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Le plan Kabila affole un présidentiable

Le Président de la République a mitonné un plan stratégique de développement de la RD-Congo que son Dircab, Néhémie Mwilanya, s’est chargé de rendre public et d’en donner les grandes lignes lundi au Palais de la Nation. Depuis que la presse a entrepris de relayer, Noël Tshiani, haut fonctionnaire de la Banque Mondiale pressenti candidat à la prochaine présidentielle, est inconsolable. Il dit attirer l’attention du public sur l’existence d’un plan qui ressemble «drôlement» à son plan Marshall de 15 ans pour la RD-Congo. Mais le haut fonctionnaire peine à prouver comment son plan contenu, selon ses propres dires, dans un livre encore sous presse a pu atterrir à la Présidence de la République pour être copié
La Présidence de la République a présenté lundi 22 février le Plan stratégique national de développement de la RD-Congo. Ce projet élaboré par des experts RD-congolais avec le concours des Sud-Coréens dont le pays présente, à quelques exceptions près, des similitudes de parcours avec l’ex-Zaïre, publié à quelques mois de l’expiration du deuxième mandat de Kabila, au pouvoir depuis 2001, a l’ambition de faire de la RD-Congo un pays à revenu intermédiaire à l’horizon 2035 avec un PIB annuel de 2000 dollars. La nouvelle de son existence a eu l’effet d’un coup de massue au siège de la Banque Mondiale, où Noël Tshiani, haut fonctionnaire international pressenti candidat à la prochaine présidentielle, crie au plagiat de son plan Marshall pour la RD-Congo. Sans base connue au pays, alors qu’il ne donne pas le moindre signe de création ou de début d’implantation d’un parti ou d’un regroupement politique, Tshiani parait avoir fait de son fameux plan Marshall, dont les différentes présentations annoncées par Jeune Afrique, la Libre Belgique ou AfricaNews n’ont rien voir avec le contenu du Plan stratégique de développement de Kabila sinon quelques similitudes inhérentes l’universalité de la science et personne ne devant réinventer la roue, un instrument de polémique au point de le pousser à bloquer sur des réseaux sociaux tout correspondant déterminé de lui en demander davantage d’éclairage ou ne partageant pas ses avis.
Dans un échange avec AfricaNews mardi, Tshiani, inspiré et monté par un journal belge dont il ne dévoile pas le nom, se demande pourquoi Kabila au pouvoir depuis 15 ans ne présente un plan que 9 mois avant son départ légal. Il affirme que le Pouvoir s’est organisé pour lui coller des flics afin de filmer la présentation de son plan à Bruxelles, à Liège et au Texas. Des accusations arrogantes à relativiser à trois titres.
D’abord, parce que, selon les explications du Dircab, d’une part, Kabila a essentiellement consacré ses mandats à la refondation de l’Etat et aux urgences dont les différentes guerres d’agression et, d’autre part, «à tout moment de l’Histoire, un instrument de planification est nécessaire pour le développement du pays».
Ensuite, pour ce qui est du plan stratégique lui-même, sa simple évocation par la presse ou les grandes lignes qu’elle en expose à la suite de sa présentation par le Dircab de Kabila ne suffisent pas pour réunir les preuves de copiage ou de ressemblance au plan Marshall du fonctionnaire de la Banque mondiale.
Enfin, parce que Tshiani ne sait pas dire par quel miracle son plan Marshall, contenu dans un livre encore sous presse en Europe, à en croire ses propos déclarations dans un précédent entretien à AfricaNews, a pu atterrir à la Présidence de la République. Si le présidentiable de la BM, terriblement dérangé au point de dénier aux autres la faculté de réfléchir ou d’innover en faveur du pays, affirme que cela ressemble à son plan, c’est à lui d’en apporter les preuves irréfutables.
 
