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Suspense, seuls Kabuya, Mboso et Kyabula ont déjà dit «oui»

Après Kisangani dans la Tshopo en octobre dernier, le président de la République, Félix Tshisekedi, est revenu, en ce mois de novembre, sur son projet de changement de Constitution, tour à tour dans les villes de Lubumbashi et Kipushi, dans le Haut-Katanga. Mais ça fait des semaines de suspense, l’accompagnement de principaux ténors de l’Union sacrée, son regroupement politique, lui fait encore défaut. Les alliés comme le speaker de l’Assemblée nationale Vital Kamerhe, le président du Sénat Jean-Michel Sama Lukonde et le deuxième vice-président de la chambre haute Modeste Bahati, tous bien positionnés aux commandes du Parlement, ou encore Jean-Pierre Bemba, vice-premier ministre en charge des Transports et voies de communication, se taisent jusqu’ici, entretenant angoisse et spéculation dans les rangs. C’est l’expectative.

«Iront ou iront pas avec le Président Tshisekedi?», s’interroge-t-on dans différents états majors de la Majorité au pouvoir. «Jusqu’ici, le silence du quatuor Kamerhe-Sama-Bemba-Bahati sonne comme un revers pour le chef de file de l’USN, Félix Tshisekedi. On semble loin du front solide et compact formé à la faveur de la campagne électorale de décembre dernier. Ça doit faire douter en même temps que ça renforce les positions du camp anti-changement constitué de l’Opposition et de l’Eglise et des autres branches de la Société civile qui tendent à resserrer les rangs, du moins pour défendre la Constitution», commente un diplomate occidental en poste à Kinshasa.

«Alors que les bureaux de l’Assemblée nationale et du Sénat ont été installés il y a respectivement six mois et quatre mois, il est peut-être trop tôt que leurs animateurs alliés du président Tshisekedi, notamment Vital Kamerhe, Sama Lukonde et Modeste Bahati, prennent le risque de se jeter à l’eau, et s’exposent face à l’opinion opposée au changement de Constitution prôné par le Président Tshisekedi. Bemba, investi vice-premier ministre en charge des Transports il y a à peine 100 jours, est dans le même cas. La prudence est donc la meilleure attitude. C’est une première hypothèse.

La deuxième: ils refuseraient de se prononcer contre, ouvertement et à ce stade, pour ne pas être accusés de trahison et éjectés de leurs postes respectifs, surtout qu’en Afrique on n’hésite pas d’écarter et diaboliser les voix discordantes. La troisième: ils pourraient attendre la deuxième ou la troisième année pour donner leur position pour soit traverser la rue ou rester aux côtés du meneur du regroupement, c’est selon, après avoir suffisamment prélevé la température», estime, pour sa part, un diplomate africain.

À l’opposé de ce groupe, deux membres du présidium de l’Union sacrée n’ont pas attendu pour avouer leur soutien public à la démarche présidentielle. Si Augustin Kabuya, le secrétaire général de l’UDPS, a même eu le culot de faire la grande annonce avant Tshisekedi en personne, l’ancien président de l’Assemblée nationale et actuel deuxième vice-président de la chambre basse Christophe Mboso ne s’est fait pas prier pour prendre place, une nouvelle fois, à bord du bateau Tshisekedi. Dans leur suite, un gouverneur de province, Jacques Kyabula, reconduit aux commandes du Haut-Katanga, le VPM en charge de la Fonction publique Jean-Pierre Lihau, le ministre des Finances Doudou Fwamba Likunde et, naturellement, Patrick Muyaya, son collègue porte-parole du gouvernement, sont entrés dans le débat.

«Si vous le permettez, Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, je voudrais commencer ma prise de parole par vous rendre mes hommages de gratitude. Ces hommages de gratitude, Excellence Monsieur le Président de la République, je les exprime du fond du cœur, moi, Gouverneur de la Province du Haut-Katanga, dont, vous, Chef de l’Etat, avez approuvé la reconduction à la tête de la Province pour un second mandat. J’ai tenu à le dire tout haut, à la face du monde, car, n’eut été votre confiance renouvelée en ma modeste personne, je ne serai pas ici, prenant la parole en ce jour que l’histoire retiendra», a dit le gouverneur du Haut-Katanga mardi lors de l’inauguration par le président de la République du nouveau siège de l’Assemblée provinciale. «Un message de redevabilité traduisant son engagement à suivre Tshisekedi partout et jusqu’au bout», affirme un membre de l’entourage du gouverneur transfuge du PPRD de l’ancien président Joseph Kabila.

Jean-Pierre Lihau Ebua, Vice-Premier Ministre et ministre de la Fonction Publique, Modernisation de l’Administration et Innovation du Service Public, s’est récemment exprimé sur le débat concernant une éventuelle révision ou modification de la constitution en République Démocratique du Congo. Lors d’un point presse conjoint avec le ministre de la Communication et des Médias, Jean-Pierre Lihau a estimé que bloquer toute réflexion autour de l’avenir de la constitution serait contre-productif pour le pays.

Natine K.

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