
Une fois élu Président de la République, le chairman d’Ensemble pour la République prend le pari de «réformer entièrement l’appareil institutionnel, administratif, sécuritaire, économique… à travers des approches nouvelles», tout en mettant fin aux «discours inutiles et aux promesses vaines» afin d’engager la RD-Congo dans «la dynamique de l’action»…
Alternative 2024 pour un Congo uni, démocratique, prospère et solidaire. C’est l’intitulé du programme de gouvernance de Moïse Katumbi Chapwe, candidat à la présidentielle du 20 décembre, dévoilé le lundi 13 novembre dernier à Kinshasa. Empêché pour des «raisons d’Etat», le challenger numéro 3 à la présidentielle s’est fait représenter par Christian Mwando, un de ses fidèles lieutenants, à ce dévoilement organisé en la salle «La perle» de Sainte Anne de Kinshasa.
Aux allures d’un bréviaire, le programme de Katumbi entend «réformer entièrement l’appareil institutionnel, administratif, sécuritaire, économique… à travers des approches nouvelles». «Il faut arrêter avec les discours inutiles et les promesses vaines. Le temps est venu pour que le pays soit engagé dans la dynamique de l’action», cogne-t-il.
Recalé en 2018, Katumbi concocte, pour solliciter le suffrage populaire au scrutin de décembre prochain, une recette «ambitieuse», épicée après avoir constaté de nombreux défis auxquels est confrontée la RD-Congo, malgré ses «opportunités incommensurables». En effet, il dit remarquer, non sans regret, l’inexploitation idoine de ces opportunités par les régimes «qui se sont succédé aux rênes du pays depuis son accession à la souveraineté nationale».
Katumbi déplore, en outre, «des contrastes qui caractérisent -la RD-Congo- que d’aucuns considèrent comme bénie de Dieu». Pour illustrer ces contrastes, il a cité des gros soucis du pays dans le secteur éducatif. Notamment, le manque d’infrastructures scolaires de qualité, la vétusté des curricula, le manque de manuels scolaires et la baisse de la qualité de la formation de façon générale. Ces soucis ne laissent que très peu de chances à la capitalisation du potentiel humain et de la jeunesse.
Rompre avec le passé pour propulser le pays sur le chemin du développement
Sur le plan sanitaire, le candidat n°3 à la présidentielle regrette le niveau très bas de l’espérance de vie à la naissance, en raison de nombreux décès prématurés imputables aux maladies infectieuses endémiques et épidémiques, aux maladies chroniques, à la malnutrition et aux menaces environnementales pressantes pour la santé publique: eau contaminée, assainissement inadéquat, accidents routiers…
«Ces menaces à la santé publique sont aggravées par un système de santé inefficace et des ressources limitées et mal réparties. Dans ce pays riche en eau, seulement 52% de la population a accès à des points d’eau améliorés(…) L’accès aux points d’eau améliorés a progressé d’à peine 3% depuis les premières élections démocratiques qui ont eu lieu en 2006», fustige Katumbi.
Ainsi, se propose-t-il d’apporter «la stabilité politique, la sécurité sur l’ensemble du territoire, le capital humain de qualité, une économie forte et diversifiée et créatrice d’emplois, la participation de toutes les intelligences RD-congolaises, les partenariats forts et utiles aux niveaux régional, africain et international, sans oublier une définition claire des enjeux de son développement».
Derrière ce chapelet d’ambitions, l’ancien gouverneur de l’ex-Katanga entend finalement «propulser la RD-Congo sur le chemin du développement durable à la mesure de ses potentialités et, par la même occasion, améliorer sensiblement les conditions de vie de ses populations». Ce rêve passe, selon lui, par une «rupture avec le passé» avec un agenda articulé autour de quatre séries de transformations majeures: institutionnelles, structurelle de l’économie, sociales et durables. Ces transformations sont également les «piliers» de son programme pour une «gestion responsable» des ressources du pays. «Nous ambitionnons de faire plus, de faire mieux, de faire plus vite et “ensemble” dans notre quête d’amélioration des conditions de vie des RD-Congolaises et des RD-Congolais», lit-on dans le programme du candidat Katumbi.
Un accent sur le social
A travers ces transformations, le chairman, principal adversaire du président sortant, veut «ramener la stabilité et la sécurité en mettant fin à la guerre dans l’Est du pays». Dans un autre registre, celui qui a réussi monts et merveilles à la tête du TP Mazembe se donne le devoir de transformer l’économie, à travers trois actions phares: la création des emplois, le soutien aux petites entreprises et la réduction du coût de la vie.
