Mercredi 21 août. Le ministre des Hydrocarbures Sakombi Molendo arrive à Kolwezi, chef-lieu de la province du Lualaba, pour lancer le Programme de marquage moléculaire des produits pétroliers -PMMPP-, après Lubumbashi la veille. Il sillonne les installations de quelques entreprises pétrolières, sociétés minières et de la cimenterie chinoise Carrilu, principale fournisseuse des minings dont Kamoa, pour expliquer le bien fondé de cette réforme gouvernementale initiée avec le double concours de Mamo SA et de la firme américaine Authentix.
Partout où le ministre passe, tous les acteurs adhèrent et promettent de soutenir l’initiative du gouvernement central destinée à combattre la contrebande et le commerce illicite des carburants en vue de maximiser les recettes mobilisées via ce secteur stratégique.
À l’issue d’une séance de travail avec les responsables de Sicomines, également acquis à cette noble cause et dont les entrepôts de stockage sont inspectés sans observation inquiétante, Sakombi Molendo saute à bord du véhicule à destination du Cabinet de Madame le gouverneur du Lualaba, Fifi Masuka. Sur sa route, il a le flair d’arrêter son cortège, non loin du Rond-point de l’Indépendance, dans une station-service appartenant à un opérateur pétrolier de renom pour un contrôle. Les équipes de Mamo SA dans sa suite sortent leurs dispositifs. Ils prélèvent à la pompe les échantillons de gasoil et d’essence avant de les soumettre aux analyses. Surprise: l’essence commercialisée n’est pas marquée. Le camion-citerne qui l’a fait entrer sur le territoire national a dû échapper au poste de marquage.
«Nous sommes approvisionnés en gasoil par Sep Congo ou Petroleum. Mais l’essence vient de Lubumbashi à travers un autre fournisseur», avoue le gérant, se réservant cependant de citer le nom de ce fournisseur pris la main dans le sac. Sakombi Molendo tient là une preuve palpable. Il est en face d’un cas concret de commerce illicite du carburant, qui plus est, par un opérateur ayant pignon sur rue. «Le gouvernement a raison d’imaginer des réponses adaptées à ce phénomène de contrebande organisée qui fait perdre des centaines de millions de dollars par an au Trésor public. Le marquage moléculaire est déjà un début de ces réponses du gouvernement», dit le ministre des Hydrocarbures, laissant deviner qu’il en faut encore davantage pour atteindre les résultats escomptés.
Au lancement du PMMPP la veille à Lubumbashi dans le Haut-Katanga, les délégués de la Division provinciale des Hydrocarbures et de la Fédération des entreprises du Congo -FEC- ont indiqué que près de 130 structures opèrent dans le secteur dans la Zone d’approvisionnement et de consommation Sud, des contrebandiers pour la plupart, prenant tous l’engagement de concourir à la mise en œuvre de cette mesure d’assainissement.
Présent à cet échange riche en informations, le gouverneur du Haut-Katanga, Jacques Kyabula, a aussi promis le soutien de son administration pour la réussite du PMMPP. Kyabula a salué ce programme qui «permet à l’autorité de tutelle, le ministère des Hydrocarbures, de certifier les produits pétroliers qui sont vendus; à l’Etat de s’assurer de la conformité à la réglementation des opérateurs qui œuvrent dans la distribution et la vente de carburant et de sécuriser les consommateurs et les vendeurs sur les produits de qualité en établissant un climat de confiance entre le consommateur, le vendeur et le régulateur de marché».
Comme son collègue du Haut-Katanga, la gouverneure du Lualaba, Fifi Masuka, a juré mercredi peu après la réunion avec le ministre pour l’accompagnement de sa province en vue de garantir le succès du PMMPP via l’intensification de la sensibilisation des opérateurs.
«Nous allons continuer donc la sensibilisation qui a commencé aujourd’hui de sorte qu’au moment du contrôle, les opérateurs du secteur ne disent pas qu’ils n’étaient pas avisés. Ils doivent respecter cette exigence du gouvernement. Nous allons poursuivre la sensibilisation non seulement dans la ville de Kolwezi mais à travers toute la province», a dit Madame le gouverneur du Lualaba.
Lancé mardi et mercredi dans la Zone Sud, couvrant les provinces minières du Haut-Katanga, Lualaba et Tanganyika, où les minings consomment à eux seuls 80% des carburants y distribués, le PMMPP vise à assainir le secteur pétrolier pour accroître les recettes fiscales et parafiscales. Son instrument de contrôle s’appelle la Brigade des hydrocarbures, opérationnelle à partir du 15 septembre. Le 01 octobre, s’ouvre la campagne de contrôle non répressif. Et le 01 novembre va consacrer le début des opérations de contrôle répressif, assortie de la stricte application du barème des sanctions, entre 5000 et 10000 dollars avec possibilité de retrait du titre, a annoncé Sakombi Molendo, promettant de retourner dans les prochaines semaines au Lualaba et Haut-Katanga pour les premières évaluations et la comparaison des données.
AKM