignation face à la «honteuse» destitution du gouverneur et jeune frère de l’ancien Président, Zoé Kabila. L’indignation est telle que certains acteurs politiques se questionnent sur l’effectivité de l’Etat de droit tant vantée ces derniers jours.
Député national et membre de l’Union sacrée pour la Nation -USN-, André-Claudel Lubaya a, via Twitter, donné le ton de la dénonciation en fustigeant: «Quelques graves qu’aient été les faits reprochés au gouv Zoé Kabila, l’idéal et la règle auraient été qu’il ait droit à la défense, principe clé de l’Etat de droit, qui exclut l’arbitraire». La pilule est tellement amer à avaler pour Lubaya qu’il s’est vu contraint de qualifier la RD-Congo «d’Etat faible», car elle «ne respecte pas ses propres lois».
Géneviève Inagosi du Front commun pour le Congo -FCC-, a eu cette lecture: «Dans un état qui se dit de droit, des choses comme ça ne peuvent pas être tolérées. La procédure est illégale. Enclencher une procédure de destitution en son absence, va à l’encontre du principe de droit». Cette lecture, l’élue de Wamba la fonde sur un «principe élémentaire de droit» qui stipule: «nul ne peut être condamné sans avoir usé de son droit de défense». Elle est allée jusqu’à crier à l’injustice. «Programmer une plénière vous décidez quand même de le destituer, alors qu’il est à Kinshasa, ça ce n’est pas la justice», a-t-elle cogné, pendant que son collègue de l’Union nationale pour le Congo -UNC- Juvénal Munubo, élu de Walikale, en est allé sur un ton interrogatif teinté d’ironie. «Alors, le Gouverneur Zoe Kabila de la province de Tanganyika destitué pour avoir mal travaillé ou puisqu’il est resté au FCC?», se questionne-t-il sur Twitter, relançant ainsi le débat sur les réelles motivations à la base du ralliement de l’USN par certains acteurs politiques. Nombreux sont ceux qui, dans l’opinion, estiment que la corruption et la sauvegarde des intérêts personnels des politiciens, constituent les motifs pour lesquels les rangs de l’USN se sont agrandis en vitesse d’éclair.
Déjà, dans l’affaire de destitution du gouverneur de Tanganyika, certaines sources rapportent que la tête de Zoé Kabila a été obtenue moyennant USD 2.000 pour chacun des 13 députés signataires de la motion de défiance à l’origine de sa déchéance. C’est ce qu’a laissé entendre la sénatrice Francine Muyumba qui a publié une liste portant la mention «Union sacrée Tanganyika» et reprenant nom, numéro de téléphone, montant perçu -USD 2.000- et signature des 13 députés ayant signé et voté pour la motion de défiance à l’encontre de Zoé Kabila.
«Politique bon marché», a regretté cette élue des élus du camp Kabila, non sans saluer l’œuvre de Zoé Kabila, identifié par certaines personnes comme «le meilleur gouverneur sous l’ère Fatshi». «Tu es le meilleur frère Zoé Kabila. Mieux qu’eux, bien mieux. L’avenir est prometteur. La honte du siècle», a-t-elle commenté.
Visé par une motion de défiance, Zoé Kabila a été déchu, jeudi 6 mai 2021, de son poste de gouverneur du Tanganyika. La motion de défiance émise à son encontre a été votée par 13 des 25 élus constituant cette chambre législative, sans que Zoé Kabila, «bloqué à Kinshasa», n’ait pu présenter ses moyens de défense.
Les 12 autres députés de l’Ase ont dénoncé cette destitution, exigeant l’annulation pure et simple de ce vote et donc la réhabilitation du gouverneur Zoé Kabila.
Laurent OMBA