
L’Organisation internationale de la Francophonie -OIF- a réservé une fin de non-recevoir à la demande d’audit externe du fichier électoral lui soumise par la Commission électorale nationale indépendante -CENI. L’instance suprême du monde francophone a éconduit Denis Kadima qui a sollicité une mission d’audit de 5 jours allant du 15 au 20 mai prochain. Ce délai, a soutenu l’OIF dans sa réponse à la CENI, rend cet audit «très difficile» voire «impossible». «Tirant conséquences de ce qui précède, je porte à votre connaissance que l’OIF ne sera malheureusement pas en mesure de répondre favorablement à votre demande visant à accompagner la CENI dans l’audit du fichier électoral», lit-on dans la correspondance du directeur de cabinet de la secrétaire générale de l’institution francophone à Denis Kadima.
Pourtant, l’OIF, en prélude de cet audit externe, avait «déployé, du 23 au 28 avril dernier, une mission exploratoire à Kinshasa aux fins d’évaluer le contexte global de préparation et de déroulement du processus électoral et d’identifier les domaines où l’OIF pourrait apporter un appui». Ses experts sont d’avis que le temps accordé est serré pour un travail qui nécessite au minimum deux semaines -14 jours. La CENI, de son côté, semble rigide par rapport à la période impartie.
Dans l’opinion, de nombreuses voix se sont levées pour contester la démarche de la centrale électorale de solliciter l’expertise de l’OIF pour l’audit externe du fichier électoral. Elles reprochent à cette organisation d’être complaisante envers le Rwanda, reconnu par des experts de l’ONU comme l’auteur de l’agression de la RD-Congo via les terroristes du M23 dans la partie orientale du pays. Cette complaisance, à les en croire, déroulerait du fait qu’une citoyenne rwandaise et ancienne ministre des Affaires étrangères du régime Kagame, préside aux destinées de l’OIF.
Selon cette frange de l’opinion nationale RD-congolaise, confier l’audit du ficher à l’OIF serait une manière d’éprouver durement la souveraineté du pays. Incompréhensible pour le secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo -CENCO-, Mgr Donatien Nshole, reçu mercredi par le président de la CENI, Denis Kadima. «On entend depuis un certain moment, des réactions selon lesquelles ce n’est pas bon -de confier l’audit externe du fichier électoral à l’OIF, NDLR- par rapport à la souveraineté et à l’intégrité du pays, surtout que la directrice de l’OIF est une rwandaise. Il y en a qui vont jusqu’à dire qu’il faut que ça soit un audit national», a relevé Mgr Nshole au terme de son audience chez Denis Kadima.
Ces différentes réactions «préoccupent» l’Eglise catholique, habituée à jouer la sentinelle à chaque processus électoral en RD-Congo. Surtout que le arguments derrière ces réactions sont purement «politiques». Cependant, pour Nshole, il n’est pas question de procéder à un audit du fichier électoral par un acteur ou une organisation nationale. «Parmi les institutions qui défendent l’intégrité et la souveraineté nationales, il y a la CENCO qui a dénoncé l’attitude et l’indifférence de la Communauté internationale en rapport avec ce qui se passe avec le Rwanda. Nous venons d’avoir une mission conjointe avec l’ECC -église protestante- aux États-Unis sur la situation à l’est. C’est pour dire que nous tenons à l’intégrité. Mais qu’on n’amène pas ça dans les questions techniques comme les élections», a prié le SG de l’assemblée épiscopale RD-congolaise. Et de marteler: «pour nous, si ce n’est pas l’OIF pour des raisons politiques, on peut trouver une alternative qui rassure sur le plan de l’objectivité et de l’efficacité».
Natine K.