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Matata assiège le ministre Bopolo?

 

Le Premier ministre RD-Congolais, Augustin Matata
Le Premier ministre RD-Congolais, Augustin Matata
Le Premier ministre soupçonné de vouloir téléguider le cabinet de son nouveau ministre de l’Environnement au moment où des sources indiquent que la première partie de l’aide financière accordée par le Fonds norvégien dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique aurait déjà atterri à la CTR, une structure du ministère des Finances dirigée par un ancien conseiller du PM. Le chef de son cabinet nie tout en bloc   
Alors que l’article 93 de la Constitution fait de chaque ministre seul responsable de son département, le ministre de l’Environnement Robert Bopolo est sur le point de se faire dépouiller d’une partie de ses prérogatives, à en croire plusieurs sources qui dénoncent une présumée pression du Premier ministre visant à lui imposer un dircab, un dircaba et un conseiller financier. Enjeu: USD 1 milliard du Fonds norvégien destiné à la lutte contre le réchauffement climatique dont une partie aurait déjà atterri dans le compte de la CTR, une structure du ministère des Finances dirigée par un ancien conseiller du Premier ministre. 
C’est quoi un directeur de cabinet? A en croire un article de Maud Pierron paru dans 20 minutes, le 24 avril 2014, c’est le collaborateur numéro 1 du ministre, le rouage essentiel, qui fait tourner le cabinet, fait le lien avec l’administration et gère les dossiers du ministère. C’est aussi «un chef d’orchestre qui aiguille, conseille, filtre les informations car tout ne peut pas remonter au ministre». C’est encore «le collaborateur numéro 1 du ministre qui organise et pilote le travail technique du cabinet car il doit avoir une très forte compétence dans son domaine… Il ne doit jamais rien lâcher pour la défense de son ministère».
D’où «l’indispensable confiance qui doit exister entre le ministre et son directeur de cabinet, qui prend des décisions toutes les dix minutes, sans laquelle rien n’est possible, certains parlant même d’alchimie». Et si le lien de confiance se brise, le directeur de cabinet n’a pas sa place dans le sillage du ministre. Et, logiquement, un directeur de cabinet adjoint, pas forcément une doublure, est un collaborateur complémentaire du directeur de cabinet. Sa mission: suppléer ce dernier dans un certain nombre de dossiers. Il doit, lui aussi, entretenir des rapports de confiance avec le ministre. C’est quoi un conseiller financier d’un ministre? De l’avis de plusieurs experts, c’est le collaborateur, expert dans son domaine -connaissances financières variées-, qui gère l’argent ou le budget alloué au ministère et doit être honnête, courageux et digne de confiance du ministre.
Et selon l’article 93 de la Constitution, «le ministre est responsable de son département. Il applique le programme gouvernemental dans son ministère, sous la direction et la coordination du Premier ministre. Il statue par voie d’arrêté». Le Premier ministre serait-il tenté de marcher sur ce dispositif de la Constitution au ministère de l’Environnement? Non, selon son dircab joint au téléphone jeudi. «On spécule sur tout à Kinshasa. Le Premier ministre est un homme correct et respectueux de la loi. Il ne peut pas imposer des collaborateurs à ses ministres. S’il ne l’a pas fait avec l’ancien ministre Nsa Mputu dont il est proche depuis l’Université, je ne vois pas comment et pourquoi il le ferait avec son nouveau ministre de l’Environnement», se défend-il.
Oui, à en croire des sources recoupées accusant Matata de faire pression sur le ministre Robert Bopolo, nommé en remplacement de Bienvenu Liyota, pressé pour placer dans son cabinet dircab, dircaba et conseiller financier parachutés par le PM. Ces sources corroborent leurs suspicions par des détails, expliquant une supposée détermination du Premier ministre à gérer via ses proches USD 1 milliard du Fonds norvégien accordé à la RD-Congo dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique. AfricaNews a ainsi appris que, d’ordre de Matata Ponyo, la première partie de cette aide financière, USD 600 millions, aurait pris la destination des coffres de la Cellule technique des réformes -CTR-, une structure du ministère des Finances dirigée par un ancien conseiller de Matata. Que dire de ces indications qui font peser des soupçons graves sur le Premier ministre, affirment ces sources liant la pression présumée du PM sur Robert Bopolo à une démarche consistant à avoir directement accès à l’aide du Fonds norvégien? Le ministre de l’Environnement serait-il vraiment assiégé par le PM?
Faute de faire parler l’intéressé, des fonctionnaires de l’Environnement s’expriment. «Il craint de ne pas être un véritable ministre mais un simple collaborateur du Premier ministre au même titre que les trois que ce dernier voudrait parachuter au ministère de l’Environnement», s’inquiète un cadre de l’Administration. Un autre se désole: «Être Premier ministre n’autorise pas toutes les dérives. Et quand on veut faire des leçons de gouvernance à tout le monde, on s’arrange pour être un minimum exemplaire».
AKM  

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