Les chiffres révèlent un engagement non tenu du premier ministre :Matata récolte un échec cuisant

L’ancien ministre des Finances avait juré de faire de la RD-Congo un pays à revenu intermédiaire en 2016… A quelques mois de l’échéance, le PIB par habitant du pays, dernier à l’indice mondial, stagne à USD 400, à en croire les statistiques de la Banque mondiale… Les actes n’ont donc pas suivi les paroles… Gros point noir au bilan du Premier ministre. A environ 12 mois de la fin de la mandature, le pari de Matata Ponyo d’élever la RD-Congo au rang de pays à revenu moyen -entre USD 1036 et USD 12.615 de PIB par habitant- s’avère un gros mirage. En témoigne l’indice mondial de la Banque mondiale où la RD-Congo arrive à la 228^ème et dernière place avec un PIB d’USD 400 par habitant, loin derrière tous ses voisins, y compris ceux réputés potentiellement pauvres.    Le 7 mai 2012. Le Premier ministre Matata Ponyo présente le programme de son gouvernement à l’Assemblée nationale. Il s’engage entre autres à élever la RD-Congo «au rang de pays à revenu moyen». Financier, Matata sait donc de quoi il parle. A en croire les experts, le terme de pays à revenu intermédiaire renvoie à la typologie de classement des pays par la Banque mondiale en fonction de leur revenu national brut -RNB- par habitant. Les tranches de classification opérationnelle de ces pays sont révisées chaque année par la Banque mondiale le 1^er juillet, précise-t-on. «Ainsi en 2013, les pays à revenus intermédiaires sont classés en deux catégories. D’une part, les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure: ceux dont le RNB par habitant se situe entre USD 1.036 et USD 4.085. Et, d’autre part, les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure: entre USD 4.086 et USD 12.615», explique un spécialiste. L’engagement de Matata d’élever la RD-Congo au rang de pays à revenu moyen relevait de la gageure. C’était un chemin titanesque à parcourir au regard de l’écart entre Kinshasa et les pays qui passent pour les modèles dans le domaine en Afrique: le Botswana, l’Ile Maurice et l’Afrique du Sud, offrant tous des atouts et des opportunités de développement.   La place de la honte! A une année du terme de la mandature, Matata n’est pas parvenu à tenir son engagement. Son plan et son modèle de développement ont lamentablement échoué. Actuellement, le pays est classé en dernière position, d’après les statistiques mondiales révélées à la faveur d’une conférence au Texas par l’économiste RD-congolais Noël Tshiani, haut fonctionnaire à la Banque mondiale. «Avec un PIB par habitant situé à USD 394 en 2015, la RD-Congo est le pays le plus pauvre du monde avec 88% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté», affirme Tshiani. Selon ces statistiques confirmées par le FMI, le PIB par habitant a bien doublé entre 2005 et 2012 mais 82% des RD-Congolais vivent encore sous le seuil de pauvreté absolue avec USD 1,25 par jour contre USD 13,15 par jour pour un Brazza-Congolais dont le RNB annuel se situe à USD 4.800. Sans nul doute, le panier de la ménagère à la sauce croissance positive et maitrise du cadre macroéconomique a du mal à se remplir. On comprend pourquoi les RD-Congolais se rendent en masse chez le voisin congolais, même de nuit, par fleuve, au péril de leur vie. Avec USD 1,25 par jour, les ménagères RD-congolaises sont contraintes de se contenter des morceaux des poulets surgelés, des tranches d’oignon ou de boîte de tomate le jour où elles ambitionnent de goûter à un semblant de bonne sauce. Un échec cuisant. Plus près de nous, la République du Congo et l’Angola sont les seuls pays à revenus intermédiaires de la tranche supérieure. Ils ont respectivement le PIB de USD 4.800 et USD 6300 par habitant. Mais avec son PIB par habitant de USD 394, la RD-Congo est loin de prétendre rivaliser avec le Rwanda et l’Ouganda, avec un PIB de USD 1.500 par habitant chacun ou le Cameroun USD 2.400 par habitant. Le Burundi USD 600, le Zimbabwe USD 600, la Somalie 600, la RCA USD 700 et le Niger USD 800, tous brûlent la politesse à la RD-Congo, reléguée à la 228^ème et dernière place. La place de la honte. Ces évidences prouvent que Matata a échoué dans son ambition à faire de la RD-Congo un pays à revenu intermédiaire avant l’actuelle législature en 2016. Elles doivent tempérer le rapport-bilan du Premier ministre présenté début octobre à la faveur d’un déjeuner de presse quand Matata a noté et fait noter «les progrès réalisés» en 15 ans en RD-Congo, reconnaissant tout de même que les Objectifs du millénaire n’étaient pas atteints. Alors que la croissance tant vantée passe pour du vent, l’on ne voit pas par quel miracle il pourra remonter la pente même si Kabila décide de prolonger son bail jusque novembre 2016.   AKM