La contrebande et le commerce illicite de carburant sapent les perspectives économiques de la République Démocratique du Congo. Ils génèrent des pertes importantes au détriment du Trésor public estimées à plusieurs centaines de millions de dollars par an, a fait savoir Aimé Sakombi Molendo, le ministre des Hydrocarbures, lors du lancement officiel, mardi à la Base Sep-Congo de Lubumbashi, du Programme de marquage moléculaire des produits pétroliers dans la zone Sud, nouvelle réponse du gouvernement à la fraude dans le secteur.
Installé fin décembre 2023 à Lubumbashi, Sakania, Kolwezi et Kalemie, par Mamo SA avec le concours du groupe américain Authentix, le Programme de marquage moléculaire des produits pétroliers -PMMPP- est, de l’avis de Sakombi Molendo, «un outil par excellence dont dispose le gouvernement» via son ministère «pour lutter efficacement contre le commerce illicite organisé par des cartels quasi institués».
La réforme a l’avantage de rapporter des recettes substantielles au Trésor public. Le marquage se fera sur les carburants terrestres, notamment l’essence, le gasoil et le pétrole lampant de qualité douteuse provenant de l’étranger. Il s’agit aussi pour le gouvernement de combattre le frelatage ou mélange des produits pétroliers, les fausses déclarations de type des produits et des quantités importées ainsi que les fausses exportations et détournement des destinations.
Traque imminente via la Brigade des hydrocarbures
La molécule chimique injectée dans les citernes en provenance de l’étranger joue le rôle de traceur sans en détériorer le produit lui-même, partant de son point d’embarquement jusqu’à la livraison. Le programme de marquage a commencé depuis 2016 sur l’ensemble du territoire national et il est sanctionné par la signature d’une fiche marquant le passage des équipes de suivi du contrôle de marquage moléculaire des produits pétroliers du ministère des Hydrocarbures.
Lundi, le ministre Sakombi a visité notamment les laboratoires de Mamo SA et le Site de marquage de Kimbembe, le dernier poste de péage à l’entrée de la ville de Lubumbashi. Ici, aucun camion-citerne chargé de carburant ne passe si le conducteur n’a pas reçu son Certificat de marquage et un PV de changement des scellés. Des équipes du ministère des Hydrocarbures, de la Direction générale des douanes et accises -DGDA- et MAMO SA veillent au grain.
Ce mercredi, Sakombi fait le déplacement de Kolwezi, dans la province voisine de Lualaba, pour lancer le même dispositif anti-fraude. D’avoir lancé cet important programme gouvernemental dans la Zone Sud, principalement dans le Grand-Katanga, où l’exploitation minière absorbe 80% du volume de consommation du carburant et donc favorise la fraude, le ministre des Hydrocarbures a ainsi lancé la traque contre les contrebandiers.
Ce pistage sera assuré par la Brigade des hydrocarbures dont le déploiement va débuter le 15 septembre dans les stations-service, les entreprises minières et autres entrepôts, suivi de la campagne de contrôle non répressif à partir du 1er octobre. «Le 1er novembre va consacrer le début des opérations de contrôle répressif, assorti de la stricte application du barème des sanctions, avec possibilité de retrait du titre», a averti Sakombi Molendo, précisant que les amendes varieront entre 5.000 dollars et 10.000 dollars par M3, et appelant à l’implication du gouverneur du Haut-Katanga Jacques-Kyabula, présent à la cérémonie, pour le succès du programme.
Kyabula a non seulement salué l’intensification des efforts du gouvernement dans la lutte contre la fraude dans le secteur des hydrocarbures, il a aussi et surtout promis l’accompagnement de la Province. Rejoints par le ministre des Mines, Kizito Pakabomba, le ministre des Hydrocarbures et le gouverneur du Haut-Katanga ont pris part à la séance de sensibilisation à l’égard des pétroliers et des entreprises minières opérant à Lubumbashi.
Kizito Pakabomba s’est engagé à soutenir la feuille de route de son collègue des hydrocarbures, promettant des sanctions sévères à l’endroit de tout opérateur minier qui tenterait d’entraver la mise en œuvre de cette nouvelle mesure. Toutefois, il a promis de plaider auprès de son collègue des Hydrocarbures au cas où les opérateurs miniers auraient des doléances. De leurs côtés, les pétroliers de la région ont salué ce programme du gouvernement qui vise à assainir le secteur.