Plan stratégique de développement: Kabila sort la RD-Congo de la navigation à vue
Fini la navigation à vue! Si, jusque lundi, le développement de la RD-Congo passait par le règlement des urgences à travers des programmes gouvernementaux successifs, aujourd’hui, le pays de Lumumba peut se réjouir de disposer, désormais, d’un plan stratégique pour son développement. Initiative du Chef de l’Etat qui en avait eu l’inspiration lors d’un sommet bilatéral entre la RD-Congo et la Corée du Sud en 2010, ce document stratégique présenté lundi 22 février à la presse par le Directeur de Cabinet du Chef de l’Etat, Néhémie Mwilanya, a été réalisé au cours de l’année 2011 par des experts RD-congolais de tous les secteurs avec le concours en conseil d’autres experts sud-coréens.
Voulu comme un cadre de référence pour l’élaboration des politiques ou programmes gouvernementaux dans tous les domaines, ce document est aussi un outil de planification pluriannuelle du développement du pays qui en dispose pour la première fois depuis son accession à l’indépendance.
Avec ce plan, en effet, la RD-Congo est désormais capable de concevoir son propre modèle de développement suivant ses besoins pour ainsi sortir de l’éternelle dépendance de l’occident.
«Avec ce plan, a dit le Dircab Néhémie Mwilanya, l’action gouvernementale ne devra plus répondre uniquement à l’appel des urgences ou de la stabilité politique et économique, mais elle devra s’inscrire (…) dans le cadre du plan stratégique pluriannuel de développement du pays. Un plan qui sert de cadre prospectif d’orientation des politiques de développement sectorielles qui matérialisent et concrétisent la vision du Président de la République, non seulement sur le Congo d’aujourd’hui, mais aussi sur celui de l’an 2030 et voire même du centenaire de son indépendance».
 
Un document destiné à durer dans le temps
Ce plan stratégique pour le développement comporte trois parties, à savoir: les politiques et stratégies du développement de la RD-Congo; les actions à entreprendre et la conclusion.
La première partie définit la vision et l’objectif du développement, à savoir: «faire de la RD-Congo un pays à revenu intermédiaire à travers l’augmentation du revenu national à 2.000 dollars par habitant d’ici 2035». Elle traite également de l’augmentation du «gâteau économique» sur base de trois piliers économiques considérés comme moteurs de la croissance nationale. Il s’agit de l’industrialisation des secteurs de base, du développement du vaste terrain agricole et de l’amélioration de la productivité du secteur minier et industriel y relatif.
Pour ce qui est des actions à entreprendre, elles concernent, entre autres, la création des zones économiques industrielles et franches pouvant booster la création d’emplois et la substitution des importations; la promotion des fermes familiales ainsi que leur mécanisation, et le soutien des investissements directs étrangers pour développer les exportations; le renforcement de la gestion budgétaire par la réforme de la TVA, entre autres, la baisse du taux d’imposition sur les sociétés et la simplification du cadre juridique fiscal; l’adoption d’une stratégie de développement focalisées sur les pôles urbains et les grandes infrastructures comme les voies de communication.
Dans sa conclusion, le document formule une série de recommandations portant sur le leadership de vision, la consolidation des fondements de la stabilité politique, la formulation d’un régime de l’administration de développement et des principaux acteurs du développement, la vérification de l’avancement sur les terrains concernés par les politiques et l’établissement d’un système de feedback ; la définition d’un modèle de rôle de développement national et, enfin, l’investissement répondant aux critères de compétitivité à l’ère de la mondialisation, sans oublier l’engagement au désengagement. Pour ce qui est du cas particulier du leadership de vision, le document souligne que son rôle demeure crucial pour la réalisation de tout plan de développement. En RD-Congo, en effet, ce leadership est très important du fait que l’identité nationale n’est pas encore fortement ancrée et la citoyenneté responsable laisse encore à désirer. Dans sa conception et son articulation, le document présenté par Mwilanya est loin de ressembler au plan Marshall de Tshiani, hormis les points de similitude inhérents à l’universalité de la science.
A la question de savoir pourquoi ce document est produit seulement aujourd’hui, dans une période aussi suspecte politiquement, le Dircab du Chef de l’Etat a fait savoir, avant tout, que «le plan stratégique de développement ne répond pas aux contingences politiques de l’heure qui sont liées aux élections. Il se veut comme un document destiné à durer dans le temps et qui peut servir de référence pour l’élaboration des projets de société, par exemple». S’il est produit aujourd’hui, 15 années après la prise du pouvoir par Joseph Kabila, c’est parce que le pays avait besoin d’une ré-fondation en tant qu’Etat et d’une stabilité après des années de guerre.
Il n’y a, donc, pas lieu de parler d’un opportunisme politique ni de confondre ce document avec un programme du Gouvernement dont la nature est de répondre aux urgences ou aux besoins immédiats dans un temps bien limité.
AKM

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