Sur le plan du social et des services, Katumbi aspire à l’amélioration des services publics pour tous mais aussi à un meilleur accès à l’éducation et aux soins de santé. «Il s’agira aussi de restaurer la crédibilité du Parlement et du Palais de la Nation en combattant de manière objective la corruption et le gaspillage des ressources disponibles», garantit-il, non sans appeler à «une rupture avec une politique dominée par ceux qui sont déconnectés des aspirations et des besoins de la majorité des citoyens RD-congolais, notamment les jeunes et les femmes, sachant que la plupart de nos compatriotes ont moins de 25 ans».
Apporter un nouveau souffle
Tous ces rêves d’un Congo selon lui, Katumbi veut les réaliser à travers un gouvernement efficace et représentatif, véritablement à l’écoute de la population pour ainsi mettre fin au «chaos politique actuel, produit du replâtrage des méthodes de gestion qui avaient mis le pays à genoux».

Pour se donner les moyens de sa vision, Katumbi espère mobiliser 141,5 milliards d’USD sur cinq ans dont plus de 80% au titre des revenus internes, soit 113,9 milliards, soutenus, entre autres, par la transformation structurelle de l’économie nationale. Son programme de gouvernance prévoit également, pour sa réussite effective, un dispositif de pilotage et de suivi et évaluation. Sur ce total, 94,4 milliards d’USD vont constituer les dépenses courantes et 47,1 milliards d’USD devraient être alloués à l’investissement public. «Le budget de l’État passera de 20,04 milliards d’USD en 2024 à 37,7 milliards d’USD en 2028, avec une moyenne annuelle de 28,3 milliards d’USD», promet-il
Pour tenir parole, le candidat Ensemble pour la République entend maintenir et stabiliser la forte croissance du produit intérieur brut -PIB- réel autour de 10% par an en moyenne, en s’appuyant essentiellement sur le secteur primaire -mines et agriculture: 42%-, secondaire -infrastructures et énergie: 32%- et les services: 24%.
La défense, les besoins sociaux, la jeunesse… aucun secteur de la vie nationale laissé-pour-compte
Une fois élu Président de la République, Katumbi pense également réduire les importations des produits alimentaires, notamment en augmentant la production intérieure par le renforcement du sous-secteur de l’agroalimentaire.
Dans son programme de gouvernance, le Chairman d’Ensemble pour la République a ramassé l’essentiel de la vie nationale. Il propose notamment la restructuration de l’organisation des Forces armées de la RD-Congo en vue, explique-t-il, de simplifier la chaîne de commandement. «Nous allons prioriser les conflits devenus endémiques dans l’Est du pays avec pour principal objectif d’anéantir toutes les forces négatives en vue de rétablir la paix dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu», assure-t-il, tout en évoquant l’augmentation des troupes ou encore la négociation des accords de cessez-le-feu avec les groupes favorables à la paix, la redynamisation de la diplomatie régionale et la lutte contre la désinformation et diffusion des messages de haine.
A la Police, Katumbi Président, les capacités seront renforcées «par un recyclage régulier» et une «dotation en équipements modernes et adéquats». Une Agence nationale de renseignements -ANR- sous la tutelle du gouvernement, c’est l’autre ambition du candidat n°3. Objectif: arrêter les poursuites politiques et restreindre ses actions uniquement aux infractions contre la sûreté intérieure ou extérieure de l’État.
Retour au scrutin présidentiel à 2 tours
Sur un autre registre, Katumbi jure sur une Commission électorale nationale indépendante plus libérée de l’influence du Président de la République, en s’appuyant davantage sur la Société civile. Pour restaurer la crédibilité du processus électoral et renforcer la légitimité du Président de la République, Katumbi s’engage également à «restaurer le scrutin majoritaire à deux tours pour l’élection présidentielle et l’insérer dans le bloc des dispositions verrouillées par l’article 220 de la Constitution».
Bref, il s’affiche déterminé à apporter «un nouveau souffle à travers de profondes réformes dans toutes les institutions, afin de booster tous les secteurs de la vie nationale». Ceci, après avoir constaté la gestion du pays, caractérisée par «des approches archaïques, en déphasage avec l’évolution du monde».

Plusieurs autres mécanismes vont également être mis en place, pour un total de 291 actions, afin de permettre au candidat Katumbi d’atteindre son quadruple objectif à la tête de la RD-Congo: «Rebâtir progressivement un État RD-congolais fort, fiable et stable et restaurer son autorité ainsi que sa crédibilité à l’intérieur comme à l’extérieur du pays», «Assurer une croissance économique robuste, inclusive et résiliente en s’appuyant sur les activités à forte croissance, tenant compte des aspects de durabilité», «Assurer la fourniture et l’accès aux services sociaux de base à toutes les couches de la population congolaise avec pour principe de base de ne laisser personne pour compte pour une population heureuse, épanouie et productive» et «Promouvoir une économie verte en conciliant le développement économique et social avec la protection de l’environnement et la gestion durable des ressources naturelles».