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RDC : L’expert Kadima a invalidé un suppléant à Bongandanga!

Aligné au numéro 54 sur la liste rendue publique par la CENI le 5 janvier, Gédéon Tizile Lufulwabo est premier suppléant du candidat député national invalidé Noël Botakile, rangé, lui, au numéro 52. Pas candidat titulaire pour avoir des suffrages à annuler totalement, l’on se demande comment Denis Kadima a pu se saborder en mettant un suppléant sur cette mouture…

Le discrédit colle à la peau de la Commission électorale nationale indépendante -CENI- avant, pendant comme après la publication, vendredi, de sa décision portant invalidation de plus de 80 candidats aux législatives dans plusieurs circonscriptions du pays. Le discrédit est tel que la Centrale électorale baigne davantage dans la cacophonie et l’anarchie, renforçant, aux critiques sur les irrégularités constatées çà et là à travers la République, le doute sur la transparence dans sa démarche. Comment expliquer qu’un suppléant soit invalidé?

En effet, au numéro 54 de la liste des candidats invalidés par la CENI pointe un certain Gédéon Tizile Lufulwabo, premier suppléant du candidat député national Noël Botakile, lui aussi invalidé. Pas candidat titulaire pour avoir des suffrages à annuler totalement, l’on se demande comment Denis Kadima s’est sabordé en le mettant sur cette mouture.

Remonté contre ce «crime -qui- n’a jamais été parfait», le titulaire, Noël Botakile, a initié un recours auprès de la CENI pour obtenir son rétablissement et le retrait du nom de Gédéon Tizile dans le groupe des invalidés.

Tout en évoquant des dispositions légales qui avalisent de saisir, par écrit et de la part des personnes ayant qualité, la CENI de toute dénonciation, Botakile a sollicité de l’institution électorale de «vérifier s’il existe une requête contre nous, pour nous préciser exactement les endroits où ces fraudes ont eu lieu, où étaient tenu les DEV, de quel agent de la CENI, combien au total ; Tizile Lufulwabo Gédéon est candidat dans quelle circonscription à Bongandanga, pour qu’il nous soit possible de nous défendre».

Dans les rangs des invalidés, Bolingo Botakile Denise, candidate députée provinciale sur la liste du regroupement politique A24, pointe au numéro 53. Elle est accusée, conjointement avec son frère, Noël Botakile, également candidat sur la liste A24, de fraude électorale. Des faits rejetés en bloc par les deux Botakile.

«Ni Botakile Batanga Noël, ni Bolingo Botakile Denise, de près ou de loin, moins encore Tizile Lufulwabo Gédéon, n’ont jamais commis ni fraude, ni été condamnés par un jugement définitif de corruption, moins encore gardé de par devers eux un quelconque DEV -Dispositif électoral de vote- pour des fins reprochées», a soutenu Botakile dans le recours signé par son avocat, Me Trésor Ilunga Bulanda.

Ce dernier a par ailleurs reproché à Kadima et la CENI de «s’éloigner de la Loi électorale» en se substituant au pouvoir judiciaire pour «créer des tribunaux extraordinaires ou d’exception sous quelque dénomination que ce soit -commission ad hoc ou CENI-» et décider d’invalider certains candidats aux législatives.

«En décidant d’invalider certains candidats, voire leurs suppléants, en lieu et place de proclamer les résultats provisoires et s’en remettre aux cours et tribunaux, pour des contentieux éventuels, la CENI s’est éloignée de la Loi électorale et ce, en pleine compilation des résultats, et risque de porter atteinte à l’intégrité des scrutins combinés de 20 décembre 2023, si elle ne décide pas de faire marche en arrière maintenant, en envoyant simplement les conclusions de ses rapports au juge compétent».

Par ces mots, Botakile a tenté de faire raisonner Kadima, tout en rappelant à son attention le «sacrifice» consenti pour réaliser cet «écrasant score» à Bongandanga. «L’écrasant score réalisé dans notre circonscription n’est que le résultat de nos sacrifices pour la population de ce territoire, avec environ 63 ponts construits pour eux en 3 ans sur fonds propres, dont 4 de 120m ; des résidences et hôtels, des véhicules et autres dizaines des motos et centaines des vélos mis à leur disposition», a-t-il épinglé, tout en martelant sur le fait que «l’intégrité des scrutins combinés du 20 décembre 2023» dépend de l’annulation de cette décision.

Pour Botakile, le droit de la défense  et la présomption d’innocence sont des droits fondamentaux mis en cause par cette décision qui, dans un processus électoral régulier, relève du seul juge électoral qui, en toute impartialité, vérifie la sincérité des scrutins dans le respect du contradictoire. Avec un tel arrêt d’invalidations, l’organe des poursuites peut alors seulement commencer ses investigations pour établir les éléments constitutifs d’une infraction, sur le plan légal, matériel et moral. Le contraire étonnerait!

YA KAKESA

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