Henry Mova Sakanyi, le Secrétaire général du PPRD, et Vital Kamerhe, l’ex-SG du parti passé à l’Opposition, ont poursuivi le week-end leur duel à distance, en intervenant, chacun, sur un terrain particulier mais, tous, en perspective des manifestations de rue envisagées dans les prochains jours
A quelques mois de la présidentielle, alors que plusieurs personnalités internationales appellent au dialogue et quand Etienne Tshisekedi réitère sa participation, Henry Mova Sakanyi adopte de plus en plus et chaque jour la posture de meneurs d’hommes, prêt à défier l’Opposition dans la rue. Réponse du berger à la bergère, le Front citoyen 2016, auréolé par le ralliement de Moise Katumbi et sa sortie officielle à Kinshasa, durcit le ton face au Président Joseph Kabila et à sa majorité.
Pour ou contre le dialogue, favorable ou opposé à la tenue des élections présidentielle et législatives nationales fin 2016, chaque camp pense pouvoir se faire entendre dans la rue et mène, pour ce faire, une campagne agressive.
C’est suffisamment rare pour être souligné. Le Secrétaire général du PPRD, la première force politique du pays et de la Majorité présidentielle, Henry Mova Sakanyi, et ses adjoints ont déjà investi la rue. Ils y sont très réguliers depuis un certain temps. Ils y descendent tantôt pour soutenir le dialogue, tantôt dans le cadre des activités de leur parti.
Le week-end dernier, Mova et ses troupes étaient dans la commune de Bandalungwa pour échanger les vœux avec la base locale. Cette présence régulière dans la rue est perçue par certains comme une sorte de répétition générale avant le rendez-vous pris avec le Front citoyen 2016. Le contrôle de la rue est devenu la mère des batailles.
Et à Bandalungwa, Mova a renforcé cette conviction en ces termes: «Ceux qui veulent prendre la rue, nous les attendons. Nous leur préparons un comité d’accueil. Nous y sommes déjà», a déclaré le SG du PPRD dans un reportage repris sur les antennes de la télévision publique. C’est un Mova de saison, très offensif, dont le message s’adresse directement au Front citoyen 2016.
Cette légion formée par une frange de l’Opposition et des organisations du mouvement citoyen et de la Société civile, désormais renforcée par le ralliement de Moise Katumbi et dont la signature de charte a eu lieu le même week-end sous la conduite de Vital Kamerhe, l’un des devanciers de Mova passé à l’Opposition, envisage, elle aussi, de faire sérieusement appel à la rue.
Objectif: manifester contre la tenue du dialogue, la révision de la Constitution ainsi que le prolongement du bail de Kabila, et revendiquer l’organisation des élections présidentielle et législatives dans les délais constitutionnels. Le Front citoyen ne pourra pas compter avec l’appui de l’UDPS officiellement opposée à l’engagement pris à son nom par Félix Tshisekedi et Samy Badibanga. Même la signature de l’ancien secrétaire général Jacquemain Shabani apposée samedi au bas de la charte créant le Front citoyen n’a rien changé à la position du parti tshisekediste.
Mais le Front parait déterminé à rééditer l’exploit de janvier 2015 quand certains de ses piliers avaient réussi à mobiliser la rue sans l’apport du parti d’Etienne Tshisekedi.
Dans ce duel à distance, le Front a nommé son coordonnateur, Floribert Anzuluni du mouvement citoyen Filimbi, et son porte-parole, Jean-Claude Katende de l’ASADHO.
Il a aussi confirmé les manifestations projetées entre janvier en cours et février. Les dates arrêtées: le 19 janvier 2016 avec l’organisation des actions en commémoration des martyrs de la liberté et de la démocratie; le 31 janvier 2016 avec l’organisation des actions communes avec les RD-Congolais de la diaspora pour faire respecter cette délai, date butoir, selon le Front, pour l’élaboration d’un calendrier électoral consensuel; le 10 février 2016, annoncée comme la date marquant la ligne rouge pour le démarrage de la mise à jour du fichier électoral et le 16 février avec la participation du Front à la marche pacifique des chrétiens, en réponse à l’appel de la Conférence nationale épiscopale du Congo -CENCO.
Et dans un tweet évocateur, Vital Kamerhe, compte, lui aussi, sur la rue: «Front citoyen 2016. Notre armée: le peuple et notre arme pour l’alternance démocratique en 2016». Tiens, tiens. Chaque camp veut étaler sa force dans la rue et par la rue. Chaque camp revendique le contrôle de la rue. Pourvu que ça ne dégénère pas.
AKM
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