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RDC : Tshisekedi balise la voie à l’investiture de Sama

Le Premier ministre est attendu ce lundi à la Chambre basse du Parlement pour présenter et défendre son programme d’action en vue de son investiture. Les députés sont donc mis devant leurs responsabilités…   

Les esprits s’apaisent. Les échos en provenance de l’Assemblée nationale sont rassurants. Les députés nationaux sont convoqués en plénière ce lundi 26 avril à 10 heures. Le rapporteur de la Chambre basse, Joseph Lembi Libula, annonce qu’un seul point est inscrit à l’ordre du jour, à savoir: «l’audition du programme du gouvernement» de Sama Lukonde. La convocation de cette plénière intervient 48 heures après que les élus de l’Union sacrée de la nation aient échangé avec le Président de la République le samedi 24 avril après avoir rencontré le Premier ministre un jour avant. Sans mâcher les mots, Félix Tshisekedi leur a demandé d’investir le gouvernement Sama, soulignant qu’il est pour le moment «bloqué pour prendre des décisions» sans l’Exécutif.

Plus de spéculation. L’investiture du gouvernement Sama Lukonde est imminente. Tout s’est joué le week-end quand les élus de l’Union sacrée qui ont rencontré le Premier ministre après le dépôt du programme gouvernemental à l’Assemblée nationale et la plénière avortée du vendredi 23 avril, ont également été reçus par le Chef de l’Etat le samedi 24 avril. C’était dans un chapiteau plein à craquer que l’initiateur de l’Union sacrée de la nation -USN-, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a échangé avec les députés nationaux, sénateurs et ministres de la nouvelle majorité parlementaire.

Sans tergiverser, Fatshi s’est offert cette opportunité pour dissiper tous les malentendus et autres suspicions, appelant d’une façon claire, surtout les députés nationaux, à se mettre au travail et à investir rapidement le gouvernement de la République. Tshisekedi semble maitriser le climat qui prévaut actuellement en RD-Congo sur tous les plans, y compris les propos diaboliques de ceux qui maudissent la RD-Congo en lieu et place de la bénir.

«Nonobstant les mauvaises langues et prophéties des malheurs, avec votre présence, l’USN est bel et bien indivisible», a fait savoir le Chef de l’Etat, soulignant en passant: «Je vous rends hommage, comme autrefois lors du changement politique pacifique qui s’est déroulé dans notre pays, sans heurt ni effusion du sang». Toutefois, il a reconnu que maintenant le plus dur reste à faire, revenant sur son appel du 6 décembre dernier: «le travail commence et que cela ne souffre d’aucune contestation juridique».

Comme le Maréchal Mobutu qui avait reconnu en son temps que le Chef de l’Etat n’est pas un magicien et que seul il ne peut rien, Tshisekedi fait de même. «Je compte sur vous pour que nous réalisions nos promesses faites au peuple. Ce dernier qui nous a acclamés peut aussi, demain, nous descendre à cause de nos propres turpitudes. J’étais déçu du fait que nous avons voulu souiller notre propre action», a-t-il dit.

Et de poursuivre: «je vais envisager avec vous l’avenir. J’ai entendu qu’il y avait des mécontents. Ceci ne se justifie plus parce que le gouvernement est là. Il est impossible que tout le monde soit nommé ministre. Je vous demande d’être solidaires avec ceux qui sont là». Puis: «Nous avons besoin du travail du gouvernement pour notre survie politique. Tous, voulons revenir comme élus, et alors, cela passe par la solidarité et la discipline. Ou nous y croyons ou nous perdons du temps». Puis encore: «Je demeure inscrit dans la logique de ‘Peuple d’abord’. Nous sommes programmés pour servir ce peuple. Le décor présenté était négatif. Rectifions le tir».

