«Nous devons nous-mêmes travailler à notre propre disparition, et cette disparition doit être effective. L’un ou l’autre jour, nous partirons. Le 20 décembre de chaque année, c’est le renouvellement dudit mandat. Concernant l’année 2023, cette date va coïncider avec les élections. D’où, la transition proprement dite ne peut commencer qu’en 2024. Le retrait effectif, c’est après les élections si les FARDC réussissent leur montée en puissance», a signifié la cheffe de la force onusienne en RD-Congo
Le départ de la Mission onusienne du territoire RD-congolais ne fait désormais l’ombre d’aucun doute. Les prises de parole des parties à ce sujet sont sans équivoque. Cependant, ce départ ne peut se faire de n’importe quelle manière, si ce n’est de façon organisée, civilisée et structurée. Tel est l’avis émis concomitamment le lundi 19 juin 2023 par la patronne de la MONUSCO, Bintou Keita et le ministre en charge de la Communication et Médias et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe, à l’occasion de leur face-à-face avec les professionnels des médias. En clair, ce retrait ne pourra intervenir qu’en 2024 au terme d’une transition conjointe accélérée, avec toutes les parties.
Bintou Keita, Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations unies en RD-Congo, a échangé, le lundi 19 juin dernier, avec les professionnels des médias autour de la mise en œuvre du retrait de la MONUSCO et le rôle de cette mission dans le processus de Luanda. Ce briefing qu’elle a co-animé avec le ministre en charge de la Communication et médias et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe, lui a permis de lever un certain nombre de malentendus au sujet de la compréhension qu’ont les RD-Congolais de la fin de la mission dont elle est la patronne en RD-Congo.
Pour l’oratrice, il n’est pas question de parler du retrait de la MONUSCO, mais plutôt de la transition conjointe devant précéder ce retrait qui, a-t-elle précisé, aura lieu en 2024. Cette transition accélérée telle que réclamée par les populations de l’Est du pays et entérinée par le Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi se fera de commun accord entre les Nations unies, la MONUSCO et, bien entendu, le gouvernement RD-congolais. «Nous sommes dans un dialogue avec les autorités RD-congolaises pour fixer les modalités de cette transition», a-t-elle dit.
«Il faut qu’il y ait concomitamment une montée en puissance des forces de sécurité RD-congolaises», a-t-elle martelé.
En d’autres termes, la cheffe de la Mission onusienne en RD-Congo a plaidé pour l’augmentation des unités des Forces armées de la RD-Congo et de la Police nationale en vue d’éviter le vide au lendemain du départ de la MONUSCO. Question d’assurer l’autorité de l’Etat sur les zones qui vont être libérées. Pour sa part, le ministre de la Communication et Médias n’a pas caché la volonté du gouvernement de voir cette mission se retirer de la RD-Congo. «Retrait oui, mais il faut que cela se fasse dans des conditions civilisées et structurées», a souligné le ministre Patrick Muyaya.
Avec son invitée principale Bintou Keita, la patronne de la MONUSCO, le ministre Patrick Muyaya, les deux personnalités ont planché sur la mise en œuvre du plan de retrait de la MONUSCO et son rôle dans le processus de Luanda. En prenant la parole dans la partie introductive de ce briefing, le ministre Muyaya a indiqué: «l’accélération du retrait de la mission onusienne de la RD-Congo doit se faire de façon organisée et nous y travaillons».
S’agissant du délai que prendra cette transition accélérée, Bintou Keita a rappelé les propos tenus par le Secrétaire général adjoint de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix, lors de son dernier passage en RD-Congo, il y a quelques mois. «Nous devons nous-mêmes travailler à notre propre disparition, et cette disparition doit être effective», a-t-elle martelé. Comme pour dire: «l’un ou l’autre jour, nous partirons». Et d’ajouter: «le mandat de la MONUSCO court jusqu’au 31 décembre. Le 20 décembre de chaque année, c’est le renouvellement dudit mandat. En ce qui concerne l’année 2023, cette date va coïncider avec les élections. D’où, peut-on ainsi comprendre, la transition proprement dite ne peut commencer qu’en 2024. Quant au retrait effectif, c’est après les élections si les FARDC réussissent leur montée en puissance. Par ailleurs, lors des questions et réponses qui s’en étaient suivies, Muyaya a rassuré les professionnels des médias quant à la situation à Kwamouth, dans la province du Kwango.
A en croire le porte-parole du gouvernement, cette situation évolue positivement au point que les activités commencent à reprendre. Quant à Bunagana qui continue à croupir sous la domination du M23 depuis une année déjà, Muyaya s’est refusé à aller dans les détails sur des questions d’une si grande sensibilité, surtout après le dernier passage dans la Région, du vice-Premier ministre en charge de la Défense, Jean-Pierre Bemba. «Les dispositions sont prises pour que nous puissions avancer sur du concret», a-t-il rassuré.