Les «sabotages» n’en finissent plus pour Moïse Katumbi, candidat désigné d’Ensemble pour la République et porte-étendard naturel de l’Opposition à la présidentielle de décembre prochain. Après la saga autour du dossier NB Mining, les incidents de la Coupe du monde et du meeting avorté de Moba, à cause de l’attitude du même service, l’ancien et dernier gouverneur du Katanga a assisté impuissant à une scène digne d’un régime dictatorial avec, cette fois-ci, le refus de décollage de l’avion devant transporter les joueurs du TP Mazembe, martyrisé, vers la Tanzanie «alors que la demande d’autorisation avait été introduite auprès des services de l’aviation civile le 13 février dernier dans les délais requis».
Selon un communiqué publié par le club le plus capé du pays, «les joueurs qui devaient effectuer la reconnaissance du terrain et participer au premier entrainement sont restés bloqués à Lubumbashi».
Tard dans la soirée, le club de Lubumbashi a été finalement notifié de «l’autorisation de survol et atterrissage demandée pour l’avion devant emmener son équipe en Tanzanie».
Tout en remerciant les autorités pour leur implication dans l’octroi de cette autorisation, Mazembe a regretté une décision tardive, tombée alors que la délégation «était déjà arrivée à Dar-Es-Salaam et tous les joueurs et Staff dans leurs chambres d’hôtel après avoir pris quelques places à bord d’un avion régulier de Air Tanzania».
L’équipe de Katumbi s’est démêlée pour trouver ces places afin de ne pas rater sa rencontre de ce dimanche face aux Tanzaniens de Young Africans pour le compte de la deuxième journée de la Coupe de la confédération. «Le TP Mazembe dénonce avec la plus grande indignation le sabotage délibérément orchestré par l’ANR contre son équipe», avait tempêté, dans un communiqué publié bien avant la décision finale de l’aviation civile, Frédéric Kitengie, manager général du TP Mazembe. Finalement, le club champion de la RD-Congo espère ne plus être dans une situation identique et prie «ceux qui en ont la responsabilité de bien nous fournir toute la documentation nécessaire à temps pour les prochains déplacements dont les dates et lieux sont déjà bien connus».
Quand la politique s’immisce et détruit le football
Bien plus qu’un acte anodin, le refus de vol à l’avion de Mazembe avant de lui être finalement accordé est une nouvelle étape dans l’escalade des tensions entre les camps Katumbi et Tshisekedi. L’époque «pasi na yo, pasi na nga -traduisez: ton malheur est le mien» n’est désormais qu’un lointain et vilain souvenir. Katumbi qui s’est montré récemment très critique envers le régime Tshisekedi, est désormais muselé dans ses faits et gestes. Sur Twitter, le «sabotage» du vol de Mazembe a créé un vrai tollé. Soutien du régime, Augustin Kankolongo a invité «les lieutenants» du président Fatshi à arrêter de faire la honte. «On n’a pas fait plus de 37 ans d’opposition pour empêcher les clubs de nous égayer!», a-t-il regretté.
Pour Christian Tshidibi, Tshisekedi vient, à travers ce nouveau scandale, «d’entrer en guerre contre les fans» sur lesquels il ne devra plus compter. «L’histoire retiendra que sous Fatshi, les Congolais ont été privés de loisir et le football a été politisé», a regretté de son côté Félix Mpindu. Allant plus loin, Tshibuza Kabuya estime que Fatshi sera tenu responsable en cas de défaite et/ou de soulèvement populaire.
Communique-TPM-Young-Africans-2L’épisode du refus de décollage à l’avion de Mazembe intervient quelques jours après le boycott de la main tendue de Katumbi à V. Club, DCMP et Lupopo pour jouer leurs matches de Coupe d’Afrique au Stade TP Mazembe, le seul homologué en RD-Congo. A la place, les trois clubs, tous dirigés par des membres de l’Union sacrée de la nation, plateforme acquise au Président Tshisekedi, ont préféré évoluer en dehors du territoire national. Une attitude qui, selon le député Claudel Lubaya, «viole les principes élémentaires du sport à savoir le fair-play et illustre à quel point la politique a pollué tous les secteurs de la vie nationale et divisé les RD-Congolais». Clairement, ce qui devait être un vecteur d’unité nationale, le sport, est devenu un facteur de division.
Malgré ces péripéties d’ordre politique, les Corbeaux gardent le moral au top et promettent de «répondre sur le terrain aux actes malveillants dont ils sont les victimes en rapportant de Benjamin Mkapa Stadium de Dar-Es-Salam une victoire éclatante». Déjà victorieux du Real Bamako, les quintuples champions d’Afrique espèrent ainsi faire le plein de points avant de recevoir Monastir de la Tunisie.