«Apana», «Nous refusons», a crié la foule remontée contre le chef du gouvernement qui croyait apporter consolation et réconfort à Beni mais accueilli par une population hostile à sa présence. Son discours a été plusieurs fois interrompu par des slogans désobligeants à son encontre. Meurtrie, la population l’a traité de corrompu et a exigé sa démission
C’était spontané. La population meurtrie de Beni a refusé la consolation du Premier ministre RD-congolais, Augustin Matata Ponyo. Conduisant une forte délégation de sécurité, mardi 16 août 2016, composée des ministres de l’Intérieur, de la Défense nationale et Anciens combattants ainsi que du commissaire général de la Police nationale congolaise, le Premier ministre s’est couvert de honte. Le peuple de Beni a sifflé et scandé des slogans désobligeants à son encontre. «Apana», «Nous refusons», a crié la foule remontée contre le chef du gouvernement. Le Premier ministre a mis ses pieds dans un chaudron.
Face cette scène, la Police, médusée, n’a pas bronché d’une semelle. La population de Beni en a marre de ces massacres à répétition. La présence du Premier ministre a sonné comme une véritable moquerie, mieux une provocation.
Des témoins révèlent que les habitants de Beni criaient en refrain le nom du défunt colonel Mamadou Ndala et exigeaient la démission du gouvernement non sans taxer le Premier ministre de corrompu. Chahuté, humilié, déshonoré, déculotté… Matata Ponyo, plutôt courageux, a tenté de banaliser le mauvais quart d’heure qu’il venait de passer: «Je comprends cette réaction d’émotion de la population éprouvée par les massacres à répétition. Une réaction qui n’est pas la remise en cause de l’action menée par le gouvernement. La solution définitive viendra des actions et non des émotions».
Réplique tardive, la population n’a rien à faire de sa compassion. Le discrédit et l’opprobre sont jetés sur le gouvernement jugé incapable de sécuriser son propre peuple. La veille, des civils innocents ont été massacrés à armes blanches. Le bilan officiel fait état de plus de 50 morts. Le gouvernement parle d’un djihad et sollicite l’appui de la Communauté internationale estimant que ce qui s’est passe dans l’Est de la RD-Congo est comparable à ce qui se passe au Nigéria, au Mali, en France, en Belgique ou aux Etats-Unis.
Depuis lundi 15 août 2016, un deuil national e trois jours a été décrété et tous les drapeaux sont en berne. «Comment de rebelles étrangers peuvent-ils venir semer la désolation chez nous avec des tenues de nos militaires sous le regard impuissant de notre gouvernement?», s’est interrogé un compatriote. La réalité est que croyant apporter consolation et réconfort à Beni, le Premier ministre a été accueilli par une population hostile à sa présence. Son discours a été plusieurs fois interrompu par des slogans désobligeants à son encontre. Meurtrie, la population l’a traité de corrompu et exigé sa démission.
BBS
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