Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, était sous une vive tension alors que les opposants Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Delly Sesanga et Matata Ponyo avaient appelé leurs militants à protester dans la rue contre la vie chère, l’insécurité et la fraude électorale en préparation marcher. La marche a été autorisée mais le gouverneur de la ville a annoncé la modification de son itinéraire à moins de 20 heures du coup d’envoi, mettant en difficulté les organisateurs.
L’attitude de Gentiny Ngobila n’a pas manqué de faire réagir l’ONG ACAJ de l’activiste Georges Kapiamba. «L’ACAJ condamne le fait que le gouverneur de la ville-province de Kinshasa ait notifié verbalement l’Opposition quant au changement de l’itinéraire à 24 heures de leur manifestation. Pareille décision administrative aurait dû l’être au moins 4 jours avant afin de permettre éventuellement aux organisateurs de la contester devant le juge compétent», a fait remarquer Kapiamba.
Sur la toile, les réactions au message pertinent de l’ONG ACAJ ont conclu à une violence planifiée par le Régime Tshisekedi surtout que le même jour, dans la même zone, s’est déroulée une autre marche organisée par la Jeunesse de l’UDPS avec des manifestants munis des machettes et autres armes blanches mais curieusement bien encadrés et accompagnés par la Police. Au croisement des avenues Universités et Kianza, certains jeunes de l’UDPS se sont arrêtés, exhibant leurs armes blanches.
Oppression!
Les opposants, pris au dépourvu par le changement brusque de l’itinéraire, ont commencé, de leur côté, à se rassembler sur l’avenue Kianza, dans la commune populaire de Ngaba, sans pouvoir aller loin. Très vite, les leaders Katumbi, Fayulu, Matata et Sesanga ont été gazés par la Police et forcés de regagner leurs véhicules respectifs tandis que les participants ont violemment été dispersés. Non loin du rond-point Super Lemba, Olivier Kamitatu a réussi à battre le pavé sur une petite distance avant d’être stoppé par un coup de gaz lacrymogène, ont également constaté journalistes et témoins.
A l’encontre du droit de manifestation garantis par les instruments juridiques internationaux des droits de l’Homme et par la Constitution de la République Démocratique du Congo, les forces de sécurité en uniforme ou en civil ont usé d’une force disproportionnée et de violences inacceptables à l’encontre des manifestants. Militaires et policiers ont pénétré dans les rues et parcelles de Ngaba et s’y sont adonnés à des violences s’apparentant à des traitements inhumains, cruels et dégradants: bastonnades, extorsions, actes de torture sur des femmes, un jeune homme et même sur un mineur, ainsi que des arrestations arbitraires ont été recensés tout au long de la journée de ce samedi 20 mai. Le véhicule de l’opposant Moïse Katumbi a été particulièrement visé par un policier, ainsi que le montrent les images prises par les médias, et son garde du corps grièvement blessé. Quelques jours avant cette marche, un membre des forces du progrès de l’UDPS avait proféré, dans une vidéo devenue virale, des menaces d’agression à l’endroit de Moïse Katumbi.
Les victimes ensanglantées ont été évacuées vers les centres de santé situés non loin de l’Avenue Kianza, théâtre des scènes de barbarie de la part des forces de l’ordre. Comme celle de cet enfant mineur roué de coups et traîné sur la chaussée par les policiers armés ou de cet autre jeune qui a reçu un violent coup de bâton sur ses parties intimes. En réaction, les manifestants ont lancé des projectiles aux forces de l’ordre et démonté les barrières de fortune entre Super Lemba et l’intersection des avenues Université et Kianza.
«Ces incroyables scènes ont permis de prendre la mesure réelle de la nature du Régime Tshisekedi, qui se révèle un régime d’oppression et d’intolérance», a commenté une dame en pleurs également violentée par la Police et laissée seins dehors.
Messages de condamnation
L’opposant Martin Fayulu a appelé à la démission du gouverneur de la ville de Kinshasa Gentiny Ngobila et du chef de la Police de la capitale le Général Sylvano Kasongo. «M. Ngobila, Gouverneur de la ville de Kinshasa et le Général Kasongo, Commissaire provincial de Police doivent démissionner. Ils sont les partisans de M. Tshisekedi», a-t-il écrit sur tweeter.
«La Police s’est transformée en milice au service d’un pouvoir, du jamais vu. Elle a fait entrave à notre marche en collision avec les éléments d’un parti adverse, l’UDPS», a tapé pour sa part Delly Sesanga. «Tout ça, c’est monsieur Tshisekedi, et c’est très triste. On doit sauver ce peuple. Nous étions avec lui à l’opposition et s’il ne doit même pas respecter la population qui veut marcher parce qu’il y a la vie chère, il n’y a rien qui marche dans le pays, il y a la corruption, c’est triste», a aussi déploré Moïse Katumbi, ajoutant qu’il tolérerait pareil réflexe de tout le monde sauf du président Fatshi, quand Matata Ponyo a dit: «C’est déplorable pour un ancien opposant».
Dimanche depuis son compte Twitter, le leader du parti Ensemble pour la République a eu ces mots: «Je veux remercier ceux qui ont bravé la violence d’Etat pour dire NON à la dictature qui s’empare de la #RDC. Le pouvoir a exercé une folle répression. Des centaines d’innocents en ont fait l’expérience. Je m’incline devant leur mémoire & me battrai pour eux & tous les Congolais».
Dans un communiqué publié le même jour, le Nouvel élan, parti politique de l’ancien premier ministre Adolphe Muzito, a épinglé la complicité de certains agents de la police avec une certaine milice proche de l’Union Sacrée et armée de machettes en pleine capitale en train de patrouiller certains véhicules, ajoutant que le non respect de l’itinéraire d’une marche pacifique ne saurait justifier les atrocités commises sur les protestataires. Un diplomate occidental en poste à Kinshasa a eu ces commentaires: «C’est une très mauvaise image envoyée par le Régime Tshisekedi. Ça contraste avec la lutte pour les libertés et les droits menée par les pères fondateurs de l’UDPS».
Le Prix Nobel de la Paix Docteur Mukwege, des ONGs et autres structures, tous choqués, ont également condamné les agissements barbares à l’encontre des civils non armés qui ne représentaient pas du tout une menace pour la sécurité nationale alors que l’UDPS a pu marcher en brandissant des machettes au nez et à la barbe des policiers.
«Le général Kasongo fait discréditer le régime Tshisekedi. Le monde entier a vu ce que les gens incapables de chasser le M23 ont fait sur leurs concitoyens non armés. Le général Kasongo mérite une révocation», a relevé le président de l’ASADHO Jean-Claude Katende, affirmant que «la police se faisait accompagner par des civils porteurs des machettes». Selon des témoins, certains ont opéré samedi devant un Super marché réputé à Bandalungwa, avenue Inga.