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Les fonctionnaires réclament la démission de Matata

Fâchés contre un ordre illégal du chef du gouvernement, les syndicalistes de l’Administration publique comptent collecter, d’ici le 20 avril, au moins 100.000 signatures auprès des agents de l’Etat en vue d’une pétition à déposer à l’Assemblée nationale et destinée à la déchéance du Premier ministre
Les Syndicats indépendants de l’administration publique -SIAP- prennent un pari: obtenir le départ de Matata Ponyo de la Primature. Déjà empêtré dans la crise économique, attendu le 20 avril à la Chambre basse pour rendre compte du niveau d’exécution du programme d’action de son gouvernement, le Premier ministre va devoir faire face à la vague de contestation des fonctionnaires de l’Etat qui l’accusent d’avoir mis en place un système de retraite massive des agents de l’Administration publique et jugent la démarche précoce et contraire à la Constitution. Alors que cette mesure a emporté plus de 400 de leurs collègues en janvier dernier, les contestataires ont initié, depuis le mardi 12 avril à Kinshasa, une pétition pour obtenir la révocation du PM. Selon le porte-parole de SIAP, Rachidi Kayombo, les fonctionnaires en colère comptent collecter, d’ici le 20 avril prochain, au moins cent mille signatures auprès des agents de l’Etat et déposer cette pétition à l’Assemblée nationale.
Difficile pour Matata Ponyo d’ignorer cette vague de protestation, la toute première initiée par les fonctionnaires de l’Etat pendant son mandat à la tête du gouvernement. Progressivement, le Premier ministre s’avance dans une zone de fortes turbulences sociales, aggravée par l’inflation et la flambée des prix sur les marchés. A Kinshasa, la tension est à son comble à la Fonction publique. Réunis autour des Syndicats indépendants de l’administration publique -SIAP-, ces derniers accusent le Premier ministre d’avoir mis en place une manœuvre consistant à retraiter massivement les agents.
Selon le porte-parole de ces syndicats, Rachidi Kayombo, dans une correspondance, le Premier ministre Matata Ponyo a donné l’ordre de renvoyer les agents et fonctionnaires de l’Etat en fonction par le système de retraite et de révocation massive de manière à engager des jeunes professionnels talentueux en créant des directions dites standards qui ne sont pas conformes aux lois. Rachidi Kayombo charge également le Gouvernement d’avoir lancé, depuis janvier dernier, ce système «en renvoyant de manière abusive environ 410 agents et fonctionnaires de l’Etat». Il désapprouve, au nom de sa structure, la démarche du chef de Gouvernement qui, selon lui, viole la Constitution. «Nous avons la dernière lettre du ministre Pascal Ishombisho, lui-même, qu’il adresse au Chef de l’Etat avec copie à leur regroupement syndical qu’ils appellent INAP. Mais cette lettre confirme une première que nous avons aussi joint à la pétition, où le Premier ministre Matata Ponyo donne l’ordre de renvoyer les agents et fonctionnaires de l’Etat en fonction par le système de retraite et de révocation massive de manière à engager ce que lui appelle les jeunes professionnels talentueux en créant des directions dites standards qui ne sont pas conformes aux lois», alerte Rachidi Kayombo.
Depuis, ce courrier du Premier ministre est considéré comme un véritable casus belli. Les syndicalistes comptent collecter, d’ici le 20 avril, au moins 100.000 signatures auprès des agents de l’Etat et déposer cette pétition à l’Assemblée nationale. «Nous pensons que trop, c’est trop. Cette fois-ci, tous les agents de l’Etat doivent prendre leurs responsabilités pour remettre l’Etat en sécurité et prévenir des troubles sociales», poursuit le porte-parole de SIAP.
Pour sa part, le ministre de la Fonction publique, Pascal Isumbisho, rejette ces allégations mais avoue que le Gouvernement a décidé de mettre en place de nouvelles structures pour rendre l’Administration publique plus efficace. Il affirme que la réforme engagée dans l’Administration publique par l’entremise de son ministère, sous l’autorité de la Primature, n’a pour obligation que de respecter la loi et le statut en vigueur qui régit l’administration publique.
«Il a été décidé de mettre en place de nouvelles structures qui permettent que cette administration redevienne efficace et ces structures et ces directions, c’est ce que nous appelons les directions standards», explique Pascal Isumbisho. Et de souligner: «la mise en place de ces directions standards a conduit à une révision des cadres organiques qui mettra en évidence un certain nombre d’effectifs supplémentaires pour certains ministères, et déficitaire pour d’autres ministères. J’ai écrit, je pense que c’est la lettre à laquelle les SIAP font allusion. Je dis que ceux qui sont éligibles à la retraite, c’est une occasion. Et nous devons mettre à la disposition les moyens pour qu’ils aient à la retraite, c’est tout ce que les éligibles attendent».
Pascal Isumbisho assure, par ailleurs, que le gouvernement met tout en œuvre pour que la carrière des agents et fonctionnaires de l’Etat soit protégée. La réplique est maintenant attendue pour les prochains jours, lorsque les syndicats dévoileront les listes des signatures récoltées. Il sera difficile de les contenir et les faire plier.
Olitho KAHUNGU

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