Dossier à la UneDossier spécial électionsPolitique

RDC : son mandat validé, SK Della dans la peau de sénateur

En RD-Congo, Salomon Kalonda est définitivement sénateur. Son mandat a été validé le jeudi 6 juin 2024 alors que la veille, telle une star mondiale du ballon rond, le spécial de Moïse Katumbi a été accueilli au Palais du peuple, pour sa première apparition publique depuis son arrestation fin mai 2023, sous des ovations et dans une ambiance électrique.

C’est parti pour une législature de la Chambre haute du Parlement RD-congolais avec Salomon Kalonda. Le conseiller spécial de Moïse Katumbi, arrivé deuxième à la présidentielle de décembre dernier, a lancé son mandat au Sénat le mercredi 5 juin dernier en se pointant auprès des services administratifs pour se faire enregistrer. Un exercice plutôt ordinaire qui a pourtant fait tache d’huile, tant Kalonda, après un séjour médical de plus de deux mois en Belgique, a retrouvé Kinshasa, la capitale RD-congolaise.

Il a drainé un monde fou pour sa première apparition publique à Kinshasa depuis son arrestation il y a plus d’un an. De quoi passer pour la star du mercredi 5 juin au Sénat, créant un événement sans précédent, selon des habitués des travées du Palais du peuple. En effet, ce haut-cadre d’Ensemble pour la République, parti de Moïse Katumbi, Salomon Kalonda a violemment été arrêté le 30 mai 2023 sur le tarmac de l’aéroport de N’Djili alors qu’il s’apprêtait à retrouver Lubumbashi en compagnie de Moïse Katumbi. A la suite de cette arrestation, Kalonda a jeté à la prison militaire de Ndolo.

«Officiellement, on lui a reproché le port d’une arme qu’il n’a jamais eue dans une manifestation à laquelle il n’a jamais participé. Ou encore des contacts imaginaires avec des officiels rwandais», a récemment déploré un des avocats de SK Della.

Pour autant, le moins que l’on puisse dire, c’est que, malgré la prison, Salomon Kalonda n’a pas perdu son temps. Elu haut-la-main député provincial de Kindu en décembre (il est la personnalité politique de la province à avoir obtenu le plus grand nombre de voix), il a récidivé quatre mois plus tard, en avril de cette année, en se faisant élire sénateur dans une autre province, le Haut-Katanga, avec 11 voix sur 11 du côté de l’opposition.

A un journaliste qui pointait du doigt la très faible représentation de l’opposition au Sénat -à peine 3 sénateurs sur la centaine déjà élue-, M. Kalonda a rétorqué que « pour défendre des causes justes, le nombre importe peu. Autant on a besoin du nombre pour exister politiquement, autant on a pas besoin du nombre pour plaider les causes justes », a-t-il souligné, précisant qu’«aujourd’hui, les causes justes, c’est le bien-être de la population».

L’opposant, flanqué de Francis Kalombo d’un côté et Dieudonné Bolengetenge de l’autre, deux responsables d’Ensemble jusque-là en froid, a toutefois plaidé pour une meilleure représentation de l’opposition au Bureau du Sénat. « Il ne faut pas réduire l’opposition à un rôle protocolaire. La démocratie respire avec l’opposition. S’il n’y a pas d’opposition dans un pays, il n’y a pas de démocratie. Nous avons choisi l’opposition républicaine. Eh bien, ça doit se voir dans les institutions », a-t-il martelé, regrettant qu’au Bureau de l’Assemblée nationale, l’opposition ne s’est vue attribuer que le poste subalterne de rapporteur adjoint.

Mais c’est sans doute le propos sur le projet, prêté au pouvoir, de modifier la Constitution qui a attiré le plus l’attention. « Dans cette chambre que j’appellerais la chambre des sages, j’aurais un conseil sage à donner. Le pays est très fragile. Il ne faut pas le fragiliser davantage. Il faut donc se garder d’entreprendre toute action qui fragiliserait encore davantage le pays », a tonné l’opposant, réputé pour ses qualités de stratège.

Mais pas plus les Congolais que les observateurs internationaux ne sont dupes. « Si Salomon (Kalonda) a été arrêté, c’est pour faire dérailler la campagne électorale de Moïse Katumbi. Et ça a fonctionné. Son absence s’est faite cruellement sentir. Avec Salomon, les choses auraient pu se passer différemment », commente avec amertume un haut-cadre d’Ensemble. Un avis largement partagé au sein du parti.

Salomon Kalonda devrait siéger au Sénat une quinzaine de jours avant de repartir à Bruxelles pour y subir des soins. « Peut-être qu’on me voit aujourd’hui et que l’on dit : Ah, il est en bonne santé. La réalité, c’est que je dois continuer de me battre contre la maladie. Je devrais donc retourner (à Bruxelles) pour continuer les soins, me remettre définitivement sur pied pour remplir mon mandat ». Mais Salomon Kalonda ne devrait pas s’attarder dans la capitale belge. La prochaine audience dans le cadre de son procès a été fixée au 3 juillet prochain. « Salomon est innocent. Son dossier est vide. Aucune des accusations portées contre lui ne tient. Tout ça n’a été qu’une cabale politique. Mais la vérité a fini par éclater. C’est pourquoi nous avons bon espoir que les accusations portées contre lui soient levées », veut croire un de ses proches.

Autrefois essentiellement connu pour être le bras droit de Moïse Katumbi, Salomon Kalonda a sans conteste pris de l’épaisseur politique. L’accueil qu’il a reçu ce mercredi au Sénat vient le confirmer.

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page