Il y a cru et il y est arrivé: de la farine de maïs produite dans le Haut-Katanga, par le Haut-Katanga, à partir des graines remboursées au gouvernement provincial par les fermiers bénéficiaires des intrants et vendue à un prix social afin de développer la sécurité alimentaire. Le gouverneur Jacques Kyabula Katwe ne cache plus sa satisfaction quant au déroulement de ses deux précédentes campagnes agricoles destinées «à créer les conditions de produire et consommer local».
Un satisfecit marqué particulièrement par le résultat direct de l’opérationnalisation de la filière maïs, soit 70.000 tonnes en 2020, 75.000 tonnes attendues en 2021 en plus de 250.000 tonnes en provenance des fermes, la vente effective dans les grands centres de consommation des premiers sacs de farine estampillés Haut-Katanga, la stabilisation pour la première fois depuis plusieurs années du prix à 17.000 francs congolais le sac de 25 kg, soit 8,5 dollars, et la constitution des réserves de deux mois. À Lubumbashi, cette denrée alimentaire stockée à la minoterie Go Congo s’achète dans 14 points de vente.
Les autres grands centres s’arriment au projet. À Shituru, à Likasi, le bourgmestre a acquis des tracteurs pour les grands champs et construit un grand grenier au niveau du village Nguya. Le terriroire de Mitwaba s’est procuré un grand camion pour acheminer ses produits champêtres vers les centres de grande consommation à travers la province. À Sakania, le minier Frontier sponsorise une coopérative agricole et une minoterie, et ça marche. Agglomérations à vocation agricole, Kapolowe sur la route de Likasi, Mokambo sur la route de Kasumbalesa, Lukangaba, Majimu ou Lonshi s’activent à leur tour et plantent le maïs. Toutes seront bientôt reliées par des routes en vue de faciliter l’évacuation. Fort de ces performances, Jacques Kyabula a décidé de passer à la vitesse supérieure en 2022.
Il a l’ambition de mécaniser la troisième campagne agricole de son gouvernement étendue à 15.000 hectares contre 11.000 hectares en 2021 et 13.000 hectares en 2020. Il a arrêté deux stratégies dans le but de concrétiser la rupture de la dépendance du Haut-Katanga de la Zambie dans ce domaine. Premièrement, l’intensification de la collaboration avec les fermiers déjà impliqués dans le projet en cours, qui seront rejoints par des creuseurs artisanaux désormais d’accord pour rallier la campagne agricole en échange des crédits-maison et investir dans l’agrobusiness pour renforcer l’autosuffisance alimentaire et espérer promouvoir l’exportation des produits locaux.
Deuxièmement, l’amorce de la mécanisation du système agricole mis en place avec pour corolaire la disponibilité de lignes de financement pour l’acquisition progressive d’un grand nombre d’engins. Le gouvernement provincial a prévu d’acquérir quelques tracteurs et unités motorisés au profit de fermiers.
Avec les creuseurs artisanaux, c’est tout un chantier. L’idée c’est de pouvoir moderniser les villages en même temps que l’agriculture se développe et la production s’intensifie. Objectif final: dépeupler les mines artisanales en amenant les acteurs vers la production agricole motorisée. La question de la mécanisation de l’agriculture a été au cœur des échanges, mercredi 6 octobre à la Primature, entre le Premier ministre Sama Lukonde, le gouverneur et les chefs traditionnels du Haut-Katanga.
Kyabula entend également mettre l’accent sur la nécessité de faciliter davantage l’accès des producteurs locaux aux marchés pour le développement de la culture du consommer local, gage de la compétitivité de la production locale. À l’en croire, d’autres programmes de plus grande envergure devraient suivre pour faire de l’agriculture un véritable moteur de la croissance économique.
De l’avis du gouverneur, le secteur agricole devrait devenir, dans les prochaines années, un des leviers de la reprise économique et du développement du Haut-Katanga et de tout le pays. Les bonnes récoltes prévues durant les prochaines campagnes devraient contribuer à stimuler l’économie restée pendant longtemps trop dépendante de l’activité minière.
Natine K.