Pendant que le projet de loi portant protection et promotion des personnes en situation de handicap en RD-Congo vient d’être examinée et adoptée au Parlement et n’attend que sa promulgation par le Chef de l’État, cette catégorie de RD-Congolais a été reçue en audience par le 1er vice-président de la Commission électorale nationale indépendante -CENI-, Bienvenu Ilanga Lembow, vendredi 17 décembre.
Au menu de leurs entretiens: la participation politique et publique des personnes en situation de handicap. «Nous pensons que le nouveau bureau de la CENI prêtera une oreille attentive pour se conformer aux dispositions fixant les modalités de participation politique et publique des personnes en situation de handicap», a déclaré Irène Esambo Diata, ministre déléguée en charge des personnes handicapées, au sortir de l’audience. La délégation de cette catégorie des compatriotes conduite à la CENI par Irène Esambo comprenait les représentants des 26 provinces que compte la RD-Congo.
Ayant d’abord pris langue avec le vice-président de la CENI, Bienvenu Ilanga Lembow, dans un cadre restreint, la ministre déléguée a, dans son plaidoyer, mis en avant la participation politique et publique des personnes en situation de handicap, conformément aux dispositions de l’article 49 de la Constitution appuyant la loi organique en ses articles 18 et 43. «Nous sommes venus présenter nos civilités aux nouveaux membres du bureau de la CENI qui vient de se mettre en place pour qu’elle tienne compte de nos desiderata. Étant donné qu’elle devra organiser les élections tant attendues par le peuple RD-congolais.
A l’heure qu’il est, notre pays traverse une étape importante celle de la consolidation de notre jeune démocratie. Représentant 15% de notre population, on ne peut pas nous oublier et nous non plus, nous ne pouvons pas nous faire oublier. Notre venue ici est d’abord de marquer notre adhésion au processus électoral en cours», a martelé Irène Esambo Diata, avocate de formation, plaidant par ailleurs pour ces compatriotes.
A cette occasion, elle s’est félicitée de ce que la RD-Congo a innové dans le domaine de handicap d’abord en 2006 avec l’adoption de la Constitution en vigueur qui a été revue en 2011. «Il y a été intégré une disposition très importante concernant les personnes en situation de handicap en son article 49 disposant que celles-ci et les personnes du 3ème âge ont droit à la protection de l’État. Les personnes handicapées doivent être représentées dans les institutions de la République à tous les niveaux -local, provincial et national. Et que par la suite les articles 18 et 43 de la loi organique devraient fixer les modalités pratiques de leurs droits. Cette loi ayant été portée pour examen au Parlement en 2008. Depuis, elle n’a pas pu bouger d’un iota. Dieu merci, il est apparu un homme, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui avait une vision par rapport aux personnes handicapées. Il a compris qu’aujourd’hui, on ne peut plus les considérer comme une catégorie moindre de la population. Et qu’il fallait leur donner la place qu’il leur revenait en faisant en sorte qu’au sein du gouvernement un portefeuille ministériel leur soit dédié. Une première à l’échelle internationale. Les autres institutions se sont senties concernées. Dès 2019, nous avons été appelés à travailler avec le Parlement pour avancer au niveau de la loi organique. L’année d’après, soit en 2020, l’Assemblée nationale votera sa version transmise au Sénat qui fera pareil. Et ensemble, ils ont mis en place une Commission paritaire qui, la semaine dernière, l’a votée en attendant de prendre le chemin de la Cour constitutionnelle pour l’analyse de sa constitutionnalité avant sa promulgation par le Chef de l’État», a-t-elle fait savoir.
Toutefois, elle a déploré l’inaccessibilité des personnes handicapées dans certains édifices n’ayant pas pris en compte la construction des rampes facilitant leur accès. Et de poursuivre: «en la compulsant pour voir son contenu, nous nous sommes aperçus qu’elle met l’accent sur le droit à la participation politique et publique des personnes en situation de handicap. On ne peut pas parler des droits sans penser au processus électoral -droit entre éligible et électeur. D’autre part, il y a question d’accessibilité au niveau de nombreux immeubles administratifs. Il est donc temps que les choses se fassent autrement aujourd’hui. Ce qui justifie le sens de notre plaidoyer. Nous sommes face à un nouveau bureau qui est réputé au regard de son expertise et espérons qu’il prêtera une oreille attentive à l’essentiel de nos revendications de conformer le processus électoral avec les dispositions de l’article 49».
A l’endroit de ses hôtes, le vice-président de la CENI s’est voulu rassurant, réaffirmant la détermination du bureau actuel d’offrir à la RD-Congo les élections démocratiques, crédibles et inclusives dans les délais constitutionnels. «La Constitution de notre pays réserve un traitement particulier à votre catégorie et cela a été renforcé par la loi organique portant protection des droits des personnes en situation de handicap exigeant qu’elles soient prises en compte dans tout ce que nous faisons. Ici, je voudrais vous assurer, au nom du président de la CENI, Denis Kadima Kazadi, et à celui de l’ensemble du bureau, que tout l’arsenal juridique qui va organiser les élections tiendra compte de toutes vos revendications. Vous venez là forcer une porte qui était déjà ouverte», a-t-il promis.
L’assistance a particulièrement marqué son intérêt à travers le jeu des questions-réponses auquel le représentant du président de la CENI s’est prêté avec grâce, soulignant que les personnes handicapées, en proie très souvent à la marginalisation, sont des personnes à part entière et non entièrement à part qu’il faudrait prendre en compte en inversant la tendance. Les préoccupations soulevées avaient trait notamment à la sensibilisation qu’elles souhaitent vivement être faite par elles-mêmes, leur représentativité, l’accessibilité sur les listes électorales, leur enrôlement ainsi que leur identification. Sur quelques sujets évoqués, Bienvenu Ilanga Lembow a indiqué que les réponses attendues sont du ressort du premier responsable de la CENI à qui il fera un rapport circonstancié. Lui seul les communiquera à la ministre qui se chargera de les transmettre.