Bloqué faute du gouvernement responsable

Déterminé, mais avec élégance, il a reconnu que les choses bloquent, car rien ne peut se faire sans un gouvernement responsable. «Je suis bloqué pour prendre des décisions à cause de l’absence du gouvernement. Si vous voulez avancer, donnez-moi ce gouvernement pour apprécier ce que nous allons faire», a-t-il sollicité, mettant l’accent sur ce qui devrait être fait d’urgence: «La priorité est la paix à l’Est et au Grand Nord. Je suis heureux parce que vous avez pris ce problème à bras le corps. Face à l’ennemi visible et invisible mettons-nous ensemble. Je tiens à l’amélioration des conditions de vie de la population. Le manque d’un gouvernement investi a un impact immédiat sur notre économie. J’ai besoin que nous allions vite en besogne si nous ne voulons pas récolter la colère de notre peuple».

Pour le Président de la République, la situation à l’Est du pays devient urgente. C’est pourquoi, il attend des élus, le changement, précisant: «Je ne viens pas avec des méthodes monarchiques ou d’une autorité morale. Que chacun apporte sa pierre à l’édifice». Le temps étant un facteur important la gestion qui se veut orthodoxe, Félix Tshisekedi a également imparti le temps aux parlementaires. «Dès la fin de la session de mars, je souhaite que chaque député retourne dans son fief. Le gouvernement doit trouver quelque chose pour vous permettre à faire votre travail. Nous attendons pour le mois de septembre les besoins réels de la population au niveau de nos provinces», a-t-il promis, insistant surtout sur: «Je vous demande d’adopter le programme du gouvernement. Plusieurs réformes sont attendues comme par exemple celle du processus électoral. Nous devons tordre le cou à ceux qui disent que nous voulons éviter les élections».

Elections en 2023

Et de rassurer: «Regardez ma bouche! Il y aura bel et bien élections en 2023. J’ai grandi dans la moule démocratique. Le souci est de ne plus avoir des contestations au lendemain de nos élections. Nous devons avoir un processus électoral crédible pour que tous puissent avoir la même lecture. Nous n’avons aucune intention de fuir les élections. Nous allons les affronter la tête haute. Ne nous laissons pas manipuler par les Réseaux sociaux et des pseudos journalistes. On n’est pas là pour s’éterniser au pouvoir».

Devant ses hôtes, Tshisekedi a également évoqué la question brulante du recensement de la population. Pour lui, l’identification n’est pas un obstacle pour ne pas aller aux élections. Il estime qu’il est possible de faire l’identification et concomitamment avoir des élections. «Nous devons, finalement, savoir qui est Congolais et qui ne l’est pas», a-t-il martelé. Concernant d’autres réformes aussi importantes.

Félix Tshisekedi a proposé que l’on puisse étudier minutieusement la question de la nationalité et faciliter «le retour de nos compatriotes ayant deux nationalités. La réforme de la justice devrait être entreprise». Ce n’est pas tout, Fatshi s’est également appesanti sur la corruption, le détournement des deniers publics, les coulages des recettes ainsi que le pillage des ressources naturelles de la RD-Congo. Son appel sur ces points est interpellateur: «Arrêtons de voler notre pays. Nous sommes détenteurs de + de 60% des minerais prisés à travers la planète. Si nous dormons, on va nous faire la guerre et prendre le contrôle de notre pays. Et après ils vont nous abandonner après avoir exploité jusqu’à la lie».

Il a émis le vœu de voir, dans 50 ans, les RD-Congolais vivre heureux et libres. Et de conclure: «je ne veux pas vous promettre. On trouvera des voies et moyens pour que tout le monde soit dans la dynamique». Par cette rencontre, Tshisekedi a prêté mains fortes à son Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, attendu ce lundi au Palais du peuple pour présenter sa feuille de route et obtenir le feu vert de l’Assemble nationale. Les élus prennent donc date avec l’histoire. Ils sont appelés à agir vite en tenant compte de l’urgence qui impose l’investiture du gouvernement afin de s’occuper des problèmes du peuple. Une fois installée, l’équipe Sama n’aura aucun temps de grâce au regard des défis à relever. Les actions prévues visent à consolider un Etat fort, prospère et solidaire. 

Octave MUKENDI

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