Le député MIR-MP Stanley Mbayo n’en peut plus de devoir supporter les camouflets de l’opinion mettant en lumière l’immobilisme du Premier ministre ou son silence frisant la résignation face au bilan macabre des violences des 19 et 20 septembre derniers.
Jeudi, sur les ondes de Top Congo FM, l’élu de Kabongo a massacré Matata, «un Premier ministre comptable des recettes et des dépenses extrabudgétaires» dont le silence contraste avec la situation du pays mis à feu et à sang
Zéro pointé pour le Premier ministre Matata Ponyo étrangement aphone depuis que le pays a sombré dans les violences à Kasumbalesa, Lubumbashi et Kinshasa.
Les manifestations du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement ont vécu. Le sang a coulé. Le bilan est lourd: 32 morts selon la Police nationale. 56 d’après le bilan de l’ONU et 100 pour l’UDPS.
Les dégâts matériels sont aussi énormes: des édifices publics saccagés, des sièges des partis politiques incendiés, des bus de l’opérateur public des transports vandalisés et d’autres biens privés emportés. Tout le monde a réagi, au pays comme au sein de la Communauté internationale pour compatir à la douleur des familles éplorées, sinon fustiger les violences et appeler les acteurs politiques à la retenue.
On n’a pas entendu la voix, ni un seul message de compassion du Premier ministre Matata Ponyo ou de son cabinet. Pas non plus une moindre visite sur terrain.
Par contre, l’homme à la cravate rouge -couleur du sang des martyrs RD-congolais versé- a su et pu consacrer son temps à sa traditionnelle réunion de la Troïka stratégique, lundi 19 septembre 2016 quand, à quelques centaines de mètres de la Primature, des RD-Congolais, ses administrés, s’entretuaient.
Où est passé le Premier ministre ?
Sur la toile, des questions fusent. La principale: «Y a-t-il un Premier ministre en RD-Congo?». L’interrogation vaut la peine alors que, du citoyen lambda à l’élite, c’est la valse d’hésitations des compatriotes entre «rire ou pleurer».
Dans les propres rangs de la Majorité présidentielle -MP-, celle dont est issu le chef du gouvernement, où le ministre de la Justice Alexis Thambwe Mwamba n’a pas hésité, en pleins travaux du dialogue à la Cité de l’Union Africaine, devant témoins, de déclarer que les élections n’ont pas été organisées par manque de volonté politique, parce qu’on a préféré construire les routes à 8 bandes, donc de désavouer les options de son Premier ministre, des cadres, non des moindres, s’arrachent les cheveux.
Comme le député MIR Stanley Mbayo, qui n’en peut plus de devoir supporter les camouflets de l’opinion mettant en lumière l’immobilisme du Premier ministre ou son silence frisant la capitulation. Jeudi 22 septembre 2016, sur les ondes de Top Congo FM, Mbayo a fait feu de tout bois, massacrant Matata Ponyo, «un Premier ministre comptable des recettes et des dépenses extrabudgétaires» dont le silence contraste avec la situation du pays mis à feu et à sang.
«Au regard de ce qui s’est passé au pays le lundi et mardi en termes de pertes en vies humaines, il y a lieu de se demander si nous avons un Premier ministre dans ce pays. Mon constat est amer. Je constate que nous avons un Premier ministre des recettes et des dépenses extrabudgétaires. Il est plus préoccupé par sa Troïka stratégique dont les résultats sur terrain sont quasi nuls que par les vies des citoyens civils et policiers fauchés dans la violence», assène Mbayo.
Déséquilibré par les déclarations de Thambwe Mwamba et Vital Kamerhe?
Puis: «Le Premier ministre devait épauler le Chef de l’Etat, par exemple, en faisant la ronde de la ville tel que l’a fait le gouverneur de la ville. Il en va non seulement de la responsabilité d’Etat mais aussi de la compassion car nous sommes avant tout humains et africains…».
Puis encore: «La Loi portant libéralisation des Assurances, qui devrait ramener assez des revenus, est jusqu’à ce jour suspendu au décret du Premier ministre, qui devrait prendre les mesures d’application alors que le pays en a tellement besoin. Le Premier ministre n’a visiblement pas de temps pour ça. Il s’agit pourtant des fonds d’investissement qui vont amener devises et emplois».
Mbayo estime qu’à la suite de la déclaration du président français François Hollande, «le ministre des Affaires étrangères devait convoquer l’ambassadeur français afin de lui exprimer le mécontentement du gouvernement à travers une note verbale, lui faire savoir que lorsque le président Hollande parle à son homologue de la RD-Congo, il ne doit pas le faire comme s’il parlait d’un enfant en rupture familiale…surtout, lui rappeler que l’instabilité que connait la RD-Congo aujourd’hui dans sa partie orientale est consécutive à l’opération Turquoise qui nous a amené les interhamwes et cela, en violation du droit humanitaire international».
Le technocrate est-il déséquilibré par les récentes déclarations de Vital Kamerhe et Thambwe Mwamba en rapport avec l’inévitable chute du gouvernement qu’il dirige? Se sent-il coupable de ce qui arrive à la République Démocratique du Congo? A-t-il le moral en phase descendante, pour ne pas dire dépressive, à l’idée qu’il est fautif pour n’avoir pas, contrairement à son prédécesseur Adolphe Muzito, doté le pays des moyens financiers et logistiques nécessaires à l’organisation des élections et l’a exposé au risque d’implosion?
Priorité aux marchés publics malgré les souffrances de la population
«Matata aurait tort de se plaindre parce qu’il a bénéficié d’un contexte économique favorable avec le boom minier», fait remarquer Papy Niango, ci-devant député UDPS élu de la ville de Bandundu, convaincu que «le Premier ministre a raté l’occasion d’entrer dans l’Histoire».
Préoccupé par les chiffres et les marchés au point, rapportent des membres du gouvernement, de défendre personnellement les dossiers du ministre des Transports et Voies de communication au Conseil quand ce dernier est en mission, le Premier ministre donne l’impression de ne s’être spécialisé que dans un domaine précis de la vie nationale, les marchés publics. Même les opérateurs économiques déboussolés devant la gravité des actes de vandalisme ont été superbement oubliés par le chantre des équilibres macro-économiques.
Bien avant ça, pas grand-chose pour les élections. Presque pas d’initiative en matière de sécurité. Qu’il se fasse huer lors d’une visite officielle tardive en août dernier à Beni, alors que les populations avaient besoin de son secours au moment opportun, est pour les observateurs la prime méritée d’un Premier ministre épuisé… qui a failli à sa mission de poursuivre l’élan de démocratisation et de pacification du pays.
Inutile de commenter son silence face aux troubles du 9 septembre 2016 à Kasumbalesa, aux échauffourées entre les militants de l’UDPS et les policiers il y a sept jours à Lubumbashi ou aux affrontements entre la milice du chef traditionnel tué Kamuena-Nsapu et les forces de l’ordre jeudi 22 septembre à Kananga.
Achille KADIMA MULAMBA

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