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RDC : Cinglante riposte de Mushobekwa au VPM Peter Kazadi

Entre Peter Kazadi, Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, et Marie-Ange Mushobekwa, sociétaire du Front commun pour le Congo -FCC-, c’est l’escarmouche! Alors que le premier, lieutenant du président Félix Tshisekedi, a contesté à la famille politique de Joseph Kabila le droit d’actionner l’article 64 de la Constitution, la seconde ne l’entend pas de cette oreille. Dans un communiqué rendu public le 20 décembre, jour du vote en RD-Congo, le clan Kabila avait décrié un «chaos électoral», confirmant ainsi ses «craintes maintes fois exprimées» et pourtant «dédaigneusement ignorées par les tenants du pouvoir».

Face à cette «parodie d’élections», le FCC avait ainsi invité la population à «se prendre en charge et, en application des dispositions pertinentes de la Constitution, à se mobiliser, comme un seul homme, pour mettre fin à ce régime dictatorial qui, usant et abusant de la puissance publique, gère le pays en violation de la Constitution et des lois de la République».

Peter Kazadi lui n’est pas de cet avis. Intervenant mardi 26 décembre dans un briefing avec la presse, le patron de la territoriale a notamment refusé  au FCC le droit de regard sur le processus électoral en cours pour l’avoir initialement boycotté. «Ils devraient plutôt se taire parce que le processus électoral ne les concerne pas. L’expérience qu’ils sont en train de vivre, nous, à l’UDPS, nous l’avons vécue en 2006. Vous ne nous avez jamais vu revenir pour contester les élections auxquelles nous n’avons participé. Ils les contestent en fonction de quoi, si ce n’est pour amener des troubles dans le pays et tomber victimes de l’article 64?», a-t-il assené.

L’argument ne passe pas chez Mushobekwa, comptée parmi les fidèles des fidèles de Joseph Kabila. L’ancienne ministre des Droits humains a opposé au n°2 du gouvernement Sama l’intérêt général de la Nation qui devrait être l’apanage de tous. «De quel droit vous allez empêcher au FCC de s’occuper de la RD-Congo qui est également notre pays à tous et non une propriété privée de votre famille politique?», a-t-elle interrogé sur X -anciennement Twitter. Mieux, dans sa cinglante réplique, Mushobekwa a promis, avec le FCC, de «continuer à dénoncer ce qui ne marche pas bien en RD-Congo» car, dit-elle, «la pensée unique ne marchera plus jamais».

Si Kazadi a tenté de rappeler que l’UDPS, en 2006, a vécu la situation du FCC, en 2023, Mushobewa lui a retorqué le «droit d’être différents», rejetant l’idée de voir être imposée au FCC une philosophie d’une opposition udpsienne. «Vous ne pouvez pas nous imposer de faire l’opposition de la même manière que vous l’avez faite. Votre parti politique n’est pas forcément une référence pour nous», a-t-elle poursuivi, non sans rappeler que le FCC «n’aspire en aucun moment copier» cette philosophie.

Le clan Kabila, victime d’un «coup d’état institutionnel» avec le basculement de la majorité à l’Assemblée nationale en novembre 2020, a rappelé, par l’entremise de Mushobekwa, son attachement à la paix «en faisant une opposition républicaine et constructive» et «critiquant et faisant des propositions claires au gouvernement». Loin des clichés, le FCC se veut dans une démarche excluant «vandalisme, violence, tribalisme, misogynie et surtout insultes institutionalisées».

Aussi et contrairement à ce qu’a affirmé le VPM Kazadi, qui, au cours du même exercice avec la presse, a accusé le sérail de Kabila d’avoir «décidé de se mettre en retrait» suite au manque de bilan et après avoir compris le rejet de la population, le FCC a pris cette décision pour être «cohérent» avec lui-même. Foi de Mushobekwa. A son «cher grand-frère», l’élue de Kabare, dans la province du Sud-Kivu, a rappelé que son bord politique avait, dès le départ, «décrié ce processus électoral vicié et corrompu» alors que «d’autres leaders de l’opposition [qui] le décriaient également, ont fait le libre choix de l’accompagner».

«Aujourd’hui, que vous le vouliez ou non, il est clair que le FCC avait totalement raison parce que toutes les oppositions ainsi que la majorité de  la Société civile demandent l’annulation de ce simulacre d’élections et exigent la réorganisation de la CENI, la revisitation de la loi électorale ainsi que l’organisation de nouvelles élections plus transparentes et plus crédibles. En bref, ils rejoignent les exigences du FCC qui ne va pas se taire», a-t-elle fait constater.

Dans les rangs du FCC, la thèse du manque de bilan comme motif de boycott du processus a du mal à passer. «Qui pouvait accepter de voter quelqu’un issu de ce régime après tout ce que nous avons connu dans ce pays?», avait interrogé le VPM Kazadi. Une question qui n’est pas longtemps restée sans réponse chez les Kabilistes. «Aujourd’hui, l’Union sacrée est constituée en majorité des transfuges du FCC. Les Bahati, Mboso, Muabilu, Lihau et autres Paluku ont été dans les premières loges avec Joseph Kabila mais aujourd’hui ils font la louange de Tshisekedi. Ce n’est donc pas question de bilan. Boshab et Kambila ont dirigé le cabinet du président Kabila, aujourd’hui ils sont plus tshisekedistes que les membres de l’UDPS», a retorqué un député, resté fidèle à Kabila.

Au cours de sa sortie médiatique mardi à Kinshasa, Peter Kazadi a tenté de «minimiser les dérapages» enregistrés durant les opérations de vote qui, selon lui, ont été «vite maitrisés». C’est aussi l’avis de son collègue de la Communication, Patrick Muyaya, qui a longtemps estimé que l’opposition a surfé depuis le début dans une logique de contestation.

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