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RDC : Nicolas Kazadi, mission cruciale

«Nous avons renoué avec le FMI pour envoyer à la communauté financière et économique internationale le signal de bonne gouvernance (…) Lorsque le FMI atteste que les choses évoluent bien, les autres bailleurs comme la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et bien d’autres encore viennent à leur tour», a soutenu le ministre des Finances, appelant publiquement tous les gestionnaires à répondre aux exigences de cet accord pour ne pas passer à côté de l’opportunité d’attirer davantage des capitaux frais et des investissements…

C’était son premier oral en direct de la télévision nationale consacré à l’Accord entre le Fonds monétaire international -FMI- et la République Démocratique du Congo, dans le format briefing instauré par son collègue de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya Katembue. Le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, a expliqué mercredi 28 juillet en quoi ce programme triennal, via lequel le gouvernement va bénéficier d’une enveloppe de 1,52 milliard de dollars, est crucial pour la République Démocratique du Congo.

«Nous avons renoué avec le FMI pour envoyer à la communauté financière et économique internationale le signal de bonne gouvernance», a soutenu l’argentier national devant un parterre de journalistes. «Ce programme est le point de départ qui ouvre la voie au règlement de tous nos problèmes structurels et économiques. Il fait partie du programme du gouvernement. Ses éléments étaient déjà prévus dans le programme du gouvernement avant même que nous n’entrions en discussion avec le FMI (…) Lorsque le FMI atteste que les choses évoluent bien, les autres bailleurs comme la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et bien d’autres encore viennent à leur tour», a-t-il ajouté, appelant tous les gestionnaires à répondre aux exigences de cet accord, jurant donc d’imposer une gestion rigide pour que le pays ne passe pas à côté de l’opportunité d’accroître ses recettes publiques, assainir ses finances, rassurer la communauté financière  et attirer divers investissements.

Nicolas Kazadi a reconnu que tout est parti de 2019 quand le FMI voyant la volonté du gouvernement, a consenti à accorder des ressources en termes de facilités avec un crédit de 367 millions de dollars qui a permis à la République Démocratique du Congo de faire face aux effets néfastes de la Covid-19. «Ce geste accompagné d’autres appuis a permis au pays de faire face à toutes les contraintes budgétaires pendant cette période de crise. La volonté du gouvernement s’est poursuivie avec le changement des membres de l’équipe gouvernementale», a renchéri le ministre des Finances.

Les réformes attendues à moyen terme pour ce programme au niveau de l’Exécutif national porteront principalement sur l’accroissement de la mobilisation des recettes intérieures, la promotion des investissements notamment par le secteur privé pour favoriser une croissance durable et créatrice d’emplois, l’amélioration de la gouvernance et le renforcement du cadre de la politique monétaire.

Face aux enjeux de l’accord, une rigueur sans concession!

La route menant à la séduction des bailleurs des fonds passe par la rigueur. Nicolas Kazadi va devoir y jouer le rôle de surveillant, de gendarme, tout en sachant tenir les institutions habituées à l’indiscipline. Conscient du rôle capital qu’il est appelé à jouer, il a entrepris de conscientiser les dirigeants politiques sur les enjeux de cet accord avec le FMI. Les chiffres disponibles laissent deviner que sa tâche ne sera pas facile.

A titre d’exemple, les dépenses de la Présidence de la République étaient estimées à plus de 18,196 milliards de francs congolais, soit 9,1 millions de dollars américains en mai 2021, indiquaient les données des états de suivi budgétaire de la Direction générale des politiques et programmation budgétaires.

D’après le rapport rendu public à ce sujet, les prévisions linéaires de la Loi de finances 2021, pour la période concernée, prévoyaient des dépenses de l’ordre de plus de 12,4 milliards de francs congolais, soit 6,2 millions de dollars américains. Au regard des dépenses engagées par la Présidence de la République au mois de mai 2021, les services compétents ont déploré un dépassement budgétaire de 68% contre 73% au mois d’avril 2021. Pareille propension au dépassement budgétaire n’est pas de nature à mettre à l’aise Nicolas Kazadi. Mission cruciale pour l’argentier national.

Parfois incompris, quelques fois accusé de blocage, son prédécesseur, Sele Yalaghuli, n’a eu de cesse d’appeler, après la conclusion du Programme de référence avec le FMI, au renforcement de la discipline budgétaire selon la stratégie de gestion sur base caisse afin d’éviter tout déficit entrainant le recours au financement monétaire de la Banque centrale du Congo et, par ricochet, la consommation des réserves de change.     

Raison pour laquelle Kazadi a tenu à souligner les avantages que ce programme offre à la République, entre autres, il apporte les ressources au pays car un des éléments clés de ce programme est l’accroissement des recettes. Il faut donc poursuivre avec les réformes accompagnées, il faut de la transparence, il faut lutter contre la gabegie financière et contre la corruption pour favoriser l’augmentation des recettes.

En rapport avec les modalités de remboursement, le ministre a éclairci l’opinion, précisant que Kinshasa a bénéficié du taux d’intérêt le plus concessionnel possible, c’est-à-dire «zéro taux d’intérêt». Il a assuré qu’il ne peut y avoir beaucoup d’inquiétudes en termes d’endettement. «Nous sommes le pays qui a le poids de la dette le plus faible, avec 20% et nous devons plutôt faire attention dans la capacité de rembourser», a encore expliqué Kazadi.

AKM

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