Les élections «chaotiques» du 20 décembre dernier n’ont pas fini de produire des conséquences fâcheuses. A la suite du spectacle des invalidations des candidats aux législatives, livré par la Commission électorale nationale indépendante -CENI- le vendredi 5 janvier dernier, Peter Kazadi, vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, est monté sur scène et a fait son show en décidant de limoger trois gouverneurs de province.
La prestation de Kazadi, intrinsèquement liée à celle de l’expert Kadima, nuit aux trois gouverneurs, accusés par la CENI de fraude électorale. Gentiny Ngobila de Kinshasa, Bobo Boloko de l’Équateur et César Limbaya de la Mongala sont frappés par la mesure du VPM de l’Intérieur, contenue dans une circulaire produite le jeudi 11 janvier. Cette même circulaire renseigne que les vices des gouverneurs ainsi limogés seront désormais aux commandes des provinces.
A Kinshasa, l’UDPS Gérard Mulumba dit Gecoco remplace Gentiny Ngobila… enfin. Les deux hommes n’ont plus été en odeur de sainteté ces derniers mois, à en croire les sorties médiatiques de Gecoco critiquant frontalement et publiquement la gestion de Ngobila. Ce dernier, déjà traîné dans un conflit rocambolesque contre le président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa -APK-, Godé Mpoyi, a été livré mardi à la justice en toute célérité dès lors que le procureur près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, a sollicité de l’organe délibérant l’autorisation de le poursuivre sur base des accusations formulées par la CENI.
Sale temps pour l’homme de «Kin Bopeto» qui sort de la capitale par la petite porte en dépit de quelques réalisations encourageantes lors de son mandat, particulièrement en matière d’infrastructures routières. Gentiny Ngobila, comme de nombreux autres candidats invalidés, a désormais les yeux rivés vers le Conseil d’État, saisi en contestation de la décision de la Centrale électorale mettant hors course 82 candidats aux législatives.
Dans son entourage, l’on dénonce un complot fomenté par des cadres de l’UDPS, parti au pouvoir dont le VPM Kazadi et le désormais gouverneur ai Gecoco sont membres, dans le but de «stopper l’ascension» de l’Alliance des Congolais progressistes -ACP.
Comme l’entourage du désormais ex-gouverneur de Kinshasa, des juristes contestent également la démarche ayant conduit à l’éviction de Ngobila, truffée, selon eux, de nombreuses irrégularités. Ces orfèvres de la Loi ne dénoncent notamment la célérité de l’Assemblée provinciale de Kinshasa à autoriser les poursuites contre Ngobila alors que celle-ci est normalement fermée depuis octobre 2023 sur décision du VPM Kazadi. Revenant à la charge jeudi, un autre juriste a démoli le télégramme du patron de la territoriale. «Ce document est juridiquement de nul effet car comportant une référence de 2023 alors qu’il a été signé en 2024. De plus, il ne mentionne nulle part le sort de gouverneurs. Sont-ils limogés ou suspendus? Personne ne saurait le dire. Ajouter à cela le fait que la justice n’a toujours pas établi les faits leur imputés», regrette-t-il.