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RDC : Sele Yalaghuli fustige la reprise vertigineuse de l’endettement

Sele Yalaghuli donne de la voix. Quoique partagé entre les recherches, ses charges horaires à l’Université de Johannesburg et l’Université de Pretoria en Afrique du Sud ainsi que des conférences en Afrique de l’Est, l’ancien ministre des Finances suit de près l’évolution des finances publiques en République Démocratique du Congo. Dans une récente sortie, il tance la reprise vertigineuse de l’endettement public, se basant sur les statistiques de la Direction générale de la dette publique -DGDP-, selon lesquelles la dette publique a augmenté de 294% en 2 ans, et faisant part de ses craintes pour le surpoids que le pays est en train de léguer aux générations futures.

L’ancien argentier national explique que toute dette publique est «à payer sur plusieurs années». Ainsi, selon lui, l’emprunt «constitue une ponction sur la richesse future». Entre 2020 et 2022, la dette publique de la RD-Congo est passée de 3,6 milliards à 9,8 milliards. Une augmentation «injustifiée et injustifiable», selon Sele Yalaghuli qui rappelle que les dix années ayant suivi l’effacement de la dette dans le cadre de l’initiative Pays pauvres très endettés -PPTE- ont été marquées par une évolution de la dette publique de seulement 1,1 milliard de dollars. Pour Sele, cette «reprise vertigineuse de l’endettement» ne cadre pas avec les critères de viabilité, de soutenabilité et de l’opportunité d’endettement du pays. «Le pays s’endette maintenant et laisse la charge de rembourser aux génération futures», regrette-t-il, non sans alerter sur le risque d’un lourd fardeau pour financer la consommation ou des projets hasardeux qui «constitue un surpoids pour les générations futures».

Plus grave, fait-il remarquer, les projets pour lesquels sont sollicités les emprunts ne font pas l’objet d’examen en termes de viabilité, de rentabilité pour garantir l’auto-amortissement. «Aussi, les dettes contractées ne sont pas soumises à l’approbation préalable du gouvernement, grave, moins encore du parlement», dit-il, alors que tout projet d’endettement, assorti des conditions vérifiées, devrait être «soumis à l’approbation du gouvernement et au vote par les deux chambres du parlement», puis promulgué par ordonnance du Président de la République.

«En 2010, la République démocratique du Congo avait un stock des dettes extérieure et intérieure estimé à 13 milliards de dollars et au terme du programme dédié au pays pauvres très endettes -PPTE-, soutenu par les Fonds monétaire international -FMI-, le pays avait bénéficié de l’effacement de 80 % soit environ 10,4 milliards de dollars américains et il restait de 2,6 milliards de dollars», contextualise-t-il. Après avoir effacé la dette de la RD-Congo, poursuit Sele, le pays a été conseillé, comme d’autres pays bénéficiaires, de «réduire l’endettement en vue de le rendre compatible avec -son- niveau du PIB». Pour y arriver, des programmes de renforcement des capacités ont été menés au profit de l’Office de gestion de la dette publique -OGEDEP-, reformé en Direction générale de la dette publique -DGDP-, avec un rôle de centralisateur et d’émetteur d’avis préalable à tout endettement renforcé. Quatorze ans après, le rôle centralisateur la DGDP et sa mission de vérification préalable à tout endettement ont été effrités, de l’avis de Sele.

Dette publique, un fait normal

Toutefois, Sele précise que la dette publique est un fait normal pour les États et constitue une des composantes importantes des ressources inscrites au budget national pour pallier le déficit des ressources propres. «Vu comme tel, aucun problème ne se pose, car tous les pays du monde recourent à l’emprunt pour pallier l’insuffisance momentanée des ressources propres du gouvernement à une période précise. Notons que l’un des pays le plus endetté au monde est les États-Unis d’Amérique, dont le stock actuel de la dette se situe à 32,8 trillions de dollars américains en 2023, suivant les statistiques de Statista», révèle Sele Yalaghuli.

En RD-Congo, le manque de viabilité et de centralisation de la dette publique dans une documentation fiable ont occasionné le double-paiement.

DL

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