L’Inspection générale des Finances -IGF- a publié, vendredi 24 novembre dernier, un rapport de sa mission de contrôle menée à l’Université pédagogique nationale -UPN-, qui accable les membres du comité de gestion de cette alma mater dirigée actuellement par la rectrice Anastasie Masanga Maponda. Ce rapport de l’IGF fait part des faits de détournement et de corruption à l’Université pédagogique nationale, poussant ainsi le Parquet général près la Cour d’appel de la Gombe, sur demande de l’IGF, à entamer des poursuites à l’encontre des membres du comité de gestion de l’UPN.
Fruit d’une mission de contrôle concernant la période allant de 2015 à mai 2023, au cours de laquelle l’UPN a été dirigée par plusieurs comités de gestion, ce rapport de l’IGF révèle que 25% des recettes mobilisées durant l’année académique 2021-2022 ont été consommées à la source pour un montant total de CDF 7.470.724.245. Le même rapport a, en outre, révélé des «sorties des fonds du compte n°2042086876093 de la FBN Bank non justifiés pour un montant total de CDF 5.156.396.114» ainsi que «plusieurs sorties de fonds non appuyées par des pièces justificatives pour un montant total de CDF 510.998.182 et USD 1.211.260».
«Paiements des avantages indus en faveur des membres du comité de gestion pour un montant total de CDF 537.353.180, comprenant, notamment, les frais d’installation et les frais du troisième cycle; négligence coupable de différents comités de gestion de l’UPN dans le suivi du prêt d’USD 1.000.000 contracté auprès d’Afriland First Bank et destiné à la construction des bâtiments en définitive démolis pour malfaçons; la gestion opaque de ce prêt a conduit I’UPN à signer un acte transactionnel d’USD 1.600.523 dont USD 800.000 ont déjà été payés; signature d’un contrat de construction entre l’UPN et J.SEL Matériaux d’un montant d’USD 5.058.707,69 pour la construction des auditoires en violation flagrante de la loi relative aux marchés publics et en marge de l’article 6 de l’Ordonnance n°16/071 du 29 septembre 2016 portant organisation et fonctionnement des organes d’administration de l’ESU exigeant l’autorisation préalable de la tutelle pour ce qui concerne les emprunts à plus d’un an de terme», a relevé l’IGF dans son rapport, accusant en outre le ministre de l’ESU, en tant qu’autorité de tutelle, d’avoir manqué à son devoir de suivi et de contrôle des universités et instituts supérieurs.
Ce qui a, selon l’IGF, favorisé la «perception des frais illégaux non prévus ni dans la loi et ni dans les textes réglementaires pour un montant total de CDF 2.418.867.673». En réaction à ce rapport de l’IGF via un communiqué le 30 novembre dernier, le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire, Muhindo Nzangi, a dit avoir accueilli avec satisfaction les résultats de la mission de contrôle de gestion à l’UPN. Il s’est réjoui que l’IGF a confirmé, dans ses conclusions, les faits de mauvaise gouvernance académique et financière qui ont longtemps caractérisé la gestion de cet établissement d’enseignement universitaire public. Muhindo Nzangi s’est félicité d’avoir anticipé les choses, en nommant un «nouveau comité de gestion dirigé par la rectrice Maponda Anastasie, qui a entamé des réformes courageuses pour instaurer une gestion académique et financière transparente».
Visiblement, dans son communiqué, Muhindo Nzangi tente de couvrir la prédation qui prévaut dans l’ex-IPN depuis des années et toujours d’actualité sous l’actuel comité de gestion patronné par la rectrice Anastasie Maponda. Au regard de ce rapport de l’IGF et de l’avis de certains observateurs, le ministre de l’ESU a tort de présenter cette dernière comme une personnalité ayant entrepris, à la tête de l’UPN, des réformes courageuses pour instaurer une gestion académique et financière transparente. Sachant que ce rapport de l’IGF accable tant les comités de gestion précédents que le comité Maponda, arrivé aux affaires depuis un an.
Ces faits de détournement, à scruter les commentaires dans les couloirs de ce service rattaché à la Présidence de la République, collent ainsi à la peau le comité Maponda et interpellent quant aux motivations de Muhindo Nzangi, désireux de couvrir ces méfaits. Pour l’Inspection générale des Finances, le fait d’avoir omis dans son communiqué les fautes de gestion de l’actuel comité, prouve à suffisance que le ministre Muhindo Nzangi est en train de couvrir la prédation à l’UPN. Mais, l’IGF qui est déjà lancée sur la voie de la justice, permettra de faire éclater la vérité au grand jour à travers le Parquet général près la Cour d’Appel de la Gombe qui s’est saisi de cette situation.