Dossier à la UnePolitique

RDC: Aimé Boji, la surprise du chef

Très peu, en tous cas moins nombreux sont ceux qui le voyaient venir. Du moins pas comme ministre du Budget mais parce que beaucoup le percevaient plutôt à la tête de la diplomatie RD-congolaise surtout que le Président Félix Tshisekedi l’associait depuis peu et de manière fréquente à tous les grands rendez-vous diplomatiques du pays.
Mais c’est plutôt et sans grandes surprises chez les grands connaisseurs de la politique qu’on l’a vu hériter du très stratégique ministère du Budget où le nouvel homme fort du Congo-Kinshasa avait décidé de placer l’ex-Secrétaire général de l’Union pour la nation congolaise -UNC-, celui-là même qui avait su maintenir le cap du navire alors que le parti fonçait droit vers le pandémonium et menacé de dislocation à la suite des embarras judiciaires de son président national Vital Kamerhe, ancien Directeur de Cabinet du Chef de l’État, aujourd’hui incarcéré pour des présumés détournements des deniers publics dans lesquels il serait trempé.
Loin de ce chapitre, nous avons voulu d’abord scruter les méthodes, le style et la marque de fabrique de ce fils du Sud-Kivu, au 7ème étage de l’imposant immeuble dit «intelligent» trônant sur le Boulevard du 30 juin à Kinshasa qui attire tous les projecteurs six mois après sa prise des fonctions.

Doter le pays d’un budget réaliste et aux ambitions sociales
La pandémie liée à la Covid-19 aura pourtant laissé tout le monde perplexe et engendré un scepticisme collectif quant au devenir des états surtout ceux qui, comme la RD-Congo ont une économie extravertie.

Avec l’accroissement des recettes, Aimé Boji Sangara «ABS» a voulu vraiment y mettre du sien et a poussé l’ambition très haute. Montrant ainsi que le cœur y est, il présente fin septembre alors que personne ne s’y attendait vue la conjoncture un projet de Loi des finances exercice 2022 de plus de 10 milliards de dollars, soit un accroissement de près de 40% par rapport à l’exercice précédent, consacrant pour une première fois la part belle à l’éducation, la couverture santé universelle, l’agriculture tout comme les autres infrastructures et investissements à caractère social. Tiraillés par la crainte de la mobilisation desdites recettes, ils ont été nombreux à parier sur la non tenue de ce pari audacieux.

Mais «ABS» se veut plutôt rassurant. Il fonde son credo sans doute sur le processus entamé par le Président Tshisekedi de la moralisation des dépenses publiques et la lutte contre le coulage des recettes. Il faut dire que le travail jusqu’ici effectué par l’IGF, cette «police» qui fait désormais peur aussi bien à Kinshasa que partout à l’intérieur du pays, a contribué substantiellement à renflouer les caisses de l’Etat. Pour le ministre d’État, seule la volonté compte. Et volonté politique il y en a, assure-t-il. Quitte à y apporter une certaine dose de célérité et de sérieux, dit Boji.

Au 7ème étage de l’Immeuble dit intelligent, la confiance et la sérénité regagnent du terrain

Quand il était encore Secrétaire général de l’UNC, il a fait face à des combats multiples. Des combats qui malheureusement ont migré de Barumbu, siège du parti au fringant bureau ministériel sur le Boulevard du 30 juin. En diplomate avéré et comme le Roseau, il lui arrivait de plier mais jamais il n’avait rompu. Déjouant chaque fois les chausse-trappes de ses ennemis et multiples adversaires.

Sa détermination était de sans nul doute de s’écarter des sentiers battus par ses prédécesseurs et mettre fin aux relents sectaristes qui longtemps ont caractérisé ce ministère. Désormais, il fallait que l’ordre règne. Fini cette recréation d’interminable va-et-vient que l’on observait dans les couloirs. Et surtout exit ces petits trafiquants et le monnayage pour obtenir le traitement de certains dossiers. Ici, désormais, la règle d’or c’est le respect des procédures. Dans les rangs des auteurs de désordre, c’est la pagaille, les pleurs et grincements des dents. Mais en revanche, c’est la République qui y gagne. Et le ministre Boji assure continuer sur cette lancée tant qu’il continue de bénéficier de la confiance du Président Tshisekedi.

ABS, cet autre homme du Président qui fait des jaloux

Il est une évidence qui demeurera incontournable, ABS a été la carte qui a su, pendant les zones de turbulence à assurer la survie de la famille politique CACH née au lendemain de l’Accord de Nairobi entre le Président Tshisekedi et son allié Vital Kamerhe.

Plutôt circonspect quant à l’issue de la saga médiatico-judiciaire qui entoure le dossier du président de son parti, l’UNC, dont il est un des géniteurs, le ministre d’État Boji joue à l’apaisement et en profite pour tisser sa toile, celle de son parti UNC, en prélude des prochaines échéances électorales. Cartes sur table. Et sa recette miracle, il ne saute pas au plafond comme certains pour revendiquer ses relations, ni avec Vital Kamerhe et moins avec le Président Tshisekedi, des relations faut-il le préciser sont au beau fixe.

La politique étant l’art qui régit ses propres règles. Et malgré la prolifération d’ennemis contre lui, surtout à l’interne et dont aucun n’a la stature comme Aimé Boji Sangara, tous sans idées neuves ni vision d’avenir, ils ont du mal à séduire en arborant même des casquettes des populistes contemporains. Car dans un monde où les crises et évènements cumulent et les partis historiques tendent à voler en éclats, la prime revient toujours à celui qui rassure.

Yves RUDAHINDWA

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page